ActualitésDOSSIERS :: Procès Thomas Sankara : Gilbert Dienderé a participé au complot qui a abouti (...)

Au cours de sa plaidoirie, Me Prosper Farama, avocat de la partie civile, s’est évertué à démontrer l’implication de Gilbert Diendéré, accusé de complicité d’assassinat et d’attentat à la sûreté de l’état.

De la complicité d’assassinat

Me Prosper Farama, sur la base des témoignages et indices, soutient que Gilbert Diendéré a pris la résolution d’organiser la troupe pour l’exécution du coup d’état qui s’est soldé par la mort de Thomas Sankara et de ses compagnons. Il prend en exemple l’ordre donné à Abderrahmane Zétiyenga de ne laisser personne accéder au conseil après le passage du cortège du président Sankara, ce qui est interprété par l’avocat comme une sécurisation de l’opération. Celui-ci cite aussi la suspension de la ligne téléphonique de l’ETIR, qui pouvait intervenir rapidement au conseil en cas d’attaque, ainsi que l’arrêt du ravitaillement en munitions de la sécurité de Thomas Sankara plusieurs mois avant le drame du 15 octobre. En plus d’avoir instruit certaines actions, Me Farama ajoute que Gilbert Diendéré avait le pouvoir d’empêcher l’assassinat du père de la révolution en sa qualité d’homme de sécurité mais il n’a rien fait. Un acte qualifié de complicité par inaction ou abstention, puisque Gilbert Diendéré aurait volontairement laissé commettre le crime parce que impliqué dans le coup.

Même dans le témoignage de l’accusé, Me Farama relève des éléments qui corroborent la constitution de l’infraction. Pour lui, le témoin s’acharne à prouver qu’il n’était pas au conseil au moment des faits, parce que si sa présence est confirmée il aurait du mal à expliquer son inaction et la sérénité qu’il a gardée malgré les coups de feu. Et pour ce qui est de sa présence au terrain de sport, l’avocat trouve curieux qu’aucun témoin après toutes ces années ne se souvienne l’y avoir vu. De plus, pourquoi n’avoir pas utilisé son talkie-walkie pour appeler afin de comprendre ce qui se passait après les premiers coups de feu, mais avoir préféré aller voir de ses propres yeux alors qu’il n’était pas armé, s’interroge Me Farama. "Drôle de courage", ironise l’avocat qui fait en même temps remarquer que c’est parce qu’il savait qu’il ne courait aucun danger puisque étant dans le coup. Pour lui, l’infraction de complicité d’assassinat est bel et bien constituée.

De l’attentat à la sûreté de l’état

L’accusé Gilbert Diendéré a posé des actes qui démontrent à souhait, qu’il faisait partie du complot pour renverser le régime de Thomas Sankara par la violence. C’est la conviction de Me Prosper Farama qui en égrène quelques uns. Réouverture de la ligne téléphonique de l’ETIR après le coup, demande de boucler toutes les sorties de la ville pour sécuriser l’après opération, envoi des troupes à Koudougou pour étouffer une rébellion, assassinat de Vincent Sigué et Michel Koama par des éléments du CNEC, arrestation de plusieurs personnes, sont autant d’actes posés par Gilbert Diendéré pour consolider le putsch, a en croire le conseil des parties civiles. " On ne peut pas avoir décidé d’arrêter ou d’assassiner le président et vouloir convaincre le tribunal qu’on n’est pas auteur du complot. Il y a contre Gilbert Diendéré, des éléments suffisants", déclare Me Farama.

L’avocat cite aussi en exemple d’éléments à charge, le témoignage de Étienne Traoré, membre de l’UCB. Celui-ci avait laissé entendre que Blaise Compaoré lui avait rapporté, que entre temps Gilbert Diendéré avait levé la main et ses éléments ont pensé qu’il fallait attaquer. Et l’avocat de se convaincre que la main levée était un code ou un signe, ce qui suppose qu’il y a eu entente entre Gilbert Diendéré et ses éléments.

Il n’existe donc aucun doute selon Me Farama, que Gilbert Diendéré a participé au complot qui a abouti au coup d’Etat du 15 octobre 1987, qualifié de coup d’état le plus indiscret car tout le monde savait ce qui se tramait.

Armelle Ouédraogo/Yaméogo
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