ActualitésDOSSIERS :: Procès Sankara et compagnons : Blaise Sanou, ex-commandant d’escadron de (...)

A la suite d’Eugène Somda, dont le passage à la barre a été entamé le lundi avant d’être suspendu pour cause de décès, c’est au tour de Blaise Sanou, 38e témoin (sur environ 110), de livrer sa version des faits. Colonel-major à la retraite, le témoin, capitaine et commandant d’escadron de chasse à l’époque des faits, est convaincu que le coup d’État a été bien planifié et bien exécuté.

Blaise Sanou explique qu’en cette soirée de jeudi 15 octobre 1987, il était en réunion au conseil de l’Entente avec le capitaine Zongo et autres, sur des questions d’acquisition d’armements.

Ladite rencontre avait d’ailleurs été prévue pour la matinée du 15 octobre avant d’être ramenée à 15 h par le capitaine Zongo, sans détails sur ce décalage, dit le témoin.

C’est pendant la réunion qu’ils entendront les coups de feu. Il instruit un certain Dianda d’aller voir ce qui se passe. Ce dernier revient lui dire que ce sont les CDR (comités de défense de la révolution) du secteur 4 qui tiraient. N’étant pas convaincu, Blaise Sanou envoie une autre personne qui revient dire que les éléments du conseil ont renversé leur béret, mettant en exergue le noir, en lieu et place du rouge.

Le témoin explique que dès lors, en tant qu’officier, il a entrepris des initiatives, mais les armes au magasin étaient sabotées (sans chargeurs). Pour lui, cet acte est l’un des éléments qui prouvent que le drame n’était pas un incident. Même les armes de la sécurité ont été sabotées (les chargeurs y ont été enlevés), précise-t-il.
L’autre élément à la charge, c’est cette rencontre d’étudiants en août 87 à Pô, au cours de laquelle, des étudiants s’en sont violemment pris à Valère Somé. Il soutient que cet acte était la conséquence des luttes internes.

Aussi, la floraison des tracts était pour lui, un indice que le coup d’État a été préparé car, ayant la conviction que c’est le même groupe qui écrivait les tracts à la charge de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré (mais dans un ton un peu atténué pour le dernier).

Le témoin Blaise Sanou a également révélé que Lamien Watamou (un des responsables de l’Union des Communistes burkinabè et membre du Conseil national de la Révolution) a confié à un des proches que Thomas Sankara n’est pas quelqu’un qu’on peut arrêter et emprisonner. "En français facile, ça veut dire qu’il faut le tuer", commente M. Sanou, se perdant parfois en larmes lors de sa déposition.

Il retient aussi qu’après les évènements, Balise Compaoré a dit qu’il "a perdu un frère", mais que c’était soit son camp soit celui de Sankara.

Un autre élément qui, selon lui, montre que le coup était préparé, se rapporte au fait que Blaise Compaoré n’a jamais caché son avidité du pouvoir, depuis le déclenchement de révolution en août 1983. Une volonté qui va se traduire, poursuit-il, par la liquidation d’Henri Zongo et de Jean-Baptiste Lingani (tous deux leaders sous la révolution, ndlr). Cette envie va se poursuivre par sa volonté de modifier l’article 37 de la Constitution (relatif à la limitation du mandat présidentiel, ndlr), brandit Blaise Sanou.

Le témoin, qui dit avoir été arrêté et emprisonné pendant 21 mois, de novembre 1987 à août 1989, revient sur les valeurs d’amitié de Thomas Sankara. "Sankara était sincère dans l’amitié avec Blaise Compaoré. Mais Blaise Compaoré n’était pas sincère avec Thomas Sankara. (...). Sankara était très faible du côté de Blaise Compaoré. Sinon, comment comprendre que vous savez que quelqu’un cherche à vous tuer et vous le laissez ! ", retient Blaise Sanou.

"Il n’y avait pas quelque chose qui a été aussi bien organisé et bien exécuté", se convainc le commandant d’escadron de chasse (armée de l’air) à l’époque des faits, Blaise Sanou.

O.L.
Lefaso.net

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