Après le passage des avocats de la défense, l’occasion a été donnée à l’agent judiciaire de l’État de s’exprimer, en sa qualité de civilement responsable. Cette responsabilité implique le fait que l’État soit celui qui assume les condamnations pécuniaires. Les ayants droit de trois des douze victimes des évènements du 15 octobre 1987, ont cité l’État à comparaître devant le tribunal, parce que les actes posés l’ont été du fait de ses employés et donc engage sa responsabilité.
Pour l’agent judiciaire de l’État( AJE), cette démarche des victimes est tout à fait légitime car les accusés sont des employés de l’État, qui en plus jouit d’une solvabilité. Cependant, ce recours n’est pas légal selon l’AJE, car les actes commis par les accusés n’entraient pas dans le cadre de leurs fonctions et relevaient de leur responsabilité personnelle. En plus, ajoute-t-il, les accusés sont solvables au cas où ils seraient reconnus coupables.
Et pour démontrer cette solvabilité, l’AJE évoque les biens immobiliers possédés par des accusés comme Blaise Compaoré. Il fait également cas d’un compte bien garni de Gilbert Diendéré dans une banque de la place, compte dans lequel son salaire a été viré pendant 17 ans sans qu’il n’y touche et qui lui a valu en récompense une voiture neuve de la part de la banque. Au regard donc de cela, l’AJE a plaidé afin que l’État soit mis hors de cause et que la démarche des victimes soit purement et simplement rejetée.
Aux affirmations de l’AJE concernant sa solvabilité, la réaction de Gilbert Diendéré ne s’est pas fait entendre. Dès sa prise de parole pour son dernier mot, il a laissé entendre qu’il portait plainte contre l’AJE pour diffamation et que ses conseils allaient se charger de la procédure. Gilbert Diendéré exige que l’AJE présente la banque, le numéro de compte ainsi que le véhicule qu’il aurait reçu en cadeau pour avoir laissé dormir son salaire pendant 17 ans.
Armelle Ouédraogo
Lefaso.net
