Selon Pr Serge Théophile Balima, des dirigeants étrangers ont joué un rôle, soit passif soit actif, dans ce qui s’est passé le 15 octobre 87.
Le témoin est revenu sur quelques éléments qui renforcent sa perception. A cet effet, et sans plus de précisions, M. Balima relève l’explosion de "cet engin" explosif dans la suite que devait occuper Thomas Sankara, à Yamoussoukro (capitale politique ivoirienne).
Il se souvient également de cette rencontre avec des sultans, au cours de laquelle, Thomas Sankara s’est adressé à ses interlocuteurs en ces termes : "Vous êtes tous des musulmans ici, vous devez tous détester les suitana (diables), alors que vous êtes tous entre les mains de suitana, les Américains".
Selon le témoin, ces propos, qui ont ébahi les interlocuteurs et l’ont personnellement inquiété, n’étaient pas perçus comme un problème pour Sankara.
L’autre fait qu’il a soulevé, se rapporte à la visite de Thomas Sankara en France, au cours de laquelle, il a été accueilli par un conseiller. Sankara n’a pas apprécié la démarche, quand bien même, précise le témoin, il a été expliqué que dans la tradition française, à part les visites d’État, les choses se passaient ainsi.
Thomas Sankara a donc boudé le dîner offert par son hôte, et ce, après que les autres présidents (dont Félix Houphouët-Boigny) aient patienté pour l’attendre. Pour Serge Théophile Balima, cette position a dû heurter les autres présidents qui pourraient ne pas comprendre qu’un "cadet" se fasse tant désirer.
L’ancien chargé de communication à la présidence du Faso se rappelle aussi que lors d’une mission, Thomas Sankara a interrompu un tête-à-tête avec Félix Houphouët-Boigny pour sortir les inviter (lui et son binôme) dans la salle où avait lieu l’aparté.
Arrivés sur place, ils constatent une malette avec de l’argent, offert par Félix Houphouët-Boigny. Thomas Sankara qui voulait ainsi les prendre pour témoins leur fit savoir, en langue nationale, qu’il (Félix Houphouët-Boigny) pense ainsi l’avoir, mais qu’il ne pourra pas.
Puis ils sont ressortis de la salle pour les laisser poursuivre leur tête-à-tête.
Selon Serge Théophile Balima, c’est certainement ce duel qui est la base des pics voilés, lorsque Sankara parlait des "vieux crocodiles aux yeux gluants" et Félix Houphouët-Boigny répliquait en disant que "les vieux crocodiles se nourrissent de capitaines".
"Houphouët-Boigny lui a dit : si vous ne changez pas, on va vous changer. Thomas Sankara avait compris cela au sens figuré ; il m’a dit que tu vois, il veut me convertir, mais il ne pourra pas. Je lui ai dit que moi, je comprenais sa déclaration au sens propre ; c’est-à-dire que si vous ne changez pas, il va vous remplacer", relate Serge Théophile Balima.
Selon ce dernier, le fait que Thomas Sankara ravissait, dans les rencontres internationales, la vedette à tous les chefs d’État qui sont ses contemporains et se positionnait toujours aux côtés des peuples, ne plaisait pas non plus à tout le monde.
O.L.
Lefaso.net
