Actualités :: Haro sur les incivismes !

Dépassement à droite, excès de vitesse, non respect des feux tricolores, etc., l’incivisme dans la circulation routière est devenu le sport favori des citadins. Résultat : des accidents en cascades, plus ou moins graves.

Dans son discours d’investiture le 29 décembre 2015, le nouveau président du Faso, Roch Kaboré, a rappelé que son programme, Bâtir avec le Peuple, un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice », « devenu par l’onction populaire, le programme du président de tous les Burkinabè, ambitionne de répondre à cette quête de justice, de transparence, de démocratie et de prospérité partagée ». Pour réussir l’implémentation de son programme, il a appelé ses compatriotes à « reconnaitre à l’Etat sa place et son rôle prépondérants dans la conduite des affaires publiques, son autorité, toute son autorité dans le fonctionnement harmonieux et régulier des institutions républicaines ». Il les a invités aussi à combattre « l’incivisme, la remise en cause de l’autorité de l’Etat, et d’une manière générale, le non-respect de la loi ».

Si le prochain gouvernement se décide réellement à combattre les incivismes qui minent la société burkinabè, il aura de quoi s’occuper à plein temps, 7 jours sur 7 et 12 mois sur 12. A commencer par celui qui est le plus visible, l’incivisme dans la circulation routière. On a déjà raconté ici même en avril 2012, le spectacle ahurissant qui se déroule quotidiennement sur les routes et rues de Ouagadougou. (http://lefaso.net/spip.php?article47397). Depuis lors, la situation a beaucoup changé, négativement. On assiste toujours à des scènes inouïes où des individus, dans un mépris des règles élémentaires du code de la route qui frise l’inconscience, mettent en danger leur vie et celle des autres. Tel ce monsieur qui, voulant grappiller quelques secondes, a brulé le feu et est parvenu à éviter de peu une tragédie : il transportait une femme enceinte ! Ou cette dame à moto, avec un enfant devant elle, le nez pratiquement sur le guidon, deux autres derrière et qui, à environ dix mètres du feu déjà à l’orange, accélère pour traverser et se retrouve prise en grippe par les usagers venant dans le sens opposé. Lorsque le feu passe à l’orange, faut-il le rappeler, on n’accélère pas, on ralentit.

Il n’est pas rare non plus, de tomber sur des jeunes à bord de grosses cylindrées, se livrant en toute inconscience à des rodéos sur certaines principales artères de la ville de Ouagadougou. Ignorance ou incivilité, des automobilistes choisissent de rouler à gauche, obligeant les autres à faire les dépassements à droite. Tout le contraire de ce qu’ils ont appris dans les auto-écoles !
Des comportements de ce genre, tout usager de la route en est témoin tous les jours, parfois sous le regard impuissant des forces de police, privées de moyens pour faire respecter la loi. La restauration de l’autorité de l’Etat dont parle le président Roch Kaboré doit commencer par là et c’est sur ce terrain que le changement que lui et son parti ont promis peut être visible dès la première année.

D’après la gendarmerie nationale, 1378 cas d’accident dont 341 décès ont été enregistrés en 2014, soit une baisse de 611 comparativement à l’année 2013.
Elle précise que sur les quatre dernières années, 2011 aura été la plus meurtrière avec 576 décès pour 2226 cas d’accidents.
Dans la plupart des cas, c’est l’homme qui est la cause de ces accidents qui endeuillent les familles ou qui condamnent à vie certaines victimes dans des fauteuils roulants.

« Je suis le premier à savoir que le retour indispensable à la normale ne sera pas facile », reconnait le président Kaboré, mais le taux de participation aux dernières élections (59,87%) et son score à la présidentielle (53,46% des suffrages exprimés) lui donnent la légitimité démocratique de prendre toutes les mesures appropriées pour éradiquer ce fléau qu’est la délinquance routière. Sur le court terme, une vaste campagne d’information et de sensibilisation pourrait, dans un premier temps être lancée sur les conséquences du non respect du code de la route, en mettant à contribution l’Office national de sécurité routière (Onaser). La diffusion à la télévision de sports publicitaires chocs qui avait été suspendue à la demande du Conseil supérieur de la communication (CSC) doit reprendre et être renforcée par l’affichage public d’images à caractère pédagogique. Dans un deuxième temps, l’Etat devra être impitoyable avec ceux qui sont réfractaires au respect des règles de la vie en société. Il faut donner plus de moyens motorisés aux forces de police pour qu’elles puissent prendre en chasse les voyous qui ne respectent pas le code de la route. Les sanctions aux infractions doivent être suffisamment fortes pour à la fois punir les fautifs, et dissuader les délinquants en puissance.

Sur le long terme, le ministère de l’Education nationale est appelé à jouer un rôle central en inscrivant l’apprentissage du code de la route dès l’école primaire. L’idée a été développée durant la campagne électorale par la candidate Françoise Toé. Autant les enfants acquièrent une certaine liberté dans leur déplacement lorsqu’ils disposent de mobylette ou de vélo, autant il est indispensable qu’ils aient un minimum de connaissance des règles de la circulation routière. Que signifie exactement la priorité à droite et comment l’appliquer au quotidien ? Pourquoi faut-il signaler suffisamment à temps quant on veut changer de direction et pourquoi au feu, il ne faut pas se positionner à droite alors qu’on veut tourner à gauche et vice versa ? La réponse à ces questions ne relève nullement du bon sens et grâce à l’initiation du code de la route à l’école, on peut espérer que nos enfants deviennent de bons usagers. Les adultes usagers des deux roues pourraient également bénéficier d’une formation au code de la route, une obligation pour les conducteurs de tricycles et le volontariat pour les autres.

La sécuritaire routière doit être érigée en cause nationale. En six mois, l’étranger qui arrive dans notre pays doit pouvoir constater qu’assurément, rien ne se passe comme avant, et que le changement qualitatif est en marche.

Joachim Vokouma
Lefaso.net (France)

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