Si on devait chercher dans le secteur une mégère, Pascaline allait prendre la couronne. Hargneuse, difficile, prête à critiquer, à vilipender, elle est tout cela à la fois. Ainsi, quand dans une famille survenait une grossesse indésirée, elle devient la moralisatrice, la donneuse de leçons.
Pour elle, ses trois filles s’étaient mariées convenablement sans jeter l’opprobre sur la famille. La puînée qui était au CM2, allait suivre leur exemple car elle ne badine pas avec l’éducation des enfants. Ainsi, les dames qui avaient eu des filles tombées enceintes se tenaient coites. Voilà que cette même puînée allait se faire engrosser par son cousin sous son toit.
Pascaline était veuve et avait six enfants dont quatre filles et deux garçons. Hormis la benjamine qui était au CM2, les autres filles étaient mariées et les garçons fréquentaient le secondaire. Pascaline avait sa petite sœur mariée à un instituteur de "brousse". Cet enfant du nom de Nicolas avait obtenu son CEP et devait aller poursuivre son cursus au collège du chef-lieu de la province.
Pascaline y habitant, fut naturellement la tutrice de Nicolas. La benjamine de Pascaline avait aussi réussi son entrée en sixième. Ainsi, le cousin de la cousine fréquentaient le même CEG. C’est seulement pendant quelques jours avant la rentrée que Nicolas retournait chez ses parents pour revenir à la rentrée, c’est dire, que Nicolas et sa cousine Elise fréquentaient ensemble jusqu’en troisième. Ils étaient mûrs et Elise avait de vrais contours provocateurs. Nicolas qui avait déjà goutté à la chose avec des copains sur des copines qu’ils se passaient décida de s’offrir Elise. Nicolas avait pour nom Bonzi alors que celui de Elise était Kibora. C’est dire qu’entre Bwaba et Gourounsi il n’y avait aucun lien entre eux.
Nicolas brillait en classe alors que Elise filtrait avec les derniers. Nicolas réussit à la convaincre de se donner à lui, ce qu’elle accepta. Nos deux tourtereaux étudiant ensemble, Pascaline ne trouvait rien à dire quand Elise rejoignait certains jours son lit vers vingt-quatre heures. En fin d’année Nicolas décrocha du coup son BEPC et devait aller poursuivre ses études à Ouagadougou. Elise qui avait râté du coup son examen fut retenue comme redoublante.
A la rentrée, Pascaline constata que Elyse était devenue nonchalante et passait son temps à dormir. Elle fit appeler Elise dans sa chambre et lui demanda de se déshabiller. Elise fondit en larmes et raconta tout à sa mère. Le ciel venait de tomber sur la tête de Pascaline. Le lendemain, elle conduisit sa fille en consultation. Le verdict fut cinq mois de grossesse.
Le lendemain elle prenait un car pour rejoindre sa sœur et son épouse, les géniteurs de Nicolas. Sans passer par quatre chemins, le père de Nicolas déclara endosser la responsabilité. La petite sœur ne faisait qu’acquiescer ce que disait son époux. Maintenant, comment faire pour ne pas être la risée dans le secteur.
En effet, les voisines qui vivaient à l’écart s’étaient rendues compte du changement physiologique de Elise et attendaient Pacaline la donneuse de leçons. Quand il s’avéra que Elise ne pouvait plus suivre les cours au CEG, elle se cloîtra à la maison.
Ainsi, quand la mégère osait mettre le bout du nez dehors, les voisines en ironisant lui demandaient la santé de sa fille. Elle répondait évasivement : "beyê kayê ! ad komba ya woto". C’est dire que dans toute famille on trouve du tout et les enfants sont comme cela. Elle reprenait son chemin, tête baissée.
Aussi, évitons de critiquer les autres car on ne sait pas ce qui nous attend demain. Elise a donné naissance à un joli garçon que la petite sœur est venue récupérer neuf fois plus tard. Nicolas poursuit ses études comme toujours ....
Rakissé
Sidwaya
