« Je n’avais aucune information qui me permettait de penser qu’il y aurait un coup de force le 15 octobre 1987 », a déclaré Ismaël Diallo, témoin au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons.
Proche de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré, Ismaël Diallo a indiqué qu’il était en contact régulièrement avec les deux hommes. D’ailleurs, dans la matinée du 16 octobre 1987, il avoue avoir été reçu par Blaise Compaoré dans son bureau. Mais au préalable, il dit avoir posé deux questions au nouveau maître du pays.
Ismaël : As-tu dit de tuer Thomas Sankara ?
Blaise : Non. Je voulais le faire arrêter samedi et le forcer à démissionner
(Je lui ai dit que samedi c’est demain et que Thomas est mort jeudi)
Ismaël : Est-ce que la révolution continue ?
Blaise : Elle continue bien sûr.
Alors qu’il était avec Blaise Compaoré, le commandant Boukari Lingani entre dans le bureau. Pour la partie civile, il n’y a nulle part les traces d’échanges avec Blaise après que ce dernier a répondu aux questions posées par Ismaël Diallo. « Je peux jurer sur tout ce que vous voulez, mais je vous dis ce qui s’est passé », a déclaré le témoin.
Par la suite, le président du tribunal a accédé à la demande de confrontation du parquet entre Ismaël Diallo et le colonel Jean-Pierre Palm. En effet, le témoin a déclaré à la barre avoir reçu la visite de Jean Pierre Palm, le 16 octobre 1987, avant 9h. Il serait venu à la demande de Blaise Compaoré prendre de ses nouvelles. Pourtant l’accusé Jean Pierre Palm est catégorique « Je ne suis pas parti chez Ismaël le 16 octobre. Je le respecte beaucoup mais je n’ai pas été chez lui. Le 16 octobre, je n’ai vu Blaise qu’une seule fois. Il m’a demandé de me mettre à la disposition du commandant Lingani », s’est défendu l’accusé.
Et le témoin de répliquer : « C’est sa parole contre la mienne. » Il dira par la suite être un bon ami de l’accusé. « Votre amitié, c’est très bien mais ça ne nous arrange pas dans ce dossier. Dites ce que vous savez », ordonne le président du tribunal.
Avant de terminer sa déposition, Ismaël Diallo dira que ce qu’il a dit au tribunal est le résultat de ses observations et non le résultat de révélations de qui que ce soit. « Il pouvait y avoir des bisbilles entre deux personnes. Mais des bisbilles entre notre Thomas et Blaise pouvaient porter un coup à la pérennité de la révolution. A qui le crime a-t-il profité ? Je ne peux pas affirmer que Blaise était le maître d’œuvre de A à Z, mais je peux affirmer qu’il n’était pas étranger à ça. »
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