Actualités :: Le Président Gérard Kango entre "naam"et génotype politique
Gérard Kango Ouédraogo

Ces dernières années, il faut le reconnaître, la télévision nationale du Burkina a innové par un certain nombre d’émissions captivantes. Parmi ces émissions il y a entre autres « Santé Mag », « Une école en or », « Actu hebdo »... Cette dernière émission est présentée les dimanches dans l’après-midi (20 h 45 mn) par Pascal Yemboini Thiombiano.

L’animateur reçoit généralement un invité et avec lui, ils échangent sur sa vie et ce dernier commente en même temps l’actualité. En cette émission qui, en apparence est simple, des vérités et des contre vérités se disent, voilant et dévoilant parfois les ambitions des uns et des autres pour leur chère patrie.

Le dimanche 11 décembre dernier (la date ne passe pas inaperçue pour les burkinabè) l’émission « Actu hebdo » animée par Pascal Yemboini Thiombiano avait comme invité son excellence le Président Gérard Kango Ouédraogo. Une éminente personnalité pour une historique date pourrait-on dire.

En effet, l’illustre hôte n’a pas fait dans le hors sujet, loin s’en faut, il a fait dans le sujet. Peut-être même trop fait. Il y avait des « envolées » mais on ne peut pas demander à un si illustre acteur de l’histoire politique de notre pays de parler d’un passé dans lequel il était sous les feux de la rampe sans qu’il n’en parle avec passion. Le duc du Yatenga, comme on l’appelle affectueusement, a apporté des explications claires sur le sens de la commémoration du 11 décembre, sur la différence à apporter entre elle et la fête du 05 août.

Selon l’hôte de marque de la Radio Télévision du Burkina cette dernière date est en réalité la commémoration de la proclamation de l’indépendance de la Haute-Volta, à l’époque par le Président Maurice Yaméogo. Dans les territoires d’Afrique française, ces proclamations étaient l’affaire des pères des « nations » africaines. Le 11 décembre c’est la proclamation de la république autonome, membre de la communauté franco-africaine. Ce fut à l’époque une affaire des parlementaires voltaïques.

Rien qu’en cette levée de quiproquo, à bien des égards, pour le devoir de mémoire et pour ces milliers de jeunes burkinabè actuellement en quête de repères et en déphasage avec leur propre histoire, on se doit de rendre un grand hommage au Président Kango Ouédraogo. Cependant, l’homme, l’homme politique et l’histoire de la période se confondent tellement que l’on est bien obligé de se demander si l’homme est le produit de l’histoire ou si l’histoire dont il a été un des artisans est son produit.

Une mission

Celui qui a torturé les méninges des infographes de la RTB tant était délicat le choix de son titre, a parfois convolé dans ses propos en juste noces avec son moi. Avant la mort de Daniel Ouezzin Coulibaly, celui-ci lui aurait confié la mission d’unir les fils de la Haute Volta. Unir « la première richesse que la Haute-Volta a, c’est-à-dire ses hommes ». De retour de l’hôpital St Antoine de Paris où il reçut ces dernières paroles du mourant (Ouezzin Coulibaly mourra trois jours après s’être libéré le cœur de ce fardeau), celui que Ouezzin qualifie comme une personne qui « n’est pas une création de l’administration » va réunir selon ses dires effectivement les ténors du landernau politique de l’époque. C’est ce processus qui engagera marche vers l’indépendance.(Pour éclaircir davantage l’histoire de cette période et des animateurs de la scène politique, nous vous invitons à relire l’article ci-dessous publié dans le Bendré n°26).
Aujourd’hui, le Président Kango Ouédraogo a pris une retraite semi-politique. Mais la passation du flambeau -terme qu’il rejette vivement- ou l’assurance de la continuité n’a pas été si facile.

L’expression des gènes

En effet, à la question du journaliste Pascal Thiombiano de savoir l’accusation à lui portée par certains observateurs de la scène politique d’avoir choisi son fils pour le succéder, il répond que pour la relève, il a d’abord pensé à la famille de Ouezzin Coulibaly. Mais ceux-ci n’ont pas proposé de « candidat à la succession ». Le duc du Yatenga se serait alors retourné vers « le fils de Maurice Yaméogo qui a lutté pour le RDA ». Aux dires du duc du Yatenga, le mariage de "l’éléphant" (le RDA) et de "l’éléphanteau" (l’ADF) n’a pas donné les fruits escomptés. Il se serait donc retourné vers ses fils, qui lui auraient aussi dit que « la politique est le domaine où on n’a pas besoin de microscope pour connaître les défauts des gens ».

Finalement, un de ses fils Gilbert, s’est engagé. Pourquoi particulièrement Gilbert Ouédraogo alors qu’il a plusieurs fils demande le journaliste, « Il fallait que je trouve ... », répond le duc du Yatenga. En « commentaire composé », le verbe conjugué à l’imparfait « fallait » implique « le devoir » pour le duc de désigner un « candidat à sa succession ». Dans ce cas ci, il a cherché quelqu’un qui posséderait le même gène que les pionniers du RDA, Ouezzin Coulibaly, Maurice Yaméogo, Philippe Bèbzinda Kaboré, lui...
C’est peut être une digression, mais le Duc du Yatenga a une conception très particulière de la succession au sein des partis politiques. C’est à croire que les modes de gouvernance actuels sont dépassés et que seule la succession « par déterminisme biologique » est a plus légitime et crédible. On aurait bien envie de demander au Président Kango Ouédraogo de qui lui-même détiendrait-il ses qualités de politiciens ?

Doit-on croire que ceux qui dans leur arbre généalogique n’ont pas un parent qui à fait de la politique sont condamné à ne pas avoir d’ambitions politiques ? On pourrait étendre la question à d’autres domaines professionnelles et on en serait que plus ahuri.
Bref, l’un dans l’autre, cette conception du Président Kango Ouédraogo nous éclair au moins davantage sur les positions actuelles de l’ADF/RDA telles la scission d’avec l’Alliance pour la démocratie fédérale (ADF) de Hermann Yaméogo, « le fils de l’autre » et le soutien à la candidature du Président Blaise Compaoré ... Cela doit être toujours dans l’optique de l’accomplissement de la promesse faite à Ouezzin Coulibaly pendant qu’il était mourant à l’hôpital St Antoine de Paris. La dernière volonté d’un mort en Afrique est sacrée.

Par Roger Sawadogo
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