ActualitésDOSSIERS :: Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Me Abdoul Latif Dabo plaide (...)

Pour son deuxième passage, Me Abdoul Latif Dabo a plaidé pour que soit écartée la complicité d’assassinat, l’une des quatre infractions retenues contre son client, le général Gilbert Diendéré. « Vous n’êtes pas juge des rumeurs, mais des faits. La politique aux politiciens, le droit à la justice », a déclaré l’avocat au président de la Chambre de jugement.

« Le général Gilbert Diendéré serait-il coupable parce qu’il s’appelle Gilbert Diendéré ? A-t-il supervisé l’assaut du commando qui a ôté la vie au président du Faso et à douze de ses compagnons ? Était-il au courant du coup ? » A toutes ces questions, Me Dabo a répondu par la négative. A l’en croire, les pièces du dossier montrent que toute la procédure a été montée pour réclamer la tête de son client.

« La partie civile et le parquet n’ont pas pu montrer qu’il est coupable, ils ont essayé de vous persuader et non de vous convaincre. Au lieu de vous apporter des preuves, l’on a égrené d’autres affaires tendant à vous le présenter comme un homme sorti tout droit de l’enfer. Quand on juge un homme, on juge ses actes et non son histoire », a indiqué Me Dabo. Par ses propos, il entendait rappeler à la partie civile que le général Diendéré, contrairement à ce qui a été avancé, n’est pas accusé dans les dossiers Dabo Boukary, Norbert Zongo et celui de l’insurrection populaire. « Il y est cité en tant que témoin », insiste-t-il.

Au cours des débats, l’on se souvient que le parquet avait reproché à Gilbert Diendéré de n’avoir pas mis aux arrêts les membres du commando qui ont tué le président du Faso. Pour la partie poursuivante, l’abstention du chef militaire, alors responsable de la sécurité du conseil de l’entente (lieu du drame, NDLR), est un signe de sa complicité dans cet assassinat. Me Abdoul Latif Dabo ne l’entend pas de cette oreille. Comment son client aurait-il pu prendre des sanctions contre des hommes qui ne répondent pas directement de lui et contre lesquels le commandant en chef des forces armées populaires, Boukari Lingani, n’a pas prononcé des sanctions ?

Dans la même lancée, Maitre Dabo a fait le parallèle avec le coup d’État du 16 septembre 2015 mené par l’ex-régiment de sécurité présidentielle. Lors du verdict, le commandant Abdoul Aziz Korogo, chef de corps du RSP, a été condamné à cinq ans de prison assortis du sursis. « Comme Gilbert Diendéré, Abdoul Aziz Korogo a renforcé les positions du RSP, il a obéi aux ordres de sa hiérarchie et n’a pas pris des sanctions contre les éléments qui ont fait le coup d’État. Pourquoi a-t-il été acquitté alors qu’on veut que le général Diendéré fasse 20 ans en prison ? », s’interroge Me Abdoul Latif Dabo.

Parlant de compte rendu à la hiérarchie, le général Diendéré avait déclaré qu’après le forfait du commando, il avait appelé le commandant Boukari Lingani pour lui rendre compte ? Trois raisons expliquaient sa décision, selon son avocat. Tout d’abord, parce que le commandant Lingani était le patron du haut commandement de l’armée. Ensuite, parce qu’en tant que chef de la division informations, il devait rendre compte à ce dernier. Enfin, puisque les éléments du commando étaient tous de la sécurité de Blaise Compaoré, il ne pouvait informer ce dernier. Il a donc préféré rendre compte de ce qu’il avait vu au commandant Lingani.

S’adressant au général Diendéré, Me Abdoul Latif Dabo dira ceci : « J’ai cru au début de ce procès que vous direz que vous n’avez été qu’un exécutant. Vous avez refusé le rôle taillé à hauteur de votre taille, que dis-je, de votre grade ? Ils pensent que vous êtes coupable certainement à cause de votre longévité auprès de Blaise Compaoré. Je craignais que vous comparaissiez en accusé résigné ».

À la fin de sa plaidoirie, l’avocat a rappelé aux membres de la Chambre de jugement qu’ils ne sont pas des juges de rumeurs mais des faits. Il leur a également dit que les événements du 24 janvier 2022 (Coup d’État du MPSR, NDLR) leur offrent l’opportunité de s’affranchir si, d’aventure, le politique leur avait demandé de condamner son client. « C’est à vous de juger maintenant. Vous avez le droit, vous connaissez les faits. Jugez-le et acquittez-le », a-t-il conclu.

HFB
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