Actualités :: L’alcool et les médicaments de rue dans nos murs

Ils sont là et font tabac dans nos cités. A Ouagadougou, l’alcool frelaté et les médicaments de rue se vendent et se consomment à longueur de journée.
Dans les rues, comme dans les kiosques, des individus s’adonnent au commerce de ces produits moins chers qui nous tuent à petit feu. Constat.

L’alcool frelaté et les médicaments de rue pullulent à Ouagadougou. Aucun secteur de la ville n’échappe à l’emprise de ces produits illégaux dans les normes, légaux dans les faits.

Saint-Léon, plein centre-ville de Ouagadougou, une cave à liqueurs trône à moins de 100 mètres du lycée Saint-Exupéry. En cette matinée, des clients font la navette qui, pour boire une "boule" d’Eperon ou du Gin, qui pour se taper un verre de vin. Deux jeunes assurent le service. Un client à l’allure quinquagénaire vient d’arriver au bar. L’un des jeunes serveurs lui demande "Eperon comme d’habitude" ?" "Non", répond l’homme, ne sais-tu pas que j’ai passé plus d’une semaine à l’hôpital ? Mon médecin m’a dit de ne plus boire l’Eperon, donne-moi du vin. Le jeune homme s’exécute. Il sort de la cave et rapporte une bouteille marquée de l’étiquette "Eperon" mais qui contient un liquide rouge qu’il verse dans le verre du client. En un tour de bras l’homme vide le verre, dépose une pièce de 250 F CFA sur la table et tourne-dos. Après le départ du vieux, l’un des vendeurs explique qu’il vend la "boule" (un service dans le jargon) du Gin, de l’Eperon, du Pastis, tous frelatés à 50 F CFA. Mieux, il peut vendre 3 bouteilles d’Eperon par jour. Or, les prix des bouteilles diffèrent. "La bouteille d’Eperon coûte 1250 F, le Pastis 1000 F, le Gin 1500 F" explique le jeune vendeur. Sur les étagères sont disposés en plus des bouteilles de liqueurs, des cartons de vin frelatés. Christophe Bayala est le propriétaire de la cave. M. Bayala estime que le marché est bénéfique malgré la concurrence des grands maquis. A côté des liqueurs, M. Bayala vend aussi de la bière.

Il dit s’approvisionner chez un Libanais à Ouagadougou. Mieux, il est en règle vis-à-vis des impôts et des services d’hygiène. "Le service d’hygiène passe nous contrôler de temps à autre. Si les lieux sont sales, ils lui font payer la somme de 12 500 F comme taxe. Sinon, je paye l’impôt à 70 000 F par an", explique M. Bayala. Autre secteur, même spectacle. A Dapoya, c’est un jeune enfant de 12 à 15 ans qui sert les clients dans un kiosque situé dans une rue non loin de l’immeuble administratif de l’ONATEL. Pendant que des jeunes sont au bar en train de boire soit du Gin soit du vin, le vendeur se refuse à tout commentaire sur son activité.

A Paspanga, c’est le même constat. Là, Hamidou Ouédraogo est le propriétaire-vendeur du kiosque ou des liqueurs aux noms évocateurs se disputent les étrangers. "Quintette, liqueur de bissap", Pastis le vieux", "Rhum" etc, sont entre autres les produits qu’on y trouve. Monsieur Ouédraogo, entre deux services de "boule" de Gin ou de verre de vin explique qu’il s’approvisionne chez un commerçant dont la cave se trouve aux abords du grand marché de Ouagadougou. A son bar, au moins six clients boivent tranquillement, les yeux bouffis et rougis, les lèvres tachetées de rousseur. L’un deux qui a requis l’anonymat explique que c’est pour tuer le temps qu’il boit de l’alcool frelaté. "Alors, vous êtes conscient que c’est frelaté et vous le buvez ?" "C’est parce que c’est moins cher sinon si mes moyens me permettaient d’aller dans un maquis boire la bière, je n’aurai pas hésité. Ici, lorsque je ne travaille pas, je viens prendre deux boules de Gin mélangé à du sirop. Je peux passer des heures avec ça", explique l’homme.

Du mystère des médicaments de rue

Le propriétaire du kiosque se défend aussi d’être en règle avec les impôts. Hamidou Ouédraogo dit payer 25 000 F par an aux impôts. En d’autres lieux, ce sont des élèves qui, les vacances venues sont les vendeuses des kiosques à liqueur frelaté de leurs parents.

Mlle Thiombiano, élève en 4e sait que ses clients boivent les liqueurs soit avec du citron soit avec de la glace à défaut d’eau tiède. Pour elle, ce sont les marchands ambulants qui achètent le plus les liqueurs. Mlle Thiombiano vend la "boule" de Rhum à 100 F, celle du "vieux Mathos" à 75 F, le Sopal à 25 F. Des prix dérisoires pour des santés dérisoires.

Et il n’y a pas que l’alcool frelaté qui fait des ravages à Ouagadougou. Il y a aussi les médicaments de rue. Ils ont pignon sur rue à Ouagadougou.
En circulant dans les secteurs de la ville, les adeptes du "Zoe baas Taaba" (fuir laisser l’autre) comme les surnomment les Ouagalais, se rencontrent dans les coins de rue. Mieux, ils exercent leurs activités souvent au vu et au su des autorités municipales. Au croisement du pont Martin Luther King avec l’avenue Ouezzin Coulibaly à Tanghin, les vendeurs de médicaments de rue font la navette sous les yeux de deux agents de la police municipale en faction. Les médicaments de rue s’invitent souvent devant les concessions à des prix défiant toute concurrence selon les mots d’un jeune vendeur rencontré sur le pont Martin Luther King. Pour lui, il exerce ce commerce faute de mieux même s’il reconnaît gagner 1000 à 2000 F CFA de bénéfice par jour. Le comble, l’homme qui n’a suivi aucune formation médicale, dit vendre toutes sortes de médicaments pour toutes les maladies. "Dans mon sachet, j’ai un peu de tout : Ibuprofen, Paracetamol, Viagra etc". Joignant l’acte à la parole, il ouvre son sachet et montre une plaquette contenant des comprimés bleus. Sur la plaquette, il est marqué "Viagray". "Combien ça coûte ?" "Le comprimé fait 200 F, la plaquette 800 F", répond le jeune homme. Le mettant à l’épreuve, l’homme casse le prix jusqu’à 500 F. Nous lui proposons 300 F qu’il accepte mais nous refusons le produit prétextant que nos portefeuilles sont dans le véhicule. Pour ce jeune homme qui dit s’appeler Kéré Zenemi, ses patrons s’approvisionnent auprès d’autres "gourous" au marché "Sankar yaaré".

Les faits sont clairs pour être constatés. Ces produits frelatés et périmés sont sur nos marchés. Et les autorités, municipalité, ministère de la Santé, douane... que font-elles pour enrayer le fléau ? La semaine prochaine nous leur donnerons la parole afin d’en savoir plus sur leur parade à ces maux.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)
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