De nos jours, des mariages se font et se refont sous l’œil aguicheur des « heureux » mariés. Le hic dans cette affaire, c’est que l’appât du gain facile entraîne des jeunes filles dans les bras de vieillards vachement riches. L’expérience a été amère pour Binta.
Binta était très belle. Belle à telle enseigne que les étoiles, la nuit tombée, se voilaient la face à son approche.
Tout le quartier l’admirait. Les jeunes se tapaient les sapes qui coûtaient les yeux de la tête pour susciter ne serait-ce que le regard de cette dulcinée qui ravageait tout sur son passage. Binta avait tout pour plaire. Ses yeux rondelets et son regard lucide ponctué par une démarche aguichante sous un corps enveloppant une stature fine, Binta suscitait la convoitise lorsqu’elle passait dans les ruelles du secteur avec ses 18 ans bien sonnés. De sa beauté, les jeunes l’appréciaient en commentant « Dieu a pris le temps nécessaire pour te créer, il n’a rien laissé au hasard ! »
Binta buvait la vie et « pétait » la forme rejetant toute demande en mariage venant des jeunes hommes du secteur.
Elle cherchait ailleurs quelqu’un de « feuillu », entendez qui est riche comme Crésus. Et elle l’a eu dans le vieux Moriba, richissime commerçant de son état, quinquagénaire bien sonné, « propriétaire » de trois femmes. Il demanda la main de Binta en faisant miroiter les « sous ». La famille fut épatée, Binta séduite. En un tour de main, du tac au tac, le mariage fut célébré avec faste et légende dans les rues de Ouagadougou.
La longueur du cortège nuptial, les bagnoles défilant à pas de tortue n’avaient d’égal que les millions investis pour célébrer les noces de Binta. Pour joindre l’utile à l’agréable, Moriba offrit une voiture de marque « Holly » à sa dulcinée qui ne savait même pas conduire. Problème mineur, un chauffeur fut mis à sa disposition pour ses courses et loisirs.
Une villa entièrement équipée lui a été offerte. Elle se la coulait douce sous la furia des autres coépouses. Pour ces dernières, Binta était une voleuse de mari. Mais, comme le bonheur a ce malheur d’être toujours suivi d’un drame, Binta n’aura pas le temps de savourer ce plaisir existentiel pendant longtemps. Trois mois seulement après le mariage, Moriba décédait suite à un accident de la circulation. Et le calvaire commença. La famille du richissime commerçant fondit à bras raccourci sur les biens de l’homme.
Dans leur furia, personne ne fut épargnée. Binta fut dépossédée de tous les biens acquis sous le toit de Moriba. Voulant faire de la résistance quant à la voiture « Holly » parce que cette dernière était en son nom, elle trouvera la mort suite à un accident de la circulation. Même sort que son mari alors qu’elle portait une grossesse de 3 mois. Son chauffeur est sorti blessé, il s’est rétabli plus tard. L’épopée de Binta s’est envolée en fumée et de la façon la plus tragique. L’argent ne fait pas le bonheur. Jeunes filles prenez en bonne note.
L’Opinion
