Actualités :: Accès à l’énergie : Quand Jean-Louis Borloo rêve grand pour l’Afrique

Jean-Louis Borloo a présenté mardi dernier à Paris, son ambitieux plan pour l’énergie en Afrique. Passer du taux d’électrification actuel de 25% sur le continent à un taux de 100% à l’horizon 2025. C’est le défi que veut relever l’ancien ministre français de l’Ecologie avec son projet de fondation que certains qualifient déjà de ‘’plan Marshall de l’électrification de l’Afrique’’.

Avec la présentation mardi dernier à Paris du projet d’électrification totale de l’Afrique en dix ans, l’on est tenté de se demander si l’initiateur, Jean-Louis Borloo, va réussir là où les Etats et les institutions internationales de développement peinent toujours à obtenir de résultats probants. Après cinquante années d’indépendance, nombreux sont encore les Etats sur le continent qui ont un taux d’électrification inférieur à 20%, cela en dépit de l’énorme potentiel énergétique. Le grand Inga en République démocratique de Congo présente à lui seul un potentiel de 50 000 MW. C’est le double de la capacité du plus grand barrage hydroélectrique au monde à ce jour c’est-à-dire le barrage Trois Gorges en Chine. Quand l’on dispose sur un continent d’aussi importantes ressources et que l’on se retrouve aujourd’hui avec un taux d’électrification de 25%, il y a véritablement de quoi se poser des questions. Pire, lorsque l’on fait le rapport production énergétique par nombre d’habitants en Afrique au Sud du Sahara, l’on a à peine de quoi allumer une ampoule. Ainsi, la seule ville de New York aux Etats-Unis consomme autant d’énergie que la quarantaine d’Etats subsahariens, hormis l’Afrique du Sud. Devant un tel tableau, l’on a envie d’applaudir le plan Borloo. La thèse du nouvel avocat de l’accès de tous à l’électricité en Afrique est inattaquable lorsqu’il avance : « L’électricité n’est pas un sujet comme les autres, c’est un sujet en amont de tous les autres. L’électricité, cela veut dire l’accès à l’eau. C’est aussi la réduction de la déforestation, le développement de l’agriculture, la santé, l’éducation ». Là-dessus, l’on est tout à fait d’accord avec l’ancien ministre de l’Ecologie. On ne le dira jamais assez, « sans énergie, pas de développement ». Un autre point sur lequel Borloo mérite d’être soutenu, c’est la question du financement. Il faut absolument des investissements massifs pour faire émerger le secteur énergétique en Afrique. L’énergie coûte très chère. Et quand l’ancien ministre centriste avance le chiffre de 200 milliards d’euros pour la mise en œuvre de son plan, l’on se gardera de dire que c’est trop excessif. Mais, la question que l’on peut se poser est celle-ci : comment va-t-il s’y prendre pour mobiliser autant de fonds dans un monde où les financements s’obtiennent de plus en plus difficilement, du fait de la persistance de la crise économique ? Borloo a beau parler de partenariat public- privé, cela ne garantit pas les financements, surtout dans un secteur où les investissements sont rarement rentables à court et moyen terme. D’où la nécessité de mettre l’accent dans son plan sur les énergies renouvelables en vue de réduire non seulement les coûts des investissements à moyen et long terme ; mais aussi de tenir compte de la lutte engagée au niveau international contre le réchauffement climatique.

Sommet de Paris, un futur tremplin pour l’initiative Borloo

Là où on peut encore avoir du mal à suivre Jean-Louis Borloo, c’est lorsqu’il parle d’absence d’ « outil africain, géré par des Africains, avec des arbitrages africains ». On peut comprendre qu’il veuille susciter des adhésions autour de son projet de fondation ou de son idée de création d’une agence africaine de l’électrification ; mais de là à ignorer les structures existantes, c’est quand même aller trop loin. L’Union africaine dispose d’une commission de l’énergie chargée de coordonner les actions au niveau continental. Et au niveau des communautés économiques régionales, il y a des structures relais comme le Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain (EEEOA), en anglais, West African Power Pool (WAPP), dans la zone CEDEAO. Et ces structures traitent avec l’Union européenne ou d’autres partenaires multilatéraux dans le cadre de projets d’électrification sur le continent. Qu’on se le dise, au-delà de la personne de Borloo, c’est la France qui joue sa carte sur cette question de l’électrification en Afrique, après l’initiative des Nations-Unies ou celle du président américain Barack Obama. A neuf mois du sommet de Paris sur le climat, l’on comprend tout l’intérêt que représente l’initiative Borloo pour la France et ses autorités encore en retard sur la promotion des énergies renouvelables par rapport à des pays comme l’Allemagne ou la Chine. Et nul doute que le sommet de Paris sera un véritable tremplin pour l’initiative française, pardon l’initiative Borloo. Si le projet parvient à convaincre les bailleurs, naturellement c’est l’Hexagone qui en profitera pour améliorer sa participation à la promotion des énergies renouvelables. Cela contribuera aussi à créer des emplois à certains français et à relancer quelque part l’économie française. Vu sous cet angle, l’on comprend aisément la mobilisation politique suscitée autour du lancement du projet qui a enregistré même la visite surprise du président français, François Hollande, himself. En tant que pays hôte du sommet de décembre, la France entend donc être une force de proposition sur la question de la limitation du réchauffement du climat qui passe nécessairement par la promotion de l’accès à l’énergie.

Grégoire B. Bazié
Lefaso.net

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