Actualités :: Circulation routière : Un chauffeur de taxi s’en prend à des VADS

Un incivisme crasse ! Voilà ce à quoi est soumise la société burkinabè. Si ce ne sont pas des « koglwéogo » qui séquestrent, rackettent et défient l’Etat, ce sont des individus qui prennent plaisir à bloquer toute circulation sur une route nationale ou encore des élèves qui, non contents d’avoir commis un acte ignoble de viol sur une fille, se jouent les braves en se mobilisant pour s’en prendre à la justice et à la sécurité publique pour libérer leur « camarade fautif »…

Au même moment où nous nous interrogeons sur ce qui se passe dans la société, c’est un spectacle de désolation entre un chauffeur de taxi et deux VADS (Volontaires adjoints de sécurité) qui vient abattre plus d’une personne, témoin de ce qui s’est passé. La scène se déroule en pleine circulation et vient soutenir l’affirmation de cet observateur pour qui, l’état d’esprit d’une société se mesure au comportement de ses membres dans la circulation. On peut, volontiers, lui concéder la pertinence de son observation. La circulation, surtout à Ouagadougou, résume bien tout cet incivisme criard sous lequel ploie le pays.

Il était un peu plus de 9h, ce mercredi, 16 mars 2016, lorsqu’éclata une bagarre farouche animée par de violents coups de poings, et sous les regards révoltés des nombreux témoins. Nous sommes au feu tricolore situé à l’entrée principale du Centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles De Gaulle de Ouagadougou. En cette matinée, le feu tricolore à cet endroit très fréquenté ne fonctionne pas. Les VADS postés à cette intersection prennent le relais pour réguler la circulation. C’est le moment qu’a choisi le taximan pour s’illustrer de la plus mauvaise manière en forçant le passage en direction de l’échangeur de l’est. Sans doute interpellé sur son comportement, l’homme va s’immobiliser à quelques mètres, sortir avec un marteau (notre position ne nous a pas permis de voir ce battant mais des responsables de structures de taximen l’ont certifié plus tard dans la soirée) et se diriger à vive allure sur les deux VADS. Face au danger, les deux éléments VADS se voient obligés de l’affronter. Il est rué de coups. Les nombreux témoins, constitués en partie des commerçants qui occupent ces endroits et autres visiteurs de l’hôpital, donnent leur caution et soutien aux VADS (ceux-ci sentant que le taximan est en difficulté face aux deux). Pas d’intervention donc pour le soustraire des coups. Du moins, de sitôt. Le bilan de cette scène hideuse fait un blessé du côté des VADS et le chauffeur également qui aurait été reçu dans un centre sanitaire pour des soins.

Du côté de la structure faîtière des taximen, c’est également l’indignation !

Un responsable de la Fédération nationale de syndicat des taximen est envoyé sur les lieux. Son compte-rendu est sans équivoque ; il ne trouve pas de mots justes pour qualifier le comportement du chauffeur en question. Contacté dans la soirée, un responsable de la structure faîtière a eu des propos durs à l’endroit de ce chauffeur. Dans un français approximatif, il qualifie cependant l’acte de « coups et blessures volontaires ». Il indique que des démarches seront entreprises pour demander pardon aux ‘’victimes’’ et ce, non sans avoir mis d’abord aux pas le fautif. « Le taximan a ‘’brûlé le feu’’, il a été interpellé et on ne sait pas si on lui a adressé des propos qui ne lui ont pas plu, mais toujours est-il qu’il n’a pas raison. Non content d’avoir fait ça, il part garer son taxi et revient pour frapper les VADS. Tous les témoins sur les lieux ont bien indiqué que le taximan n’a pas raison. Et d’après qu’il a fait sortir un marteau. Et pire, il a blessé le VADS et gâté son matériel de travail. Vraiment, vous voyez des irresponsables comme ça ? Si j’étais à la place du responsable syndical qui était sur le lieu, je n’allais pas laisser partir le taximan, j’allais le laisser et la police allait venir le chercher pour lui faire comprendre que les VADS ne se sont pas levés d’eux-mêmes pour venir s’arrêter sur la route. Ils sont recrutés par l’Etat pour nous aider dans la circulation ; ce sont des agents publics sur la voie. Ces VADS sont là pour le bien-être des populations ; ils se sacrifient, ils sacrifient leurs vies sous le soleil pour réglementer la circulation. Ces gens-là, ce sont nos petits frères, nos enfants, nos grands-frères. Avant qu’on demande pardon aux VADS, il faut lui faire comprendre d’abord et le sensibiliser. C’est honteux vraiment », s’est indigné ce responsable de la structure faîtière.

Les actes d’incivisme, le quotidien des VADS et des Forces de sécurité !

La question de l’incivisme en circulation s’est érigée en règle dans la capitale burkinabè. A telle enseigne que des VADS trouvent même normal, ce qui ne l’est pas en réalité. « Les injures sont tout à fait normales. Tous les jours que Dieu fait, les injures, on les a tellement supportées que ça ne dit plus rien », confie impuissamment un VADS contacté plus loin ; indexant les motocyclistes et surtout les taxis et les tricycles, comme ceux qui s’illustrent le plus en la matière. « Ce sont eux-mêmes qui circulent mal, ils ne respectent rien… et sont aptes à insulter et à menacer », souligne-t-il.

« Si on a recruté les VADS, c’est parce que la situation le recommande. Ils sont arrêtés au feu avec les policiers ou les gendarmes mais les gens ne les respectent pas, ils les agressent. Si fait que leur intégrité morale et physique est menacée », déplore un agent de Police. « Imaginez quelqu’un qui quitte chez lui pour son bureau et en cours de route, à cause de l’imprudence d’un usager, il se retrouve à l’hôpital. Pour un travailleur qui doit supporter ses soins avec son salaire…, vous voyez ce que cela peut avoir comme impact non seulement sur la famille de ce dernier, mais également sur son service et partant, sur toute la nation ? » Étaye-t-il avant de faire comprendre que ces VADS sont aussi des agents des forces publiques (au même titre que les agents de police). Il enchaîne les appels aux populations à plus de responsabilité en circulation. Il fait également comprendre qu’en plus des missions conjointes au niveau de la circulation, la présence de ces VADS permet aux agents de sécurité de vaquer à d’autres missions au profit des populations. « Il faut que les gens prennent conscience du minimum de prudence et de respect qu’il faut avoir en circulation ».

Les VADS ne sont pas les seuls à vivre les manifestations de cet incivisme ; les agents de police et de gendarmerie sont victimes au même titre que ces agents en violet. C’est dire donc que le phénomène a atteint une proportion indescriptible. Et face à cette ampleur, une implication des organisations de la société civile (OSC) dans la lutte pourrait être intéressante à envisager. Car, gagner cette lutte contre cet incivisme notoire n’est pas à négocier, c’est un impératif.

O.L.O
Lefaso.net

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