ActualitésDOSSIERS :: Procès « Thomas Sankara et douze autres » : L’accusé Bossobè Traoré est-il dans (...)

L’étau semble se resserrer autour de l’accusé Bossobè Traoré qui avait déclaré être de la sécurité rapprochée de Thomas Sankara. Ce lundi 6 décembre 2021, deux témoins ont battu en brèche ses déclarations. Il s’agit du sergent-chef Laurent Ilboudo et du sergent Drissa Sow. Le premier était le chef de la sécurité du président Sankara et le second, son adjoint.

Accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’État et de complicité d’assassinat, Bossobè Traoré s’est toujours présenté comme membre de la sécurité rapprochée du président Thomas Sankara. Lors de son audition le 2 novembre dernier, il avait tracé l’itinéraire du chef de l’État, du palais au conseil de l’Entente en passant par la présidence.

Bossobè Traoré a déclaré avoir relevé dans la matinée du 15 octobre 1987, le groupe de soldats qui a passé la nuit au palais où le capitaine Thomas Sankara accordait des audiences. C’est de là que l’escorte composée du véhicule du chef de l’État et d’un véhicule de la garde aurait fait mouvement vers la présidence. Mais faute de place et en l’absence du troisième véhicule parti en ville pour des courses, Bossobè Traoré affirme avoir fait le chemin à pied avec le soldat Tuina Alphonse.

C’est de la présidence que tous les éléments de la garde rapprochée se sont rendus au conseil de l’Entente en compagnie de Thomas Sankara. Bossobè Traoré dit avoir embarqué dans le véhicule conduit par le soldat Abdoulaye Gouem. Au conseil, l’accusé dit avoir reçu également des instructions de Drissa Sow lui demandant de placer des éléments autour du bâtiment où se tenait la réunion à laquelle participaient le président et ses compagnons.

Ces déclarations qui semblaient tenir la route ont été balayées en partie d’un revers de main par Laurent Ilboudo et Drissa Sow. Les deux soutiendront que Bossobè ne faisaient pas partie de la garde du président Sankara comme il le prétend. Selon le chef de la sécurité, en plus de son adjoint, le groupe de sécurité était composé de trois chauffeurs et des soldats Oualilahi Ouédraogo, Noufou Ouédraogo, Claude Zidwemba et Alphonse Tuina. Mieux, les deux témoins diront à la barre que les véhicules qui ont fait mouvement du palais à la présidence étaient au nombre de trois et non deux. « Il n’y a pas eu de courses en ville. Personne n’est sorti. Tous les véhicules étaient là », a déclaré Drissa Sow.

A propos des instructions qu’il aurait données à Bossobè Traoré, le numéro 2 de la sécurité de Thomas Sankara est catégorique « On ne place pas les gens. Depuis 1983, chacun connait sa place dans le dispositif de sécurité. »

Les avocats de la partie civile ont fait remarquer une autre contradiction dans les propos de Bossobè Traoré. C’est la présence supposée du nommé Paténéma Soré dans la garde rapprochée de Thomas Sankara et qui a été abattu lors des événements du 15 octobre 1987. Pour les témoins, ce dernier ne faisait nullement pas partie de la garde du président. Sûr de ses déclarations, l’accusé sera par la suite hésitant. « Comme ça fait longtemps… J’ai entendu qu’il y a un membre de l’escorte qui est mort, je pensais que c’était le même Paténéma Soré que je connaissais. J’ai raté »

Mais qu’est-ce qui explique l’inaction de la sécurité rapprochée du président Sankara au cours des événements du 15 octobre 1987 ? À cette question de la défense, les témoins brandiront la carte de l’effet de surprise. « On ne s’attendait pas à ça. C’est la même maison. Les soldats ne sont pas venus d’ailleurs », a déclaré Drissa Sow.

Pour le conseil de Bossobè Traoré, Me Maria Kanyili, les deux chefs militaires (Laurent Ilboudo et Drissa Sow) se sont concertés pour mettre la faute sur leur subalterne Bossobè. « Ce sont eux qui ont livré le président au regard de leur inaction, leur non-résistance, leur passivité. Laurent Ilboudo a déclaré devant le juge d’instruction avoir vu Bossobè Traoré au conseil de l’Entente. Et ce soir, il dit autre chose. Pour moi leur témoignage n’est pas du tout sincère ».

À sa suite, Me Aouba Zaliatou dira ne pas comprendre l’absence de riposte de la part de la garde de Thomas Sankara. « On nous dit que c’est l’effet de surprise. On n’informe pas avant de faire une attaque de ce genre. Toute sécurité rapprochée doit être prête à tout moment à être attaquée. Aucun des assaillants n’a été blessé. Personne n’a été inquiété. On reproche à nos clients d’avoir continué à servir le pouvoir de l’époque. Les mêmes éléments de la sécurité de Thomas Sankara ont aussi continué à servir. Et il n’y a rien eu. »

L’audience a été suspendue. Elle reprendra mardi 7 décembre 2021 à 9h à la salle des banquets de Ouaga 2000 avec le témoignage de Claude Zidwemba.

Lefaso.net

Dossier Thomas Sankara et autres : Le volet international
Procès Thomas Sankara : Les accusés condamnés à payer 1 (...)
Procès Sankara et compagnons : Quand les réclamations « (...)
Intérêts civils dans le procès Thomas Sankara : L’État (...)
Intérêts civils dans le procès Thomas Sankara : La famille (...)
Procès Thomas Sankara : Sept personnes condamnées font (...)
Procès Sankara et douze de ses compagnons : L’audience (...)
Procès Thomas Sankara : « Au Burkina, quand on parle de (...)
Verdict du procès « Thomas Sankara » : Pour le CDP, le (...)
Procès Thomas Sankara et douze autres : Justice enfin (...)
Procès Thomas Sankara et douze autres : Ablassé Ouédraogo (...)
Procès Thomas Sankara et douze autres : Une victoire (...)
Procès Thomas Sankara : Les Burkinabè partagés sur la (...)
Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Blaise (...)
Burkina Faso : Une procession à la mémoire de Thomas (...)
Procès « Thomas Sankara » et douze autres : Le verdict (...)
« Je suis un des acteurs du coup d’Etat du 4 août 1983 », (...)
Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Rendez-vous le (...)
Procès Thomas Sankara et douze autres : Gilbert Diendéré (...)
Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Jugez le (...)
Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Golf parle des (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 294


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés