Actualités :: Pascal VOKOUMA (SKYVISION) : « Un Cloud gouvernemental, sans un accès (...)

Le 12 novembre 2015, le gouvernement burkinabè a lancé le projet de G Cloud pour augmenter la connectivité Internet au profit de l’administration. Quelques jours plus tôt, le Burkina tenait ses premières assises sur l’économie numérique. Sur ces différentes initiatives qui visent la redynamisation du secteur des TIC, nous avons rencontré un professionnel du secteur pour avoir son appréciation.

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Merci de me donner cette opportunité d’échanger sur les TICs dans mon pays. Je suis VOKOUMA Pascal, Administrateur de sociétés, Président du Conseil d’Administration de la société fournisseur d’accès Internet « Internet Puissance Plus », Secrétaire Général Adjoint du Réseau des Professionnels des TICS ( RPTIC) , Administrateur et Directeur Général du Groupe SKyvision Global Network pour le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo.

Quelles sont les activités de Skyvision ?

Skyvision est un Opérateur international de Télécommunications spécialisé dans les TICS notamment la transmission des données, la vidéo et la voie ainsi que la fourniture d’accès Internet à travers des technologies telles que le Satellite ( VSAT), le MPLS ( la fibre optique) et la BLR ( Radio fréquence).

En tant qu’acteur du secteur des TIC, comment avez-vous accueilli les premières assises l’économie numérique qui se sont déroulées récemment ?

Avec beaucoup de joie car nous l’attendions depuis plusieurs années en ce sens que nous estimons que notre pays était à la traine en matière de TICs malgré le fait que nous avions été initiateur de plusieurs projets innovants en la matière en Afrique. Il était donc temps que le Politique se décide à faire le diagnostique et comprendre ce qui n’a pas marché et trouver des pistes. En cela, je salue la démarche du ministre des TICS qui a eu l’initiative de ces assises.

Que pensez-vous des conclusions ?

Je rejoins le Ministre du Département des TICS pour dire que ces conclusions ne devront pas dormir encore une fois dans les tiroirs, et la tenue d’une veille biennale permettra effectivement d’être plus proactifs. Certains points de ces conclusions ont été déjà soulevés par le passé mais n’ont pas été suivis d’actes concrets. Pour ma part, la volonté politique est l’unique chance qu’aura notre pays pour être dans le concert des nations en ce qui concerne les TICS. Nous ne pouvons plus rester en marge des TICS comme outils de développement économique et social. J’approuve ces conclusions et espère que tout sera mis en place pour leurs applications. Tout se résumant en trois mots : INFRASTRUCTURES, REGLEMENTATION et RESSOURCES HUMAINES.

Le Burkina vient de lancer le G-Cloud, comment appréciez-vous cette initiative ?
C’est une bonne initiative. Toutefois nous devons aller jusqu’au bout de notre démarche. Il ne faut pas s’arrêter à l’effet mode parce que beaucoup d’autres pays ont lancé leur Cloud. C’est un outil qui permettra l’optimisation dans le travail mais cela exige un investissement dans des infrastructures opérationnelles et disponibles au niveau de tous les acteurs de ce G-Cloud. Un Cloud gouvernemental sans un accès Internet et des infrastructures d’accès fiables et disponibles sera un échec. N’oublions pas qu’avec le G-Cloud, l’Etat décide de ramener toutes ses données en un seul point accessible via Internet ou accès direct radio. Imaginons maintenant que l’internet ne soit pas disponible ou de mauvaise qualité ou que les accès directs soient défaillants, cela suppose que vous ne pouvez plus travailler d’où le risque de perte de temps et de mauvais résultats. Avons-nous les moyens de cette politique d’investissements, les acteurs sont ils assez formés pour exploiter, maintenir de façon efficiente cette opportunité technologique ?

Vous qui êtes un fournisseur d’accès Internet, comment appréciez-vous l’état de la connectivité au Burkina ?

L’utilité d’internet, c’est la possibilité de se connecter aisément au monde. Ce que nous appelons dans notre jargon « le Backbone ». Tant que nous n’allons pas résoudre ce problème de connectivité au Backbone international, l’Internet restera malheureusement pour le Burkina un luxe et sa vulgarisation, un leurre.

Comme rappelé plus haut, nous avons cette manie de prendre tout notre temps pour faire avancer les projets. Le Projet « PRICAO » qui nous donne l’opportunité d’avoir notre accès au Backbone international à travers un financement Banque Mondial n’est toujours pas opérationnel malgré l’engagement pris par les opérateurs privés, etc…. On parlait de ce projet il y a quelques années déjà au même moment le Bénin a pu rendre le leur opérationnel, la Guinée est venue plus tard et est aujourd’hui opérationnelle, je pourrai en citer encore.

Pour faire face à cette situation des opérateurs satellitaires comme SKyvsion propose des solutions d’accès internet qui n’ont pas besoin que ce backbone soit sur le territoire national mais qui malheureusement ont un coût élevé même si nous faisons des efforts pour les faire baisser d’année en année. Il y a aussi des ISP qui sont obligés de construire des segments de connexion avec des pays comme le Ghana pour aller chercher cette capacité de Backbone qui malheureusement reste encore élevée.

Les usagers sont confrontés souvent à une mauvaise qualité des solutions de connexion proposées, comment expliquez-vous cela ?

La mauvaise qualité réside aussi bien dans la qualité de l’infrastructure de l’usager mais aussi dans celle de la gestion de la capacité internet distribuée par le fournisseur de l’accès Internet. Pour que les usagers aient un accès, on utilise plusieurs types d’infrastructure qui posent souvent des problèmes de stabilité (interférences, coupures électriques, etc….). Toutes choses qui influencent la qualité de l’accès aux équipements du fournisseur d’accès internet. A cela il faut ajouter le fait que les fournisseurs d’accès Internet, pour rentabiliser leurs investissements, sont obligés de pratiquer des taux de contentions ou taux de partage de la capacité qui sont très élevés au détriment de la qualité de l’internet que les usagers reçoivent sur leurs équipements. On a des taux qui dépassent les 1 pour 30. En clair vous avez 1 Mbps pour plus de 30 accès simultanés soit environ 34 kbps pour chacun. Il est évident qu’à cette vitesse la qualité ne pourra qu’être mauvaise. Tant que l’accès au Backbone ne sera pas effectif avec un coût raisonnable et une quantité importante de capacité disponible, les usagers seront toujours confrontés au problème de qualité.

Quelles perspectives voyez-vous au secteur des TIC dans les années à venir ?

De par les conclusions de ces assises, je reste optimiste car je présage que la volonté politique est à pied d’œuvre pour mettre les TICs à la place qu’il faut. Ces assisses se sont tenues dans un environnement politique de transition et j’ose espérer que le nouveau gouvernement prendra fait et cause de ces conclusions afin que nous allions de l’avant en matière de TICS. Cependant des projets prioritaires comme le PRICAO , dont un travail colossal a été abattu par les responsables pour nous permettre déjà de recevoir et de façon gratuite ( financement Banque Mondiale ) de la capacité fibre optique à partir d’un backbone international directement au Burkina, ne doivent plus souffrir de retard dans leur mise en œuvre. Des partenaires internationaux existent et sont prêts pour accompagner le Burkina dans la mise en œuvre de sa politique de développement des TIC. Le cadre réglementaire devra être assoupli pour permettre des coûts supportables et une meilleure vulgarisation. Clairement dit, nous ne devons plus attendre ; Il faut se lancer.

Cyriaque PARE
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