- Blaise Compaoré
A - comme... acquis du septennat : "Je ne peux pas dire que je ne suis pas satisfait du bilan de mon septennat". Paroles de Blaise Compaoré répondant à la question d’un journaliste.
C’était le 10 août 2005 à Ziniaré, alors qu’il s’était retiré dans une maison de son palais (avec Roch Marc Christian Kaboré, Paramanga Ernest Yonli et Gilbert Noël Ouédraogo) après son "Oui" aux sollicitations des militants du CDP et de l’Alliance des partis de la mouvance présidentielle (AMP). C’est vrai qu’il y a des acquis et le second sondage du CGD, Fasobaromètre II les met en exergue, mais ce septennat eut également la crise née du drame de Sapouy, chevillée au corps.
B - comme... Bilbalogho : C’est à Bilbalogho (secteur 2) de Ouagadougou que Blaise Compaoré a vu le jour le 3 février 1951 de feu Maurice Compaoré et de feue Thérèse Bougma. Son père ira par la suite pour nécessité de service s’installer à Ziniaré. Très tôt orphelin, il a été élevé par son oncle Gabriel, connu à "Bilba City" sous le nom de M’Ba Gabriel, (aujourd’hui décédé aussi). Bilbalogho est donc le quartier de Blaise Compaoré à Ouagadougou.
C - comme... CNEC de Pô : Le Centre national d’entraînement des commandos (CNEC) à Pô devenu Centre Georges Namoano, est le moule qui a forgé les qualités de Blaise. C’est la matrice du commando Blaise qui était "l’ombre" de Thomas Sankara au CENEC. L’homme est allé auparavant à Yaoundé à l’EMIAN. C’est lors de cette formation au Cameroun qu’il fera la connaissance d’un certain capitaine Guerandi, celui-là même qui échoua un coup d’Etat contre Paul Biya il y a plus d’une quinzaine d’années et depuis lors vit au Burkina. Un témoin camerounais rencontré à Paris raconte : "Je revois encore Blaise Compaoré souvent certains soirs aller au terrain de football, et certaines filles du quartier l’admirer à son passage". C’est à partir du CNEC de Pô, d’ailleurs qu’est parti la Révolution d’août 1983.
ou comme... CNR : Sans Blaise, y aurait-il eu le Conseil national de la Révolution (CNR) ? Avec le recul et certains éléments mis en relief on peut répondre par la négative. Alors que ses camarades Thomas Sankara, Henri Zongo et Boukary Lingani étaient embastillés, lui arrivera à passer à travers les mailles du colonel Yorian Gabriel Somé. Avec la dextérité et le courage de son chauffeur Maïga, et aussi l’aide dit-on d’un illustre ami, Thomas Sanon (actuel président du CES) à Bobo, Blaise parviendra cahin cahan à rejoindre Pô par des chemins que seuls lui et Maïga peuvent restituer aujourd’hui. Le capitaine Blaise Compaoré à Pô, la Révolution était à 50% réalisée, puisqu’il a été l’homme qui l’a accomplie, mais s’étant éclipsé pour faire place à Tom Sank. qui avait le charisme à l’époque pour prendre la tête de cette structure qui exerça le pouvoir d’Etat.
ou encore comme... Chantal : Chantal Compaoré née Terrasson est son épouse qui s’est beaucoup impliquée auprès de son mari dans ses actions politiques.
ou aussi comme... CDP : Il est le "militant émérite du CDP", il en constitue le fondement, et Etienne Traoré du PDP/PS affirmait en 1998 que "le CDP moins Blaise Compaoré égal à zéro", des propos sans doute extrémistes mais qui n’en traduisent pas moins la centralité de Blaise au sein du CDP.
ou enfin comme... calme : Tous ceux qui disent le connaître sont formels : "Blaise a des nerfs d’acier", il a un calme olympien qui fait peur souvent à ses interlocuteurs. Et lorsque des collaborateurs lui font souvent des comptes-rendus, il arrive qu’il ne dise rien, se contentant d’opiner de la tête. C’est quand il va prendre la décision que l’on saura quelle est sa position. D’aucuns diront que c’est cela sa force : calme et peu loquace, qualités d’un chef.
D - comme... démocratie : A l’orée de l’avènement de la démocratie en 1990, deux camps s’affrontaient au sein du Front populaire. Il y avait ceux qui étaient pour l’ouverture, c’est-à-dire l’avènement de l’Etat de droit. Les seconds étaient pour la poursuite de l’Etat d’exception. Blaise Compaoré penchait pour l’ouverture. 18 ans après, on peut dire que même s’il y a des imperfections la démocratie burkinabè est en marche et se consolide chaque jour que Dieu fait.
ou encore comme... Djamila : C’est la prunelle de ses yeux, sa fille Djamila Karen, que lui a donnée Chantal Compaoré.
E - comme... élections : En presque deux décennies de pouvoir, Blaise Compaoré aura brigué deux présidentielles et s’apprête à demander une troisième onction populaire. En 1991, il était très mécontent de son score squelettique, en 1998, il aurait pu être radieux si le drame de Sapouy n’était pas venu gâcher son mandat. Qu’en sera-t-il pour 2005, s’il était élu ?
F - comme... François Paul Compaoré : Physiquement de profil, le visage de Blaise et François sont comme deux gouttes d’eau. Son puîné, qui était totalement effacé sera révélé au public grâce à des événements malheureux. D’abord employé au Fonds de l’eau et de l’équipement rural (FEER) : "il avait plus d’audiences que le directeur", selon son grand frère, qui a préféré l’amener à côté de lui comme conseiller économique à la présidence.
Tout est parti de la mort de David Ouédraogo, alors chauffeur de François, courant 1997. Le journaliste Norbert Zongo s’en saisira et fera régulièrement la manchette de son journal L’Indépendant. Et patatra, le 13 décembre 1998, Norbert Zongo et trois de ses compagnons sont boucanés à Sapouy dans leur 4x4 immatriculé 11L 6485 BF. On connaît la suite, création par décret de la CEI le 18 décembre 1998, qui déposera son rapport le 7 mai 1999. Naissance également du Collectif ; comparution de François le 18 janvier 1999 devant le juge d’instruction, Mme Kaboré au cabinet n° 5 "pour meurtre et recel de cadavre" ou selon certains au sujet de la plainte que lui même a déposé contre Hamidou Ilboudo, Adama Tiendrébéogo et Anagba Amy dite Jeannette pour "vol et recel de somme d’argent".
En août 2000 aura lieu le procès de David Ouédraogo, Me Bénéwendé Sankara, s’étant constitué partie civile avait du reste déposé une plainte le 2 septembre 1998 pour défendre les ayants droits de David, notamment son frère Arthur. François a été cité à ce procès comme témoin. Le verdict est connu, mais l’innommable forfait du 13 décembre 1998 que certains lient à tort ou à raison avec celle de David pend toujours entre les mains de la justice.
J - comme JNP : Le 30 mars 2001, dans la cuvette du stade du 4-Août était célébré la Journée nationale du Pardon (JNP), officié par le président du collège des Sages, Mgr Anselme Sanon. Une JNP rejetée par le Collectif qui est aller se recueillir sur la tombe de Sankara à Dagnoën.
L - comme... Liberia : 700 militaires ont été envoyés au plus fort de la guerre civile au Liberia dans ce pays. Les adversaires de Blaise l’ont accusé d’avoir envoyer ces militaires faire une guerre de rapines.
M - comme... mandat présidentiel : "La Constitution remaniée ne permet de briguer deux autres mandats de cinq ans... si évidemment je me représente deux fois de suite et si Dieu me prête vie, dans 10 ans au plus tard, je serai à la retraite. A la soixantaine". Paroles de Blaise, il y a quelques mois. Il briguera donc un 3e mandat. Blaise sur la trace des timoniers africains ?
S - comme... Salif Diallo : C’est un de ses hommes, sinon son homme de confiance, depuis plus de deux décennies. Régulièrement il discute de stratégie politique avec Salif Diallo. Pour déstabiliser les partis opposants ?
T - comme... treize (chiffre) : 13 décembre 1998 (assassinat de Norbert Zongo) ; création de 13 régions ; 13 accusés (le pasteur Israël et 12 coaccusés) au procès d’avril 2004 pour tentative de coup d’Etat, 13 candidats à la présidentielle, 13 novembre 2005 (date du scrutin), Blaise cultive-t-il le fétichisme du chiffre 13 ? Son fidèle lieutenant Salif Diallo avait perçu cela et avait souhaité que la date du scrutin soit changée. Finalement on a maintenu le statut quo.
Par Z. Dieudonné Zoungrana
L’Observateur
