Actualités :: Collectif : Vaine recherche d’une seconde jeunesse

C’est par une déclaration et une conférence de presse que le Collectif des organisations démocratiques de masses et des partis politiques que dirige Halidou OUEDRAOGO a annoncé les couleurs. Comme chaque année depuis 7 ans, il entend prouvé son existence en se rappelant au souvenir des uns et des autres mais aussi et surtout de celui des « bailleurs de fonds » qui ont fini de comprendre que « la lutte contre l’impunité » de certains parangons de vertus n’est ni plus ni moins qu’un commerce honteux, pour ne pas dire crapuleux.

D’ailleurs n’est-ce pas l’autre qui était du groupe qui a dit que c’est devenu « un champ de cacao » pour eux ? En tout cas, les soubresauts actuels de ce Collectif suscitent moult interrogations.

En réalité pour beaucoup, le Collectif dont la virulence s’est éteinte du fait de conditions objectives qui militaient à cela n’est plus que l’ombre de lui-même, même si ses géniteurs refusent de dire la messe de requiem. C’est pour cela qu’il faut à Halidou OUEDRAOGO et son Etat-major expliquer la situation qui se vit pour espérer convaincre et remobiliser la base pour la relance des activités. Ainsi, au cours de la conférence de presse tenue à cet effet, le patron du Collectif fera comprendre que deux raisons qu’il juge essentielles militent à émousser les efforts dans leur lutte « il y a le contexte socio-économique difficile marqué par la misère des populations... ce qui peut jouer sur la mobilisation », et il y a que « les manifestations nécessitent des moyens (NDLR : financiers) ».

Et l’homme de conclure en cela sur un ton dubitatif : « Si nous les obtenons comptez sur nous pour renouer avec celles-ci ». Pour des justifications, c’est vraiment tiré par les cheveux et il va falloir aux responsables du Collectif, repasser. Ces lieux communs, on les connaît depuis... Même si les moyens étaient au départ à la mesure de l’ambition, le contexte socioéconomique était-il fondamentalement différent ? Et pourtant, les choses semblaient bien marcher.

Les raisons objectives pour la baisse de régime voire la mort du Collectif

En réalité le problème est plus profond que les explications superficielles et les fuites en avant de Halidou OUEDRAOGO. Le déclin du collectif puise sa source d’abord dans la composition de l’organisation mais aussi du fait que les « financiers » de l’ombre ont finalement compris qu’il n’y a pas de sincérité dans la lutte. Il faut dire que la seconde raison citée, qui du reste est le pendant de celle, financière avancée par Halidou OUEDRAOGO, semble la plus déterminante dans la situation inconfortable du Collectif.

Beaucoup de militants sincères de la lutte contre l’impunité et pour la promotion des droits de l’homme ne se sont-ils pas sentis abusés lorsqu’ils lisent à travers les comportements de leurs meneurs une volonté manifeste d’exploiter des deuils pour se faire une place honorable au soleil ? Le « champ de cacao » (dixit Tibo NANA) a en tout cas été très productif pour certains responsables du collectif qui ont pu s’embourgeoiser au grand dam de leurs compagnons « prolétaires » qui attendent toujours de l’Etat (quoiqu’il soit le monstre à abattre) qu’il fasse leur fortune.

Aujourd’hui, il suffit seulement de regarder le train de vie de certains responsables du collectif pour s’en convaincre. La lutte contre l’impunité et la promotion des droits de l’homme sont des domaines qui « marchent », ils sont pour certains des business très lucratifs. Tout dossier entrant dans ces domaines est vite pris en compte et financé. Mais, l’expérience aidant, les bailleurs commencent à comprendre et deviennent de plus en plus réticents, d’où cet aveu : « les manifestations nécessitent des moyens » qui ne suivent plus. Au collectif, l’argent ne rentre donc plus comme avant. Pouvait-il en être autrement quand les clauses du « contrat » entre partenaires ne sont pas honnêtement respectées ? Quand de nobles causes sont prostituées pour des intérêts bassement personnels ?

Les compagnons prolétaires et tous ces opprimés qui luttaient sincèrement ne sont pas tous, dupes, ils ne boivent pas l’eau par les narines ; voilà pourquoi la saignée dans les rangs. Si la cagnotte ne profite qu’à la « nomenklatura » du Collectif avec tous les effets induits de la lutte, ne vaudrait-il pas mieux que chacun reparte s’occuper de son jardin que l’herbe sauvage envahit ? Le raisonnement n’est qu’aussi simple. L’objet donc de la lutte dévoyé, les militants désabusés, les choses ne pouvaient plus être roses pour le Collectif : financements très insuffisants pour couvrir les besoins aussi nombreux que diversifiés, découragement général dans les rangs.

Quant à la première raison sus citée, elle montre que dès le départ, le collectif avait semé les graines de son autodestruction. Ce regroupement d’entités aux objets et aux méthodes de travail différents s’imposant un même objectif pouvait-il être longtemps viable ? La réponse, les responsables du Collectif la savaient mais, très optimistes, ont pensé que « leur chose » serait vite dans le sac avant que le temps ait raison de la cohésion du moment.

Beaucoup sont les observateurs qui ont mal perçu ce rassemblement hétéroclite où on retrouve même des organisations rivales aux humeurs des premiers dirigeants inconciliables. Partis politiques et organisations de la société civile dans un même panier, c’est comme si vous mettez des chats et des souris dans une même cage.

Dans un contexte où les « rouges » du PCRV dictent leur loi et imposent leur suprématie aux autres, il ne peut y avoir que « lutte de libération ». La leçon, on ne l’apprendra à personne. Déjà en 2002, les fissures ont commencé à se faire voir. En effet, pendant que certains prônaient le boycott des législatives, d’autres ne l’entendaient pas de cette oreille, d’où leur participation au grand dam du manitou Halidou qui pour l’occasion n’a pas souhaité « bonne chance à ces partis ».

Pourtant un simple mot d’ordre aurait suffi pour attirer à « ces partis » des milliers de voix potentielles qui auraient pu changer plus sensiblement la physionomie de l’hémicycle. En tout cas le constat a été que le Collectif n’a pas été utile pour les acteurs politiques qui s’y sont engouffrés quand il s’est agi de la lutte pour laquelle ils ont, eux, leur raison d’être dans l’arène politique.

Des soubresauts pour sauver la face ou une véritable « réfondation » ?

Le Collectif, on le sait, n’a pas véritablement œuvré au profit des partis politiques qui sont membres (conflits de personnes ou divergences fondamentales ?). On est donc surpris qu’il s’attribue la paternité des réformes politiques et institutionnelles ; on croit rêver, puisqu’aucun de ses membres n’a participé au processus. Le collectif a même travaillé contre ces réformes.

N’est-ce pas ce qui a condamné certains responsables à ne pouvoir valablement et de façon crédible participer au débat qui avait cours avant la présidentielle de novembre dernier ? Leur situation a quelque peu ressemblé à celle de l’arroseur arrosé. En ayant choisi de torpiller un processus qui a abouti malgré tout, on se voit en train de subir ses résolutions qu’on n’épouse pas et qu’on a pourtant eu la possibilité de faire concevoir en sa faveur. Qu’on ne se trompe pas.

Les déclarations communes signées et publiées dans la presse et le semblant d’entente qui se dégage pendant les conférences de presse cachent mal la division qui règne au sein du collectif. En effet, c’est un constat, Halidou OUEDRAOGO et Me SANKARA par exemple ne sont plus sur la même longueur d’onde. D’ailleurs au cours d’une émission télé, le manitou a déclaré qu’il ne connaît pas « Alternance 2005 », mais le G14. Une déclaration qui veut tout dire et qui devrait faire réfléchir plus d’un membre de ce regroupement.

Le temps faisant son œuvre, les partis politiques ont finalement compris que leur salut est loin du collectif mais sur le terrain politique à travers des activités et surtout la participation aux scrutins électorales. Me SANKARA et autres ne diront pas le contraire. Pour avoir compris ainsi la donne, il n’est jamais trop tard pour bien faire, ils sont en train de récolter des dividendes politiques de leur démarcation des directives de Halidou OUEDRAOGO.

A coup sûr, après le 13 décembre, les partis politiques vont reprendre leurs activités politiques amputant au Collectif ses membres les plus valides. Les partis politiques ont compris, les militants sincères des premières heures ont compris, les bailleurs de fonds ont également compris. Les desseins qui s’abritent derrière la lutte contre l’impunité et la promotion des droits de l’homme sont démasqués et personne ne veut plus se laisser duper.

Par Ben Alex Béogo
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