Actualités :: Nayabtigungu Congo Kaboré : “Depuis le 15 octobre 1987, nous sommes en (...)
Nayabtigungu Congo Kaboré

Nayabtigungu Congo Kaboré, familièrement appelé le Nayab est un « révolutionnaire ». Président-fondateur du premier parti sankariste, le MTP (Mouvement pour la tolérance et le progrès), candidat à la présidentielle du 13 novembre 2005, il n’a encore organisé aucun meeting.

Il affirme d’ailleurs être entré en campagne depuis l’avènement du Front populaire. Le candidat du MTP dit avoir une stratégie basée sur le porte-à-porte et « des plats réchauffés pour publication ». Dans l’entretien qu’il nous a accordé, M. Congo Kaboré indique avoir un projet de société basé sur la justice sociale et l’éducation dans les langues nationales.

Sidwaya (S.) : Peut-on savoir ce qui a poussé M. N. Congo-Kaboré à se présenter à la présidentielle du 13 novembre 2005 ?

N. Congo-Kaboré (N.C.K.) : Je pense que ce n’est pas étonnant pour mes militants, pour les sankaristes parce que depuis 18 ans, nous avons dit non au régime de Blaise Compaoré. Il n’y a pas de raison qu’en ayant une opportunité comme celle-là, nous ne soyons pas candidat. Nous disons à nos militants et au peuple burkinabè, ce que nous voulons faire, ce qui est négatif dans le régime de Blaise Compaoré.

S. : Est-ce la seule raison pour dénoncer ce qui est négatif dans le régime Compaoré ?

N.C.K. : La conviction personnelle que nous avons, c’est que nous avons des amis, des proches qui ont perdu la vie, des personnes qui nous sont chères. Dans la politique, la non-violence, nous l’avons toujours prônée, c’est pourquoi nous disons que nous sommes le Mouvement pour la Tolérance et le Progrès.

S. : Candidat, qu’est-ce que vous proposez au peuple burkinabè si vous êtes élu ?

N.C.K. : C’est un débat ; mais il faut dire les choses telles qu’elles sont afin que les gens puissent comprendre.

Avant les indépendances et après, dans ce pays comme tous les autres dans le monde, il n’y a pas de fonctionnement sans un gouvernement qui s’occupe de l’éducation, de la santé, de la sécurité, de l’emploi, de l’agriculture, de l’industrie, du commerce, de l’environnement, des sports, des arts et de la culture, des femmes et des jeunes.

Voilà des points communs à tous les programmes burkinabè comme à tous les programmes de n’importe quel gouvernement dans le monde. Mais depuis 1960, date de notre indépendance, tous les gouvernements qui se sont succédé ont eu à aborder ces mêmes problèmes mais ils les ont résolus, chacun à sa manière. Aujourd’hui nous disons qu’après 18 ans de règne de Blaise Compaoré, si on doit faire le point, il y a des éléments négatifs et positifs ; malheureusement, la majorité est négative. C’est cela que nous voulons souligner d’abord au peuple pour qu’il le comprenne. Une fois élu président, la première chose pour nous, c’est d’instaurer la justice sociale.

Justice sociale, pour tous ceux qui ont été victimes de violences politiques. Cette journée nationale de Pardon qui a eu lieu, n’est que du folklore. Il faut faire justice à ces nombreux militaires, soldats, qui étaient jeunes et qui ne savaient pas où on les orientait pour aller faire telle ou telle chose. Ils ont été déçus, désarmés, rejetés dans leur village et certains ont pris des fusils aujourd’hui pour devenir de grands bandits. Ce sont des personnes qui étaient honnêtes, qui ont travaillé conséquemment au nom d’une promesse et qui se sont retrouvés du jour au lendemain sans rien pour nourrir leurs femmes et leurs enfants. Voilà comment naissent les rébellions.

Nous ne sommes pas les responsables du banditisme. Ce sont ceux-là qui ont fait qu’ils sont devenus bandits qui le sont, à savoir le pouvoir actuel de Blaise Compaoré. La CENI nous a proposé de prendre quatre militaires ou gendarmes pour assurer notre sécurité lors des meetings dans les provinces. J’ai dit que je n’en ai pas besoin. La seule personne qui peut garantir ma sécurité, c’est Blaise Compaoré. Il n’a qu’à dire à ses sbires de me laisser tranquille.

Il y a des gens qui politiquement se sont battus pour l’avènement de Blaise Compaoré au pouvoir. Si vous faites le point de la situation aujourd’hui, il y a tellement de mécontents, de proscrits, des gens qui ont servi comme des gladiateurs aux premières heures du Front populaire et sans aucune raison, on les a remerciés. Ils ne peuvent même pas devenir simples militants CDP alors qu’ils continuent de dire qu’ils étaient de l’ODP/MT. Tous ceux-ci sont des mécontents. Combien de députés mécontents du CDP existent au Burkina Faso ? Je pense que le fait de cultiver cette attitude mérite qu’on arrive à apaiser les cœurs des Burkinabè.

La 3e chose que je vais faire avant d’entamer les questions techniques, relative à la paix est le Projet Rood Woko. Voilà un marché qui fonctionnait depuis des millénaires. C’est le 2e marché après celui de Ziniaré et celui de Doundoulma dans mon village. Un marché qui existe et dont la gestion des espaces se faisait par héritage dans certaines familles. Vous chassez les occupants parce que vous avez de jeunes milliardaires qui le veulent et vous ne voulez pas construire.

Maintenant que les élections approchent, on dit qu’on va relancer la chose. Est-ce que cela est juste ? Ce sont eux qui méritent d’aller dans les petits marchés parce qu’on veut en faire une propriété de Libanais et autres. La ville de Ouagadougou est si chère à nous tous.

Dans toutes les grandes villes du monde, il y a toujours le cœur d’une vieille ville. Vous venez et vous détruisez le cœur de la ville. Pourquoi ils n’ont pas détruit Paspanga, Bilbalogho, Tanghin.

Ils détruisent le cœur de la ville sous prétexte qu’ils veulent en faire un projet ZACA. Ils veulent tout simplement s’attribuer ces terrains et en donner à leurs amis, pour construire de grands édifices. Qu’ils aillent construire ailleurs. J’aurai aimé que Blaise dise qu’on va construire tout Ziniaré qui deviendrait alors une grande ville. De la question des jeunes Etalons, en 2001, nous avons accueilli nos cadets avec Jacques Yaméogo et Pihouri Weboanga, triomphalement. C’était ces enfants-là qu’il fallait continuer à pousser pour qu’ils émergent. Ils chassent ces encadreurs et confient la gestion à d’autres.

Comment voulez-vous qu’une fédération burkinabè de football marche avec à sa tête quelqu’un qui n’a jamais contribué à une seule victoire des Etalons lors d’un match international. Quand il y a à manger, on appelle ses amis et on leur en donne. Confier à chaque fédération quelqu’un qui s’y connaît. Voilà pourquoi je dis, Pascal Kinda, c’est son domaine (président du CNOSB).

Quand je deviendrai président, je ne tuerai personne. Je ferai le toilettage des textes qui ont trait aux élections (municipales, législatives, présidentielle). Celui-là qui est au pouvoir n’a plus le droit de les toucher. Il est venu les trouver, il n’a qu’à les laisser là-bas. Le peuple a adopté par référendum, la Constitution. Eh bien ! Moi, je vais ramener le même texte. La Constitution américaine a plus de 200 ans.

Au Burkina Faso quand vous nommez un ministre, au bout de 2, 3 mois, il dit qu’il va faire un organigramme-type. L’organigramme-type, c’est le gouvernement qui le fait. Il dit qu’il va faire un organigramme. Lequel ?Alors qu’il ne maîtrise même pas bien son ministère, il se propose de faire un organigramme. C’est une manière de dire qu’il va nommer de nouvelles personnes et en faire une fierté après. Quand je suis arrivé à l’Action sociale, je n’ai chassé personne de son poste.

On m’a dit qu’ils étaient tous du CDP. J’ai fait savoir que je veux travailler avec tout le monde pourvu qu’ils soient tous compétents. A l’Intégration, c’était la même chose. Il faut travailler avec des hommes compétents. J’aurai aimé qu’on dise qu’on a fait un audit à Nayabtigungu après mon passage à l’Action sociale et à l’Intégration. Ils n’osent pas le faire parce qu’ils n’ont rien à démontrer.

Aujourd’hui, je dis : sitôt que j’accède au pouvoir, je fais un audit de tous les ministères. Il y a en qui passent plus de quinze ans dans le gouvernement à tournoyer. Sont-ils des érudits ? Si vous mettez un commerçant au ministère de la Santé, ne soyez pas étonné que la santé devienne un commerce. Aujourd’hui au Burkina Faso, tout projet de société que vous voulez faire, il faut le commencer au niveau de l’éducation. Chaque parent d’élèves veut envoyer son enfant aux USA pour étudier.

S. : Quelles sont vos solutions pour résoudre le problème de l’éducation au Burkina Faso ?

N.C.K. : Pour l’éducation, je propose une simple chose. Vous ne pouvez pas vouloir éveiller quelqu’un pour qu’il comprenne le sens de la vie, si vous ne lui parlez pas dans sa langue. Je suis en train de perdre mon temps avec vous parce que je vous parle en français. Il n’y a que 10% de Burkinabè qui comprennent le français mais 5% seulement qui savent lire et écrire.

Si je parlais dans une langue nationale, j’allais être au moins compris, au minimum par 20% de la population. C’est pour vous dire déjà l’erreur dans laquelle nous nous trouvons. Eh bien, si je suis président, le certificat d’études primaires sera obtenu avec des épreuves en langues nationales. Je ferai en sorte que le certificat soit comme l’a voulu Thomas Sankara. Il y a des bons plats de la Révolution qu’on peut réchauffer.

Chaque candidat au CEP pourra avoir un certificat soit en agriculture, en élevage, en plomberie, en maçonnerie, etc., mais dans sa langue maternelle. En classe de 6e, le lauréat du certificat peut choisir une autre langue que nationale. La langue ne sera pas non plus le français surtout au cycle secondaire, car ils auront tendance à fuir le pays et à aller ailleurs. C’est toujours dans une langue dite régionale que l’élève va faire son choix.

Le BEPC ou le BAC pourra se passer en gulmatchéma, en gourounsi, en bissa, en peulh, etc. C’est après cela, à l’Université que l’étudiant peut choisir une langue étrangère. Cela signifie qu’on n’aura pas une Fonction publique bâtarde comme celle qu’on a aujourd’hui où les gens réfléchissent en français alors qu’ils veulent travailler pour la masse ; où on dit que nul n’est censé ignorer la loi alors que la majorité des Burkinabè ne comprennent pas français.

La loi est écrite en français. A partir de ce moment-là, la régionalisation et la provincialisation de la Fonction publique s’imposent de façon nette puisque les diplômes seront en fonction de cela. On n’aura plus besoin de venir à Ouagadougou recruter un agent de liaison pour servir à Bogandé. C’est sur place qu’on peut le prendre.

L’instituteur sera formé sur place. Au lieu de promettre que dans chaque village, on fera une école, je ne le ferai pas. Je regrouperai les villages pour en faire une ville et moi je ferai en sorte qu’il y ait toutes les infrastructures. La tendance de la population n’est pas de vivre dans les villages.

Les paysans veulent vivre en ville. Il ne s’agit pas de leur donner tout ce qu’il faut au village. Ils veulent vivre en ville tout comme chacun de nous, les ministres qui ont quitté leur village pour venir à Ouagadougou. Voilà l’un des points sur lesquels je veux axer la société de demain. Sous la Révolution, quand on a voulu faire les provinces, les gens ne savaient pas quoi faire. Rapidement, nous avons dit qu’il fallait donner les noms des provinces dans les langues nationales.

C’est moi qui ai donné la majorité des noms en mooré. Blaise, Lingani, Henri et Thomas étaient témoins. Même le nom Burkina, je l’ai proposé. Le mot Burkina est très important. J’ai dit en son temps qu’il faut définir le pays en fonction de ce que nous sommes. Nous, nous sommes des révolutionnaires et en mooré, un révolutionnaire, c’est un « burkinbiga ».

S. : Pourquoi dites-vous que le candidat à la présidentielle est éligible en fonction de sa personnalité ?

N.C.K. : Je pense que vous devez comprendre très bien que l’élection d’un président du Faso n’est pas l’élection d’un conseiller municipal ni d’un député. Du reste, eux-mêmes, il leur faut une personnalité parce que si vous élisez un conseiller municipal, il est au service de ceux qui l’ont élu. Dans quelle langue va-t-il s’exprimer pour être élu ? C’est dans la langue de ceux qui l’ont élu parce qu’il veut ou doit se faire comprendre. Le député aussi doit parler la langue de ses électeurs pour se faire comprendre.

Une fois qu’ils sont élus, s’ils passent leur temps à Ouagadougou au lieu d’aller parler avec leur peuple, ils ne sont ni leurs conseillers ni leurs députés. Je dis que le président doit être élu par la majorité des Burkinabè. Blaise Compaoré a des qualités mais je ne vais pas les citer. D’abord, c’est un gars qui ne parle pas. C’est pourquoi moi aussi je refuse de parler quand les journalistes veulent m’interviewer.

Je ne parle que quand il y a la campagne. Blaise se promène et parle mais il n’a qu’à le faire en langue nationale. La qualité d’un bon président, c’est celui qui est reconnu comme ayant l’ensemble des attributs de la personnalité. S’il n’a que son programme, celui-ci peut être taillé à Paris ou à Washington pour être appliqué à Ouagadougou.

S. : Depuis le début de la campagne, on ne vous voit pas sur le terrain. Quelle est votre stratégie de campagne ?

N.C.K. : Ce n’est pas que nous ne voulons pas ou que nous ne sommes pas sur le terrain. Depuis 18 ans, nous sommes en campagne contre Blaise Compaoré. Depuis le 15 octobre 1987, nous sommes en campagne. Nous sommes en train de dire non au régime de Blaise Compaoré. Il y a du positif dans ce régime mais il y a pas mal de choses négatives. Il aurait pu mieux faire. Si c’était seulement pour rectifier la Révolution, il aurait pu mieux faire. Si c’était pour installer la démocratie, il aurait pu encore mieux faire. Ce n’est ni la rectification qui a été menée, ni la démocratie qui a été installée.

C’est pourquoi nous disons que nous ne faisons que réchauffer certains plats que nous envoyons pour publication. Nous faisons une campagne du porte-à-porte, une campagne d’explication. Nous disons aux militants de l’ADF/RDA, du Yatenga qui ne sont pas contents parce que le Yatenga, peuple puissant, n’a pas de candidat à la présidentielle, de nous réjoindre.

J’ai dit à Gilbert Ouédraogo, que si tous les militants de l’ADF/RDA votent CDP, donc Blaise Compaoré, les gourous de Blaise Compaoré vont dire que le Yatenga est devenu CDP et c’est lui qui est perdant. J’ai dit que les militants du Yatenga n’ont qu’à voter Nayabtigunga, comme cela, on saura qu’au soir du 13 novembre, la majorité des gens qui m’ont voté dans le Yatenga sont les enfants de Gérard et de Bougrawa. Et Blaise tirera la conclusion que le CDP est vraiment minoritaire là-bas et qu’ils ont profité pour pouvoir assimiler les choses.

Sinon, à la récolte, on ne saura pas faire la séparation du bon grain et de l’ivraie. Et lui, sur quelle base va-t-il continuer la négociation ? Il n’y a plus de négociation puisqu’on va dire que tout le monde a voté CDP. Il en est de même de ceux qui sont derrière Hermann Yaméogo. Je dis à ses militants que s’ils votent Nayabtigungu, ils permettent aux gens de tout le Boulkiemdé de savoir que les militants de Hermann ont voté Nayabtigungu.

S. : Vous êtes sankariste avec deux autres candidats sankaristes. Pourquoi aller en rangs dispersés ?

N.C.K. : Non ! Nous ne sommes pas en rangs dispersés. Il faut bien comprendre les choses. Il y a trois genres de candidatures à la présente élection. Il y a les candidats socialistes et communisants comme le CDP, le PAI, etc. Il y a les candidats libéraux comme le groupe des Hermann, également cinq et enfin, les sankaristes sont au nombre de trois. Pourquoi vous ne dites pas que les autres sont dispersés ? Les libéraux, les socialistes sont-ils dispersés ?

Interview réalisée par Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)
Sidwaya

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