Actualités :: Burkina Faso : La réconciliation pour remédier à l’échec de la gouvernance

L’ « Appel de Manéga », en collaboration avec le comité des résidents de la cité universitaire du quartier Patte-d’oie, a organisé un panel à l’endroit des étudiants sous le thème : « La réconciliation comme solution aux échecs de la gouvernance politique : cas de la crise de société, de la cassure sociale et du misérabilisme de la jeunesse ». C’était le samedi 4 juin 2022 au sein de ladite cité.

Les gouvernants du Burkina Faso ont échoué à tous les niveaux. C’est du moins la conviction d’un des membres initiateur de l’Appel de Manéga, Lookmann Sawadogo. Il en veut pour preuve les dossiers en souffrance en justice, près de 5 000, les disparités criardes entre les régions. A cela s’ajoute la crise sécuritaire avec son corolaire de près de deux millions de déplacés internes. Comme solution à ces échecs de gouvernance, la réconciliation semble être la seule porte de sortie pour M. Sawadogo. Car elle nous permettra de « recoller » les morceaux et de repartir sur de nouvelles bases. « Le Rwanda et l’Afrique du Sud ont réussi, pourquoi pas le pays des hommes intègres ? », s’interroge-t-il.

En déportant le débat vers les jeunes, c’est-à-dire, les étudiants, il est question de leur faire comprendre la notion de réconciliation pour susciter leur implication véritable. Car on n’a pas d’avenir dans un pays qui n’a en pas, disait Norbert Zongo. Face aux étudiants pour mener le débat, la "Yennenga de l’éducation", Yéli Kam, Aziz Drabo de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), Tahirou Barry du Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR) et le Dr Ignace Sangaré de l’UFR-LAC.

Pour Tahirou Barry, réconciliation oui, vérité et justice d’abord

Vérité-Justice-Réconciliation

Oui pour la réconciliation. Mais elle doit être fondée sur le triptyque : vérité-justice-réconciliation, a analysé le président du MCR, Tahirou Barry. Pour lui, on ne peut pas ruser avec la justice car même si on échappe à la justice de l’homme, on ne pourra échapper à celle de Dieu. Les dérives de gestions des régimes de Maurice Yaméogo, à Saye Zerbo en passant par Jean Baptiste Ouédraogo, Thomas Sankara, Blaise Compaoré, et Roch Kaboré ont tous été décryptées par l’homme politique. Si le Burkina Faso a connu une succession de programmes mal achevés ou brutalement stoppés, il a une chance de se rattraper à travers la réconciliation. Sans elle, le pays va toujours se trouver dans une série de programmes inachevés. Il termine avec une note d’espoir. « Je voudrais insister qu’il y a pas à désespérer. On ne doit pas sombrer dans le pessimisme. Il faut que chacun de vous s’engage. C’est à ce prix que nous pouvons aller vers le progrès », exhorte-t-il.

La jeunesse a son mot à dire dans le processus de la réconciliation, selon Aziz Dabo

La pluie nous bat et nous, nous nous battons

Même si notre démocratie est en pleine maturité, Aziz Drabo de la NAFA reconnaît que les politiciens au Burkina Faso ont du mal à se retrouver au nom de l’intérêt supérieur de la nation. « Certains ont même tendance à dire que la crise sécuritaire que nous vivons, la stigmatisation ethnique sont du fait de la crise politique. Tout cela crée un problème de méfiance d’où la fracture sociale », décrit-il. Alors que, poursuit-il, sur certaines questions qui touchent à la souveraineté de la nation, comme c’est le cas actuellement avec la situation sécuritaire et humanitaire, on ne devrait plus parler de clans, de partis politiques, etc. « La pluie nous bat, malheureusement on est en train de se battre », déplore-t-il. Du reste, M. Dabo invite la jeunesse à mieux se cultiver pour aborder les questions d’actualité avec discernement et lucidité.

Les déchirures sont de divers ordres, a indiqué Yéli Kam

De la morale et de la bonne gouvernance

De la déchirure, il en existe au Burkina Faso, darde Monique Yéli Kam. Ces déchirures sont économiques, administratives, le déficit d’éducation, l’incivisme et l’insécurité, etc. Pour y remédier, Mme Kam propose deux solutions : « Il faut changer notre comportement, notre morale. Et enfin changer de gouvernance », cite-t-elle. Pour ce qui concerne la morale, elle invite ses concitoyens à plus de responsabilité, à cultiver la droiture. Au niveau de la gouvernance, elle précise qu’il y a tellement à dire qu’elle recommande la réconciliation. Car tout un chacun de nous a droit à la paix. Tout un chacun doit en même temps s’engager à servir ses concitoyens pour éviter ou limiter les déchirures que nous constatons dans notre société.

Le moment ou jamais

La société burkinabè est en crise, dira Dr Ignace Sangaré. Par conséquent, des solutions doivent être trouvées parce que nous sommes condamnés à se mettre ensemble si nous voulons vivre. Pour le Dr Sangaré, l’heure de l’action a sonné, car la situation est si déplorable que la jeunesse a tendance à prendre pour modèle celui qui a volé et qui a « réussi ». Par contre, celui qui reste intègre, qui ne se contente que du fruit de son travail, est vu comme celui qui a échoué. « La question de l’identité, c’est de savoir qui est vraiment Burkinabè aujourd’hui. Le Burkina Faso semble le pays de l’homme intègre que des hommes intègres », regrette-il.

La question de l’identité du Burkinabè est à redéfinir, a lancé Dr Sangaré

« Je remercie Lookmann Sawadogo pour l’initiative depuis l’Appel de Manéga. Il est en train de nous interpeller qu’il est l’heure. C’est maintenant ou jamais », fait-il savoir. La réconciliation est un processus impératif pour le Burkina Faso. « Je dirais même c’est se réconcilier ou périr », enfonce-t-il. Cette réconciliation devra se faire cependant à tous les niveaux, conclut-il.

Obissa Juste MIEN
Lefaso.net

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