Actualités :: Fonds commun : « Nous ne demandons pas de déshabiller Pierre pour habiller (...)

Le Syndicat national des agents des finances (SYNAFI) a observé un sit-in du 11 au 13 août 2015. Pendant ces trois jours il observait un arrêt de travail de 7 heures à 11 heures pour exiger une répartition équitable du fonds commun. Dans cet entretien, le chargé de la mobilisation et de la communication, Oumtana Souleymane, dresse le bilan des sit-in. Il revient aussi sur les raisons de leur lutte.

Lefaso.net : Quel bilan faites-vous des trois jours de sit-in ?

Souleymane Oumtana : En termes de bilan, nous sommes à un taux de plus de 95% de participation. Au départ, on était entre 65 et 70%. Mais avec la sortie de la ministre déléguée, beaucoup de nos responsables se sont sentis interpellés. Ce qu’elle a dit est tout sauf la vérité. C’est le corps même qui est menacé. Les gens ne comprennent pas ce que nous demandons. Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question d’équité. Nous ne voulons pas de ce Fonds commun (FC) de solidarité. Nous voulons qu’on nous dise si l’on a droit ou pas. Si on n’a pas droit qu’on ne nous le donne même pas. Mais qu’on nous dise pourquoi et que ce pourquoi-là tienne.

Lefaso.net : Qu’est-ce que cela a permis comme avancée dans les négociations avec le ministère ?

Souleymane Oumtana : Le dialogue a été renoué avec les autorités. La ministre déléguée disait qu’on a rompu le dialogue. Nous avons dit clairement que nous ne sommes pas contre le comité qu’ils vont mettre en place au niveau du premier ministère. Mais nous disons qu’il n’est pas question de faire une quelconque discrimination pour ce FC. Le même ministre a fait la même chose dans le passé mais il avait donné des explications qui tenaient. Les militants voulaient aller en mouvement nous avons dit non, parce que ce n’était pas de sa gestion. Nous avons expliqué ça aux militants pour qu’il n’y ait pas de mouvement. Cette fois-ci, il doit tenir les promesses qu’il a faites.

Lefaso.net : Que répondez-vous à ceux qui disent que le FC, comme vous l’appelez, ne vous était pas destiné et que c’est par solidarité que vous en bénéficiez aujourd’hui ?

Souleymane Oumtana : Le ministre Bembamba (précédent ministre de l’économie et des finances, ndlr) a fait comprendre à certains éléments du ministère que le FC appartient aux régies des recettes et que c’est par solidarité qu’ils font de l’extension aux éléments des régies des dépenses. Ce qui est archifaux. Au départ, le FC c’était pour le trésorier payeur général. Celui-ci donnait ça aux responsables qu’il voulait. Il appelait cela « côte de popularité ». Par la suite, les agents ont lutté et ils ont étendu cela aux « A » (fonctionnaires de la catégorie A, ndlr) au niveau du trésor. Ensuite, ils ont étendu ça à tout le monde. Les autres aussi ont mené la lutte et chacun a eu pour lui.
Le ministère de l’économie et des finances, c’est un tout. Il y a ceux qui sont chargés du recouvrement, ceux qui sont chargés de gérer la trésorerie et ceux qui sont chargés de faire les dépenses. Donc chacun est spécifique. En ce qui concerne les régies de recettes, ce sont les recettes de porte effectuées par la douane, les recettes intérieures effectuées par la DGI (direction générale des impôts, ndlr), la gestion de la trésorerie effectuée par le Trésor. Nous, nous avons jusqu’à trois ou quatre rôles dans ce travail. Premièrement pour qu’on aille faire le recouvrement, il faut qu’il y ait le budget. C’est nous qui élaborons le budget. Deuxièmement nous exécutons la partie recettes en ce qui concerne la mobilisation des ressources extérieures. Donc si c’est le recouvrement, nous aussi nous faisons des recouvrements. Ce sont ces recettes extérieures qui sont affectées à de grosses dépenses qui ont des rendements à long terme. Nous exécutons le budget, nous contrôlons l’exécution du budget. Nous avons plusieurs pans. Nous ne sommes pas contre qui que ce soit. Nous ne demandons pas à l’autorité de déshabiller Pierre pour habiller Paul. C’est ce que nous avons toujours clamé. Mais nous refusons d’être discriminés au sein de ce ministère.

Lefaso.net : Vous ne pensez pas que les autres prennent plus de risques que vous ?

Souleymane Oumtana : Il faut le reconnaitre, ils prennent des risques. Mais ils n’ont pas le monopole du risque au niveau du ministère. Eux ils sont confrontés à des contribuables et souvent ils sont accompagnés par des forces de l’ordre. Nous, nous participons aux recouvrements, aux commandes publiques, nous ne sommes pas accompagnés par des forces de l’ordre. Si chez eux ce sont les contribuables qui les menacent, chez nous la menace est permanente. La proposition de corruption aussi. On a plein de collègues qui ont été menacés par des opérateurs. Au feu souvent ils nous insultent comme quoi c’est à cause de nous qu’ils n’ont pas eu tel ou tel marché. On a des collègues qui ont perdu la vie dans ces situations. Lorsque nous allons pour le financement extérieur, il faut que le projet soit nourri. Il faut connaitre bien le projet, les procédures du bailleur et savoir bien parler. Ceux qui vont faire ces négociations prennent des avions. Ce sont des risques aussi, les avions peuvent faire des crashs. Ailleurs ils ont des moyens que l’Etat met à leur disposition pour les recouvrements. Nous, nous allons avec nos propres engins pour les réceptions. On a des collègues qui vont à des centaines de kilomètres pour faire des dépouillements. C’est pour dire que le risque est permanent chez nous aussi. Et puis nous ne sommes pas confrontés seulement aux opérateurs. Parfois les mêmes ministres nous menacent.

Lefaso.net : On a longuement parlé du Fonds commun, de sa répartition équitable. Mais combien de francs vaut ce FC ?

Souleymane Oumtana : Je suis gêné de ne pouvoir pas donner une réponse. Lorsque vous laissez le doute planer, cela laisse libre court à l’imagination. Et là il n’y a pas de limite. On peut imaginer n’importe quel chiffre qu’on veut. Je ne peux vous donner de chiffre. Je n’ai accès aux chiffres que dans le cadre exclusif du travail que je fais. Tout autre usage est prohibé. Je suis au grand regret de ne pouvoir vous annoncer le montant. Mais je reste convaincu que si les gens avaient ces chiffres, à notre place, il n’y a pas celui qui va rester assis. Il n’y en a pas. Il n’y a pas celui qui va être victime de cette discrimination et rester sans rien faire.

Lefaso.net : Quel est l’impact du sit-in sur le fonctionnement du ministère ?

Souleymane Oumtana : Les conséquences des trois jours de sit-in sont énormes. Nous sommes considérés comme la police financière au sein des Commissions d’attribution des marchés (CAM). Les CAM siègent autour de 9 heures. A cette heure, les agents étaient en sit-in durant les trois jours. C’est la même chose pour les réceptions. Cela signifie que pendant ce temps-là, il n’y avait pas de policiers aux feux. Donc Dieu seul sait ce qui peut se passer dans ces conditions. J’ai personnellement découvert des manigances dans ces affaires. A cela s’ajoutent les factures qui dorment au niveau des bureaux. Je prends le cas du contrôle financier. Il y a des communes qui font des centaines de kilomètres pour venir déposer des dossiers. S’ils viennent trouver que c’est fermé, c’est une perte pour l’individu et pour la collectivité. Je prends le cas de la Direction générale du budget (DGB), vous partez pour déposer ou faire des mouvements budgétaires, s’il n’y a personne pour vous recevoir, ça joue négativement.

Lefaso.net : Le dialogue renoué, est-ce que vous allez surseoir à la grève des 19 et 20 août 2015 ?

Souleymane Oumtana : Tout ce qui avait été annoncé est maintenu jusqu’à nouvel ordre. Il n’y a pas eu de propositions, n’en parlons pas de discussion sur ces propositions. Nous estimons que le dialogue est renoué mais le but n’est pas de dialoguer pour dialoguer. C’est de parvenir à un accord. Nous espérons que les autorités iront dans ce sens-là. Nous sommes conscients de l’épreuve que ça représente pour la population, notre souhait est que les choses finissent le plus tôt possible.

Propos recueillis par Judicaël Gaël Lompo
Lefaso.net


Le fonds commun, combien de milliards de francs CFA ?

L’opinion publique assiste depuis quelques jours aux accusations par médias interposés entre le ministère de l’économie et des finances notamment la ministre déléguée en charge du budget et le Syndicat national des agents des finances (SYNAFI). Tous veulent prendre l’opinion publique à témoin. Mais personne ne veut déclarer combien peut valoir ce qu’ils appellent « fonds commun ».
Aux responsables du SYNAFI à qui nous avons expressément posé la question, il nous a été répondu que c’est un secret professionnel. Du côté du ministère, même attitude : motus et bouche cousue. Certaines sources, non vérifiables, parlent de 20 milliards, d’autres de 80 milliards. Et impossible de démêler le vrai du faux.

Aujourd’hui, l’accent est mis sur la répartition équitable du butin, si bien que la raison pour laquelle il a été créé est secondaire. Selon les explications des concernés par la question ce fonds commun, qui est aujourd’hui au centre de la crise au sein du ministère de l’économie et des finances, il est issu des pénalités sur les taxes payées par le contribuable. Il était jusqu’en 2011 reparti entre les services des impôts, des douanes et de quelques catégories de personnel dudit ministère. Et en principe, ce moyen de motivation à pour objectif de mettre l’agent des impôts à l’abri de la corruption. Mais Dieu, et les rapports réguliers du RENLAC savent ce qu’il en est !

Si cet argent qui fait polémique vient du contribuable, alors il est important que les citoyens sachent combien il vaut. Si le budget de l’Etat est connu pourquoi faire tant de mystère autour du fonds commun ? Même les fonds secrets de certaines institutions appelés fonds de souveraineté ou "caisses noires" ne sont pas entourés d’autant de mystère !

Puisque cette affaire qui devrait être réglée au sein du ministère de l’économie et des finances, est étalée sur la place publique, qu’on aille jusqu’au bout et qu’on nous déclare à combien il est estimé. Qui y a droit, dans quelles conditions et dans quelle proportion. Ainsi l’opinion publique comprendra davantage le problème. Etant donné qu’il ne s’agit pas de salaires et que la somme peut varier, on pourrait donner au moins une estimation ; pour que l’opinion se fasse une idée un peu plus précise de la pomme de discorde.

J.G.L
Lefaso.net

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