ActualitésDOSSIERS :: Procès Sankara et compagnons : " Je suis un Ghanéen", informe Boukari Kaboré (...)

Après Daouda Traoré, c’est au tour de Boukari Kaboré, dit Le Lion, de passer à la barre, en cet après-midi de mardi 16 novembre 2021, pour sa déposition. A l’époque du drame, le témoin était le commandant du BIA (Bataillon d’intervention aéroporté), basé dans la ville de Koudougou, sise à 100 kilomètres à l’ouest de la capitale.

Barbe et cheveux bien blancs, coiffé d’un bonnet blanc et dans sa tenue traditionnelle Faso Danfani, Boukari Kaboré était beaucoup attendu par nombre d’observateurs, tant son nom rime aussi avec cette époque de la révolution.
Il n’était pas simplement le patron du BIA, une des unités les plus redoutées d’alors, il est aussi celui-là qui fait l’objet de raillerie, indexé d’avoir fui vers le Ghana, abandonnant derrière lui, ses éléments au massacre par les faiseurs du coup d’État.

Sur ce dernier aspect d’ailleurs, un des avocats de la partie civile a voulu savoir ce qui a poussé le commandant du BIA qu’il était, à se retrouver au Ghana. "Vous avez été amené à aller au Ghana, est-ce la seule façon de rester en vie ou c’est parce que vous pensiez que vous n’aviez plus de raison de rester ici après la mort de Thomas Sankara ?", lance un avocat.
"Je suis un Ghanéen. (...). Ghana, ici, c’est pareil, c’est le même pays", informe Le Lion.

Il apprend par la suite que lors d’une rencontre qu’il a conduite à Accra (Ghana) avec Lingani et Diendéré (il précise que Diendéré était derrière, pour signifier qu’il était subalterne), le 12 octobre 1987, auprès du président du Ghana, Jerry Rawlings, il était question de l’unité entre les deux pays (Burkina-Ghana). "L’unité entre le Burkina et le Ghana était entre les mains de Le Lion. Et moi, j’avais dit au PF (président du Faso, Thomas Sankara, ndlr) que l’unité va commencer par l’armée des deux pays", relate l’ex-homme fort du BIA.

Boukari Kaboré est revenu également sur des rencontres qui ont précédé les évènements du 15 octobre 1987. Il s’agit notamment d’une assemblée générale entre les éléments de la garde de la sécurité présidentielle pour détendre l’atmosphère qui y régnait. Cette rencontre s’est tenue le 14 octobre 1987 de 15h à 22h sur initiative de Gilbert Diendéré. Les éléments se sont séparés, les esprits surchauffés, déclare-t-il.

Le lendemain, 15 octobre, la rencontre reprend autour de 9h et c’est au cours de la séance que Diendéré reçoit une note où c’était écrit : "Le capitaine (Sankara) veut faire un coup d’État à la réunion de 20h", relate Le Lion, précisant que le message a été lu à haute voix. Il indique que Diendéré a dit qu’il faut d’abord vérifier l’information, suspendant la rencontre.

Parlant de l’atmosphère, Le Lion a dévoilé qu’il y avait deux plans du coup d’État.
Le plan A consistait à éliminer lui Le Lion, Koama Michel (commandant de l’escadron de transport et d’intervention rapide, ETIR) et Sigué Vincent (chef de sécurité de Thomas Sankara) tandis que le plan B consistait à isoler Thomas Sankara pour l’éliminer. "C’est Thomas Sankara lui-même qui m’a parlé de ces plans. Et il m’a dit : "Toi tu aimes parler tout le temps de mort-là, toi tu vas mourir avant moi (il fait savoir sur cette réaction qu’il a vainement dit à Sankara que Compaoré cherchait à l’éliminer", explique M. Kaboré.

Le témoin affirme que Blaise Compaoré était jaloux de Thomas Sankara. "Il était jaloux, il pensait que si lui il prenait la place de Thomas Sankara, les gens allaient l’applaudir. Or, Thomas-là (Thomas Sankara), c’est son travail qui faisait qu’il était aimé. Il aimait aussi les gens et les gens l’aimaient. Pendant que tout le monde se sacrifie, lui (Blaise Compaoré), il se saoule", confie Le Lion.
Au cours de ce passage, Boukari Kaboré a cité deux noms, comme ayant assisté aux événements du 15 octobre 1987 au conseil de l’Entente. Il s’agit de René Yoda et Rasmané Ouédraogo, son chauffeur.

La partie civile a, sur le champ, demandé au tribunal d’accéder à leur comparution en tant que témoins (requête en examen devant le tribunal). Les avocats des victimes ont aussi demandé une confrontation directe avec Gilbert Diendéré, sur certains points des déclarations du témoin.

C’est sur ce point qu’a été suspendue l’audience. Elle reprendra demain, mercredi, 17 novembre à partir de 9h, toujours avec le témoin Boukari Kaboré, alias Le Lion.

O.L.

Lefaso.net

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