Actualités :: Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « (...)

Le 7 mai 2015, le peuple burkinabè, auditeurs, téléspectateurs et hommes des médias en particulier, a appris avec consternation la décision du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) suspendant « les émissions d’expression directe sur les radiodiffusions sonores et télévisuelles à l’exception des programmes portant sur la santé et ceux à caractère ludique, sentimental et culturel » pour « une durée de trois (03) mois à compter du jeudi 07 mai 2015 ».

Pour le CSC, cette décision fait suite à de « nombreux dérapages » dans « la conduite et le contenu desdites émissions malgré les actions pédagogiques entreprises à l’endroit des animateurs et du public ». Elle est « particulièrement motivée par le souci d’assurer un climat apaisé et propice à la cohésion sociale en cette période sensible de la vie de notre pays ».

L’AJB marque son étonnement et sa surprise face à cette décision qui intervient trois jours seulement après la commémoration de la Journée internationale de liberté de la presse.

Cette journée du 3 mai, faut-il le rappeler, a pour objectifs d’évaluer l’état de la liberté de la presse dans les différents pays, d’interpeler les différents gouvernements sur le respect de la liberté consacrée dans leurs lois et de rendre hommage aux journalistes assassinés dans l’exercice de leur fonction.

Dans sa déclaration à l’occasion du 3 mai, le Centre national de presse Norbert Zongo, dont l’AJB est partie prenante, a relevé qu’il n’y a pas d’embellie en matière de liberté de presse au Burkina Faso.
L’AJB nourrissait l’espoir que cette embellie viendrait avec le temps. Visiblement, le CSC, par cette décision, vient anéantir cet espoir légitime de l’ensemble de la presse burkinabè.
L’AJB relève le caractère paradoxal et liberticide de la mesure qui émane de l’instance de régulation censée « promouvoir la liberté d’expression et le droit à l’information » selon ses attributions. Cette décision survient dans un contexte marqué par une transition gouvernementale et politique.

Le peuple burkinabè considère que la liberté d’expression fait partie des conquêtes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Il estime légitimement que les émissions d’expression directe sont des moyens pour lui de participer à la vie démocratique et citoyenne.

Interdire ou suspendre ces espaces d’expression directe, c’est lui priver non seulement du droit à l’expression, mais aussi du droit de contribuer à l’orientation et aux décisions politiques le concernant. Du reste, l’enquête 2013-21014 sur l’état de la liberté de presse au Burkina Faso, diligentée par le Centre national de presse Norbert Zongo, indique que 32,14% de Burkinabè définissent comme critère de la manifestation de la liberté de presse, l’accessibilité des médias par les citoyens à travers notamment les émissions interactives.

Au regard du contexte dans lequel intervient cette décision et eu égard à l’importance que la population accorde à ses émissions, la décision du CSC est une atteinte grave à la liberté d’expression et de presse.

L’AJB s’était inquiétée des microprogrammes du CSC dans lesquels la population était invitée à ne pas croire aux médias et à vérifier elle-même l’information.
Visiblement, c’était pour convaincre l’opinion qu’il a entrepris des « actions pédagogiques à l’endroit des animateurs et du public » et une fois cette phase de sensibilisation terminée, il est passé à la répression.

L’AJB se rappelle aussi qu’en 1999, le même CSC avait interdit les émissions interactives similaires tels que « ça ne va pas », « Sondages démocratiques » et avait mobilisé la police pour faire appliquer cette décision. Le directeur de Horizon FM n’a dû son salut, à l’époque, qu’à son exil.

Certes, cette fois-ci, la décision n’est pas encore assortie d’usage de la contrainte policière, mais on est en droit de s’inquiéter au regard du caractère collectif de cette décision. Rien n’empêche de penser que le CSC, au motif « d’assurer un climat apaisé et propice à la cohésion sociale en cette période sensible », peut prendre un arrêté pour interdire tout débat en studio ou en plateau.

Au regard de ce qui suit, l’AJB dénonce cette atteinte grave à la liberté d’expression si chère aux journalistes et pour laquelle Norbert Zongo a donné sa vie.

L’AJB demande au CSC et à l’ensemble de ses conseillers de lever purement et simplement cette décision liberticide, impopulaire et inopportune.

L’AJB appelle les pouvoirs publics à la relecture des textes relatifs au CSC en vue de lui ôter ses compétences de suspendre les organes de presse et tout autre émission, pour les transférer à la justice.

Pour le Bureau

Le président
Guézouma Sanogo

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