Actualités :: Présidentielle : Recalé, "le lion" sort ses griffes
Boukary Kaboré

Le Conseil constitutionnel a invalidé sa candidature à la présidentielle du 13 novembre 2005. Mais le président du Parti pour l’unité nationale et le développement (PUND), Boukary Kaboré dit "le lion" du Boulkiemdé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’entend pas baisser les bras, pardon courber l’échine.

Il va faire une réclamation. C’est ce que l’homme nous a dit le mardi 4 octobre dernier. Il pense par ailleurs que les services de l’Etat n’ont pas des mesures d’accompagnement pour faciliter le paiement de la caution.

Ainsi donc vous n’allez pas présider aux destinées du Burkina Faso de 2005 à 2010 ?

• Je suis étonné de votre affirmation parce que tout n’est pas encore terminé. Nous allons peut-être attendre parce que j’ai l’impression qu’il y a des recours qui sont possibles. Une candidature peut être rejetée, mais il y a des recours et nous allons attendre de voir.

Qu’est-ce qui vous a motivé à poser votre candidature ?

• Vous êtes journaliste et, comme observateur, si vous observez bien, vous allez vous rendre compte que dans ce pays, il y a quelque chose qui ne va pas ; ça ne va plus, tout le monde en a marre. La gestion du pays est unilatérale, on est arrivé à un moment où tout est groupé, donc le changement est devenu comme une nécessité. Le lion est aussi un citoyen burkinabè qui peut se prononcer sur la gestion de ce pays. Il l’a déjà fait et il peut encore le faire.

C’est pour ça que je me suis présenté aux Burkinabè pour aider à obtenir le changement. Ma deuxième motivation, c’est que les jeunes manquent de repères. Je jouis d’une certaine popularité et si je peux être un repère pour la jeunesse burkinabè, je le serais de bon cœur.

Peut-on avoir la situation de votre parti en matière d’implantation ?

• Le parti est tout jeune et vieux à la fois. Il est maintenant en train de se mettre en place doucement, mais il a été créé depuis 1991. Au début, il y avait une certaine pagaille, je sentais que tout était embrouillé. Chacun voulait être chef ; c’est comme cela à tout début de démocratisation, on ne sait pas qui est qui.

J’ai préféré demander aux militants de surseoir à toute activité en attendant que les choses se décantent, pour que nous nous repositionnions. Le temps a été suffisamment long pour notre observation, nos analyses sont mûres, le moment de se mettre en activité est arrivé. C’est ainsi que nous sommes en train de nous positionner. Voilà exactement le problème du parti. Il compte s’implanter sur toute l’étendue du territoire à l’image du lion. Un lion debout et maître de son territoire.

Votre candidature a été rejetée pour défaut de caution entre autres. Comment expliquez-vous cela ?

• Ma candidature n’a pas été rejetée pour défaut de caution ; non, le terme n’est pas juste. C’est plutôt pour retard de paiement de la caution. Voici exactement comment ça s’est passé : la clôture, c’était pour le 29 septembre 2005 à 24 heures. Le lion est arrivé à 23h pour déposer sa caution (je schématise comment les choses se sont passées). Il se trouvait que les services de l’Etat qui devraient accompagner le Conseil constitutionnel jusqu’à 24 heures et permettre aux candidats de déposer leurs candidatures en bonne et due forme étaient fermés en l’occurrence le Trésor public. Il n’y a pas eu de dispositions prises pour que ces services ferment à minuit à part le Conseil constitutionnel.

C’est ainsi que je n’ai pu verser les 5 millions au Trésor pour pouvoir joindre le reçu de paiement à mon dossier. A part ça, j’étais dans les délais. Je me suis expliqué, j’ai été compris et j’ai déposé mon dossier sans le reçu de payement de la caution. Je suis reparti après avoir complété le dossier avec le reçu de payement de la caution que j’ai récupéré le lendemain au Trésor. La faute ne m’incombe pas, mais plutôt à l’Etat qui n’a pas pris de mesures d’accompagnement.

Qu’est-ce qui a empêché le lion d’aller verser sa caution à 15h ou 16h le dernier jour ?

• Il y a certains qui disent que le lion n’a pas d’argent. Effectivement, je cultive, je n’ai pas les moyens parce qu’ils ont tout fait pour barrer la route au lion. Vous journalistes, vous auriez dû le savoir. Voilà une personnalité qui semble intéresser tout le monde, mais qui est comme délaissée. Il y a beaucoup de rumeurs à mon sujet : on dit qu’on a donné des tracteurs, des intrants, de l’argent au lion.

Mais tout est faux, moi je paye mes engrais, je travaille à la charrue avec des bœufs, j’élève des poulets et des pintades. J’ai d’ailleurs quitté le village et ma tanière est dans mon champ où je suis à l’aise comme ceux qui sont en ville.

Allez à 15h, je dis non, je pouvais même aller à minuit moins 5 mn pour déposer mon dossier de candidature. C’est permis, il n’y a pas de raisons que je me précipite.

Au cas où vous serez définitivement recalé, lequel des candidats en lice allez-vous soutenir ?

• Quelque part, le lion a raison. Mais si on veut tordre le cou à la démocratie, il faut qu’on dise que le lion n’a pas raison. C’est en ce moment que je déciderai de soutenir un candidat, mais je ne baisserais pas les bras. Je suis debout et pour toujours.

L’unité des sankaristes est-elle encore possible ?

• C’est le vœu le plus cher du lion. Les sankaristes constituent la majorité dans ce pays. Ils sont un potentiel fort qu’on n’arrive pas à mobiliser parce que tout le monde veut être chef ; c’est ça le problème.

Si on n’arrive pas à trouver l’homme qu’il faut, on restera là. Il faut que l’idéal sankariste triomphe pour le bonheur de tous les Burkinabè. Aussi bien pour les hommes que pour les animaux et les arbres. Rappelez-vous les 3 luttes de Thomas Sankara qui prenaient en compte l’homme et tout son environnement.

Que pensez-vous du retrait d’Ernest Nongma Ouédraogo de la course à la présidence ?

• C’est une grandeur d’âme. Il nous faut des exemples pareils. J’admire et je félicite le grand frère pour sa position. Je pense qu’il sera le catalyseur de l’unité sankariste.

Si on est sankariste, la question de l’unité ne devrait pas se poser. Sankara disait "debout comme un seul homme", mais voilà que nous sommes 20 pour défendre l’idéal sankariste ; c’est pas logique.

Les gens tentent de désarçonner la famille sankariste par des intoxications de tout genre : en racontant par exemple que le lion a été acheté par le pouvoir. Mais de l’extérieur, où j’étais bien, je suis rentré au pays malgré tout, par patriotisme. Certains refusent de voir cette grandeur d’âme par malhonnêteté intellectuelle. Le lion n’est pas quelqu’un qu’on peut corrompre. Je suis tellement aguerri dans ma position que je ne serais jamais complice d’injustices, coupable de soumission. Je suis pour la vérité, rien que la vérité. L’argent ne vaut pas l’honneur que j’ai.

Un changement par les urnes est-il possible au Burkina ?

• Tout est possible. C’est le peuple qui est au devant de cette responsabilité historique. Quand une société est mûre politiquement on la qualifie de peuple, quand c’est la pagaille, on parle de population. C’est insultant de voir lors des précampagnes qu’on distribue des motos, de l’argent aux populations pour acheter leurs voix. Le peuple est plus coupable que celui qui essaye de le corrompre, lui qui accepte d’être acheté.

La famine a révélé que les argentiers ont préféré s’occuper de la campagne électorale que d’observer la solidarité envers les pauvres. Je ne sais pas si c’est de l’immaturité politique, mais il faut reconnaître que ce pouvoir est incapable et le peuple doit se montrer conscient et responsable. La démocratie ne se porterait que mieux.

Allez-vous faire une réclamation ?

• Si je ne le fait pas, je suis un défaitiste, ce qui est un défaut. Je vais explorer les voies de recours.

Agnan Kayorgo
Mahamadi Tiégna

L’Observateur

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