« Si j’avais su qu’à l’intérieur, il allait y avoir ça, j’allais dire au président Sankara de ne pas venir au conseil de l’Entente », a déclaré le général Gilbert Diendéré, lors de son audition qui s’est poursuivie cet après-midi à la salle des banquets de Ouagadougou.
Tôt, en début de matinée, l’accusé a déclaré qu’après avoir entendu les tirs au conseil de l’Entente, il s’y était rendu pour comprendre ce qui se passait. Et c’est là qu’il a vu deux soldats (Nabié N’Soni et Ouédraogo Arzouma dit Otis) arrêtés à une dizaine de mètres de certains corps.
Pourquoi s’était-il rendu au conseil sans une sécurité rapprochée ? En réponse à cette question du parquet, l’accusé a laissé entendre qu’il n’avait pas de garde du corps et qu’il ne se reprochait rien en se rendant au conseil. Il a déclaré qu’il a également reconnu Nabié N’Soni lorsqu’il s’est rapproché. « Et si ça avait été un élément de la garde de sécurité de Thomas Sankara, je me serais également approché », a déclaré le général Diendéré.
Les questions du parquet se sont poursuivies jusqu’à ce que l’accusé soit vraisemblablement agacé par une question de la partie poursuivante lui demandant de raconter ce qu’il savait des événements du 15 octobre 1987. Estimant qu’il s’était déjà largement expliqué sur la question depuis le matin, Gilbert Diendéré a déclaré « Je ne suis pas là pour raconter ma vie, mais pour répondre des chefs d’accusation retenus contre moi. »
Poursuivant son interrogatoire, le parquet a voulu opposer à l’accusé des déclarations de certains coaccusés qui l’ont cité lors de leurs dépositions à la barre. Mais le général Diendéré a souhaité réagir sur ces déclarations après le passage des témoins. « Pour moi, témoins et accusés, c’est la même chose. Je préfère attendre après le passage des témoins pour donner une réponse globale ». Cette réponse ne fera pas reculer la partie poursuivante qui brandit les déclarations de deux accusés.
Le premier accusé, c’est Yamba Élysée Ilboudo qui a déclaré lors de l’instruction et à la chambre de jugement avoir aperçu le général Diendéré arrêté avec des soldats lors de l’arrivée du commando au conseil l’Entente.
Le deuxième accusé, c’est le colonel-major Jean Pierre Palm qui a déclaré que les soldats ont procédé aux arrestations de certaines personnalités avant de les conduire à la gendarmerie pour des auditions. « Pourtant, lors de l’instruction, a fait remarquer le parquet, vous avez dit que c’est la gendarmerie qui procédait aux arrestations ». A cette observation, le général Gilbert Diendéré répond « S’il y a des militaires qui ont arrêté des gens, je ne suis pas au courant. Mais certaines personnes ont été déjà envoyées au conseil depuis la gendarmerie. Je n’ai fait arrêter personne. »
L’audience a été suspendue peu avant 16h. Elle reprendra demain, 10 novembre 2021 à 9h.
Lefaso.net
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