- Hermann Yaméogo
Après avoir annoncé officiellement le retrait de sa candidature à l’élection présidentielle le 17 octobre dernier, Me Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), a animé un point de presse le jeudi 20 octobre 2005 à Ouagadougou pour expliquer son acte.
Attendu pour 9 heures, c’est finalement à 10 heures que le président de l’UNDD, Me Hermann Yaméogo accompagné des députés Marlène Zébango, Salif Ouédraogo et d’autres militants du parti, se présente à la presse pour livrer son message. « Je vous remercie Messieurs et Mesdames de la presse, chers amis. Avant de commencer cet entretien, je voudrais d’abord très sincèrement vous présenter mes excuses parce que l’invitation avait été faite pour 9 heures mais il s’est trouvé que j’ai reçu entre temps une lettre du Conseil constitutionnel m’invitant à passer aujourd’hui à 9 heures par rapport à la notification que j’ai eue à leur faire du retrait de ma candidature pour confirmer ma décision. Je pensais que c’était une simple formalité mais j’ai été surpris de me retrouver quasiment devant une audience, puisque tous les conseillers étaient pratiquement là avec le président et une discussion s’est engagée par rapport à ma décision de retrait et qui doit être suivie plus tard d’une délibération. C’est ce qui explique le retard à cette conférence et je tiens à m’en excuser » a-t-il introduit son entretien avec la presse.
Abordant le point inscrit à l’ordre du jour de la conférence de presse à savoir la décision de retrait de sa candidature à l’élection du 13 novembre prochain, le président de l’UNDD l’explique par un certain nombre de raisons. « En toute souveraineté, nous nous conformant à une position que nous avons défendue depuis 8 ans.
Nous avons décidé à l’UNDD de ne pas cautionner la candidature de Blaise Compaoré en allant avec lui à cette élection. Personne ne nous dira ici que ce n’est pas une décision mûrie et responsable.
Elle est liée à une position constante de l’UNDD ; elle est liée à des engagements pris dans le cadre de Alternance 2005 ; engagements au terme desquels nous nous refusions d’accepter cette candidature ; engagements au terme desquels nous nous engagions à la combattre par tous les moyens légaux et constitutionnels », explique Me Hermann Yaméogo. Pour lui, Blaise Compaoré n’a pas le droit au terme de l’article 37 de la Constitution burkinabè de briguer un troisième mandat. C’est pourquoi il appelle ses militants à dire non.
Au dela de l’article 37, le fichier électoral
Hermann Yaméogo trouve qu’au delà de la violation de l’article 37, il y a le fichier électoral qu’il qualifie de « bordélique ». « On nous a rassuré qu’il n’y aura pas de doublons de noms dans le fichier électoral, qu’il y aura la transparence, mais aujourd’hui que constatons-nous ? Qu’il y a des gens qui sont décédés, des mineurs et des personnes fictives qui ont des cartes d’électeurs. Il nous revient des différentes provinces qu’il y a des gens qui ont deux, trois, quatre cartes d’électeur , voire plus » affirme- t-il. C’est donc au vu de ces raisons que l’UNDD a pris la décision de ne pas aller à cette élection. Quelle sera la forme de la désobéissance civile que prône le président de l’UNDD conformément aux articles 166, 167 et 168 de la Constitution ?
L’UNDD a-t-elle pris des initiatives pour corriger les insuffisances du fichier électoral ? Hermann Yaméogo va-t-il appeler ces militants à voter pour quel candidat de l’Alternance 2005 ? Autant de préoccupations adressées au président de l’UNDD par les hommes de la presse. Par rapport à la désobéissance civile, Hermann Yaméogo fait savoir qu’elle sera pacifique et qu’elle consiste à appeler les militants de l’UNDD à procéder au retrait de leurs cartes électorales pour les échéances futures et de ne pas voter le 13 novembre 2005. « Retirez vos cartes d’électeur mais n’allez pas valider la violation de la Constitution à cette élection présidentielle ».
Pour ce qui est du vote de l’un des deux candidats restants de l’Alternance 2005 (Philippe Ouédraogo et Me Bénéwendé Sankara), Hermann Yaméogo rassure qu’il ne gênera pas les deux candidats s’ils choisissent d’aller à cette élection, mais qu’il n’appellera pas ses militants à prendre part au scrutin du 13 novembre prochain. Sur les initiatives de son parti visant à améliorer le fichier électoral, Hermann Yaméogo et les siens affirment avoir demandé l’informatisation contradictoire de ce fichier mais « ceux d’en face ont fait la sourde oreille » .
« Dans ce pays, la plupart des fraudes se font sur les listes électorales et personne ne veut revoir ces listes » explique la députée Marlène Zébango. « Nous sommes convaincu que le fichier électoral peut être amélioré et nous voulons qu’il soit nettoyé pour que nous ayons des données fiables. Si on bat l’UNDD sur des bases fiables nous féliciterons les vainqueurs mais nous n’allons pas participer à une élection où tout est déjà ficelé » a ajouté le député Salif Ouédraogo.
Enok KINDO
Sidwaya
