La Présidentielle 2005 est en passe d’être un révélateur exceptionnel de l’engagement des militants dans les différentes formations qui constituent le paysage politique national.
En effet, après seulement le tiers du temps imparti aux différents candidats pour leur campagne, l’issue de la présidentielle se précise déjà inexorablement grâce à la puissance mobilisatrice de militants dont certains, à l’image de l’ambassadeur Céline M. Yoda, n’ont pas hésité à jeter dans la balance et leurs ressources matérielles propres, et leur charisme, et le capital de sympathie que leur témoigne leur entourage habituel.
Quoi que l’on fasse, quel que soit le degré de retenue ou de discrétion dont on s’entoure par caractère ou par éducation, il y a toujours dans la vie un petit déclic qui vient révéler au grand jour, la nature profonde des uns et des autres.
C’est ce qui s’est passé pour l’ambassadeur Yoda au secteur 15 à l’occasion de l’ouverture de cette présidentielle 2005. Il faut préciser en passant que le secteur 15 est celui où réside Madame l’ambassadeur dont le domicile sert également de point de ralliement des femmes de ce secteur. Le déclic est venu d’un fait somme toute, assez banal.
Des contraintes dues à des problèmes de correspondances et de reports de vols n’ont pas permis à l’ambassadeur Yoda d’être au Burkina le 23 octobre comme elle l’avait envisagé. Elle ne pourra donc rallier Ouagadougou que le 24 soit une quinzaine d’heures environ après l’ouverture de la campagne.
Ce simple petit retard va néanmoins révéler l’ascendance de cette diplomate sur les femmes de son secteur et la synergie d’action qui a toujours caractérisée leurs engagements sociaux communs. En effet, habituées à se réunir chez l’ambassadeur à toutes les occasions et pour des raisons diverses, un premier groupe de femmes se présentera à son domicile le 23 au matin dans le but de discuter des stratégies à adopter pour la campagne.
Grande fut donc la surprise des unes et des autres lorsqu’elles apprirent que leur leader n’était pas encore arrivée. Moins de deux heures plus tard, un autre groupe de femmes se joignait au premier à tel point que monsieur Yoda lui-même dû se mettre au four et au moulin pour accueillir tout ce monde et le rassurer en attendant l’arrivée de son épouse. Rendue à Ouagadougou le 24, Mme l’ambassadeur organisera aussitôt une rencontre à son domicile.
Dans la cour bondée jusque dans la rue, les échanges seront directs et vivants dans une atmosphère où dominait une préoccupation partagée par toutes, mener la campagne, bien la mener surtout et être sûres de son issue au soir du 13 novembre.
Un engagement ferme qui galvanise par sa conviction
Des observations faites par-ci, des attentes exprimées par-là et des diverses questions qui ont émaillé la rencontre, on retiendra que son Excellence Madame Yoda M. Céline est à la fois une personne ressource précieuse pour nombre de femmes du secteur et ce, même dans leur vie de foyer ou leur vécu quotidien, et une tête de proue qui a su rassembler autour d’elle à la manière des femmes ; par le cœur.
Excellence ! Vous boitez un peu là ! Qu’est-ce qui ne va pas ?
Tout va bien ! J’ai seulement buté sur un caillou tout à l’heure mais comme c’est le pied gauche, c’est bon signe pour nous ! (Applaudissements)
Excellence ! Moi quand j’ai appris que vous n’étiez pas venue, j’étais découragée dès !
Excellence ! Les pagnes et les T-Shirts-là, nous on vous regarde dès ! On va pas partir sans ça !
Excellence ! La campagne-là ! Nous au secteur 15 vous allez voir ce qu’on va faire...
Séance tenante, son Excellence a pris sur elle l’engagement de fournir les heures suivantes les pagnes et les T-Shirts que les militantes réclamaient à cor et à cri pour promouvoir leur candidat.
Cet engagement, elle le tiendra quelques jours plus tard soit le dimanche 30 octobre, le jour même où elle reviendra à Ouagadougou après une longue cavalcade en province. Arrivée en fin de matinée, son Excellence convoquera les femmes du secteur pour le soir même à 19 h. A l’heure dite, c’est une lapalissade que de dire que la cour s’est encore révélée trop exiguë.
Les débats ont longuement porté sur des aspects pratiques de la présidentielle tels comment voter, la nécessité de retirer sa carte d’électeur etc. Dépliant en main, l’ambassadeur a expliqué en long et en large comment les militantes doivent se comporter dans l’isoloir. Elle a également beaucoup insisté sur la nécessité pour chaque femme de retirer sa carte et d’inciter celles qui ne l’ont pas encore à aller la chercher car dira-t-elle, le taux de retrait des cartes au secteur 15 est de 53 %.
Le mot d’ordre de ce fait est de viser les 100 % et pour cela les femmes, se sont engagées à "secouer" leur entourage ; époux, cousins, tontons et tout le reste. Les échanges ont positivement été animés (le mot est faible). Des ovations à Blaise Compaoré, ponctuées d’applaudissements à faire sursauter un sourd-muet avaient créé dans l’atmosphère une surtension proche de l’irréel. Avant de se séparer autour de 22 h, chaque femme recevra des mains de son Excellence, deux pagnes, un T-Shirt et une casquette.
Le mardi 1er novembre toujours aux mêmes heures, re-rencontre chez l’ambassadeur avec des femmes sans cesse plus nombreuses qui ont eu l’agréable surprise d’échanger de vive voix avec Mme le maire de Bogodogo qui soit dit en passant a surpris bien de gens par sa verve et sa capacité d’improvisation.
On dit souvent que ce sont les petites rivières qui font les grands fleuves. Dans le cas d’espèce, on ne sait s’il s’agit d’une petite rivière ou d’un grand fleuve mais ce qui est sûr c’est qu’il y a là une lame de fond porteuse d’une force de mobilisation sur laquelle on peut compter avec sérénité.
Bonne campagne Excellence et que le meilleur gagne.
L. NANA
L’Opinion
