Actualités :: Déficit d’offre en infrastructures scolaires : Le gouvernement de la (...)

Le conseil des ministres du 17 février dernier a mis le doigt sur la plaie de l’insuffisance criarde des infrastructures scolaires au Burkina. Les moyens limités de l’Etat n’explique pas tout dans ce déficit chronique. L’irresponsabilité des décideurs du ministère de l’éducation y est pour beaucoup. Des projets de réalisation d’infrastructures scolaires initiés ces trois dernières années n’ont pas abouti dans leurs mises en œuvre par manque de rigueur dans leur suivi. Sur le sujet, le gouvernement de la transition n’a pas brillé par son exemplarité.

L’une des raisons du mauvais classement du Burkina sur l’échelle de l’indice du développement humain (IDH) du PNUD, 183e pays sur 188 à la fin 2014, c’est le faible développement des secteurs sociaux dont celui de l’éducation. Il est vrai que le taux de scolarisation a été porté de 32 à 87% ces 25 dernières années mais de nombreuses difficultés handicapent toujours la performance de ce secteur névralgique du progrès social et du développement. En effet, depuis l’aube des temps, de l’homo erectus à l’homo economicus, en passant par l’habilis et le sapiens, l’être humain est le moteur des progrès culturels, économiques, scientifiques et technologiques, facteurs de développement. Il est le premier capital de tout projet de développement social et économique. Rien d’étonnant alors que tous les décideurs politiques, proclament un credo aux accents de sacerdoce en faveur de la valorisation du capital humain. Quoi d’autres que l’éducation, la formation et la professionnalisation pour bonifier ce capital ?

Malheureusement, des intentions de valoriser le capital humain à la réalité de mettre en œuvre des politiques idoines en la matière, il y a un fossé, cimetière de projets ambitieux ou miroir de l’incurie crasse de démagogues invétérés. Cimetière ou miroir, on n’est toujours triste d’aller à l’un et pas plus joyeux devant l’autre, quand il nous renvoie les disgrâces de notre image.

A ce propos, le compte rendu du dernier conseil des ministres a mis à nu l’incroyable dilettantisme des autorités précédentes en charge de l’éducation nationale notamment dans la construction des infrastructures éducatives. Un dilettantisme à l’opposé du discours officiel d’alors. Jugez en vous-même ! Selon les termes du communiqué de compte rendu du conseil des ministres du 17 février 2016, le bilan de construction des infrastructures éducatives fait par le ministre de l’éducation Nationale et de l’Alphabétisation « fait ressortir 12 complexes scolaires et 48 salles de classe prévues en 2013, 119 complexes scolaires, 155 salles de classe et 352 salles de classe progressives programmées en 2014, non livrés à la date du 22 octobre 2015. Il était également prévu la réalisation en 2015, de 729 salles de classe au profit du primaire, 05 Centres d’éducation non formelle, 10 centres permanents d’alphabétisation, 4 cyber-classes, 2 magasins de vivres et une maison communautaire ». Des réalisations là aussi non livrées. Conséquences, « on dénombre 4353 salles de classe sous paillotte en 2015 et une multiplication du nombre de salles d’emprunt », précise le compte rendu du conseil des ministres.

L’administration étant une continuité, le gouvernement Paul Kaba Thiéba doit travailler à résorber ce faible taux d’exécution des infrastructures programmées. On ne sait pas précisément quelles instructions le conseil des ministres a données au ministre Jean Martin COULIBALY en charge de l’éducation nationale, mais à l’évidence, il doit travailler à éviter les erreurs ou les fautes de ses prédécesseurs afin que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. En effet, le conseil des ministres a vite fait de lui intimer l’ordre « de prendre les mesures diligentes en vue de remplacer progressivement toutes les classes sous paillotte par des constructions pérennes » que cela ne se fera pas d’un coup de baguette magique. C’est pourquoi à défaut de précisions données par le compte rendu du conseil des ministres sur le pourquoi du faible niveau du taux d’exécution des infrastructures scolaires qui devaient être construites entre 2013 et 2015, on aurait voulu entendre les techniciens du département chargé du domaine. A quoi est dû ce faible taux d’exécution des travaux de réalisation des infrastructures scolaires ? Est-ce les entrepreneurs qui ont été défaillants ? Auquel cas, il faut revoir leur contrat, au besoin les résilier et travailler à ce que l’Etat entre dans ses droits. Est-ce l’Etat qui a été défaillant par une mauvaise programmation, l’absence d’allocation de ressources et/ou dilapidation de budgets ? Si oui, il faut là aussi sévir contre les auteurs de ces manquements afin que leurs mauvais exemples ne fassent pas tâche d’huile
Au-delà du faible niveau du taux d’exécution des infrastructures scolaires programmées, il y a également la qualité douteuse de celles achevées et livrées. De fait, que d’écoles, de CEG et de lycées ont vu leurs toitures s’envoler, leurs clôtures s’écrouler avec les premières pluies d’hivernage alors que leurs bâtiments venaient d’être inaugurés ! Il y en a beaucoup et les faire réparer traine souvent avec des conséquences quasi similaires à celles des salles de classe sous paillotte.

Voilà le gouvernement Thiéba prévenu ! Il ne devra pas confondre vitesse et précipitation dans son pari de résorber le déficit d’offres des infrastructures éducatives. Il aura moins d’excuse de n’avoir pas su tirer leçon du dilettantisme et de l’incurie de ses prédécesseurs. On attend de voir !

Derbié Terence Somé

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