L’Institut Supérieur des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication a abrité le jeudi 19 mars, la soutenance de mémoire de Mireille Tougouma. Suite au constat que la majorité de ceux qui exercent la fonction de DCPM étaient des journalistes, elle a mené une étude sur le thème : « Du journalisme à la communication institutionnelle : le profil du DCPM dans le dispositif de la communication gouvernementale ». Elle a obtenu la note de 16/20 et est désormais Conseiller en science et techniques de l’information et de la communication.
Initialement prévue pour 10h, c’est finalement aux environs de 11 heures que, Mireille Tougouma a soutenu son mémoire de fin de cycle sur le thème « Du journalisme à la communication institutionnelle : le profil du DCPM dans le dispositif de la communication gouvernementale ». Le jury composé du Dr Firmin Gouba, président du jury, du Dr Cyriaque Paré, directeur de mémoire, et de M. Antoine Kiemdé lui a d’abord permis de faire une brève présentation de son travail, avant de passer à la phase des observations et des questions.
L’étude de Mireille Touugma est partie du constat que la majorité de ceux qui exerçaient la fonction de DCPM ont une formation en journalisme et non en communication. Pour elle, « un journaliste n’est pas un communicateur et un communicateur n’est pas un journaliste ». Elle a donc voulu démontrer que les DCPM des ministères, n’étaient pas assez outillés pour assurer la communication gouvernementale. En plus de cela, leur rôle est souvent mal compris. L’étudiante a donc mené une enquête avec l’ensemble des DCPM des 26 ministères et de 10 institutions publiques de l’Etat pour mieux analyser leur place. Elle a aussi souligné les difficultés qu’elle a rencontrées dans ses recherches, notamment l’indisponibilité de certains de ses enquêtés.
Les membres du jury lui ont à la suite, fait des critiques. Pour le Dr Firmin Gouba « il n’était pas évident avec un tel sujet, de trouver un fil conducteur pour le traiter de manière originale ». En plus de cela, les membres du jury lui ont demandé de nuancer certains propos car tous les domaines se rejoignent dans la communication.
Elle a finalement obtenu la note de 16/20, avec les encouragements du jury.
Résultats de l’enquête
L’importance de la communication n’est plus à démontrer dans la société actuelle marquée par la mondialisation et le besoin de plus en plus exprimé de démocratie, lui-même facilité par les nouveaux espaces d’expression citoyenne offerts par les technologies de l’information et de la communication. De plus en plus exigeants vis-à-vis de leurs dirigeants, les citoyens disposent désormais d’une diversité de moyens pour se faire entendre. Dans ces conditions, communiquer se présente comme un impératif pour tout gouvernement, soucieux d’éviter la fracture avec son opinion publique. Pour l’impétrante, « mauvaise communication rime avec perte de crédibilité, voire risque de troubles, en témoigne notamment la crise socio politique et militaire qui a secoué le Burkina en 2011 ».
Au Burkina, c’est par un décret présidentiel du 17 décembre 1997, que le gouvernement a décidé d’institutionnaliser la communication gouvernementale. L’application de ce décret consacra officiellement dans les différents ministères des DCPM qui dans les faits existaient déjà dans certains départements depuis les indépendances et exerçaient sous l’appellation de correspondants de presse. De façon générale, les missions et attributs des différentes DCPM sont les suivantes :
élaborer une stratégie de communication du ministère avec ses partenaires,
traiter la revue quotidienne de presse,
gérer les relations avec les organes de presse,
gérer les relations avec les institutions partenaires,
assurer la couverture médiatique des activités,
assurer la mise en place d’une documentation et des statistiques de presse en rapport avec les activités du ministère,
assurer la circulation de l’information à l’interne.
Cependant sur le terrain, il y a un grand décalage entre les attributions des DCPM et ce qu’ils font. Les tâches du DCPM au Burkina Faso se résument à 99% des cas à la revue de presse et aux relations presse.
« Les journalistes qui assument les fonctions de DCPM et de communicateurs institutionnels, n’ont pas la formation de base nécessaire pour mener à bien leurs missions », en déduit Tougouma Mireille. En effet, 24 DCPM sur les 26 sont des journalistes. 53.84% soit plus de la moitié ont une formation purement journalistique dont la plupart viennent de l’ISTIC. Il n’y a qu’un seul DCPM qui a une formation de base en communication institutionnelle. Du côté des directions de communication des institutions de l’Etat, 80% sont passés du journalisme à la communication.
Par ailleurs, le manque de personnel dans les directions de communication est crucial. Ce personnel, même quand il existe a des compétences autres qu’en communication. Par exemple, 80% des directions de communication institutionnelle fonctionnent avec moins de 5 agents. Elle note aussi que le manque de compétence en matière de communication institutionnelle les empêche de s’affirmer et de s’intégrer pleinement dans le dispositif du ministère dont ils sont chargés de soigner l’image. « Au final, le rôle qu’il joue s’éloigne de plus en plus de celui du communicateur institutionnel, pour se confiner à celui de l’attaché de presse », conclut-elle. L’attaché presse est celui qui élabore une stratégie de relations avec les médias, constitue des fichiers de presse, rédige les communiqués, organise les conférences de presse, etc.
Après ces résultats qui font état d’un visage peu reluisant de la communication gouvernementale, elle a fait les suggestions suivantes afin qu’elle retrouve ses lettres de noblesse :
que les DCPM fassent comprendre leur rôle, et qu’ils suivent de solides formations en communication gouvernementale ou institutionnelle ;
que les journalistes qui désirent embrasser la carrière de DCPM travaillent à instaurer un climat de confiance avec leurs collaborateurs des ministères où ils sont affectés ;
que l’Etat accorde plus d’importance à ce secteur en dotant les directions de la communication de moyens financiers plus conséquents.
que l’ISTIC, principal pourvoyeur de DCPM et de journalistes des médias publics, ouvre des cycles de spécialisation en métiers de la communication afin de suppléer le manque de formation des DCPM en communication institutionnelle et gouvernementale.
Aïssatou Diallo (stagiaire)
Lefaso.net
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