Actualités :: Université de Ouagadougou : "Les masques commencent à tomber"

Le 10 mars 2005, à l’appel de l’ANEB, les étudiants de l’université de Ouagadougou (UO) suspendaient les activités académiques afin de protester contre les velléités d’installation, par les autorités, de la Police spéciale des universités (PSU).

Cette journée devait se matérialiser par un meeting sur le terrain Dabo Boukary, suivi d’une grève générale de 24 heures le même jour.

Mais très tôt le matin du 10 mars (aux environs de 4 heures), le campus sera transformé en un camp retranché de la gendarmerie. Le terrain DABO et divers autres lieux seront occupés par les gendarmes. Dès 7 heures, les étudiants venus au meeting se replieront dans leurs UFR, abandonnant le terrain DABO aux gendarmes ; ce qui ne changera rien au sort qui leur était réservé. Tous les regroupements seront systématiquement gazés et des étudiants, visés avec des lance-grenades. On dénombre au moins 5 étudiants blessés.

Camarades, les masques commencent à tomber. Le président de l’université, le professeur Joseph Paré, vient ainsi de nous montrer son véritable visage, qui n’est d’ailleurs pas très éloigné de celui de son prédécesseur. Pour interdire le meeting, il allègue dans un premier temps l’irrecevabilité de la lettre d’information de l’ANEB pour vice de forme, car cette lettre ne comporte qu’une signature, celle du président de l’ANEB.

Il cite à l’appui de son propos l’article 8 du décret liberticide sur les franchises universitaires, qui dit que la tenue des assemblées générales est soumise à une « demande dûment signée par deux responsables de l’association ». Le président de l’université confond-il une demande d’amphithéâtre pour y tenir une assemblée générale et une lettre d’information pour tenir un meeting ? C’est à se demander s’il existe des conseillers juridiques à la présidence de l’université.

En second lieu, pour le professeur Joseph Paré, le meeting de l’ANEB est « susceptible de troubler l’ordre public et de porter atteinte au bon déroulement des activités académiques et pédagogiques », et de ce fait, il est interdit. C’est cette disposition qui anéantit le droit de grève et les libertés de manifestation sur le campus, droits pourtant constitutionnellement reconnus. En effet, le président de l’université peut s’en servir à tout moment pour interdire toute grève et faire réprimer toute manifestation ; ce qui est curieux dans un Etat qui se dit de droit.

En outre, l’attitude de la présidence de l’université laisse entrevoir les objectifs réels qu’elle poursuit à travers les tentatives d’installation au forceps de la PSU. Nul doute que la présence de cette police aurait permis de se passer de l’intervention de la gendarmerie. Par ailleurs, le stationnement permanent d’une force de répression sur le campus est, pour les autorités, le préalable à la prise de mesures antisociales. Et certaines d’entre elles ne s’en cachent pas.

Ainsi, pour le contingentement des effectifs en 2e année de Médecine et de Pharmacie, le directeur de l’UFR/SDS affirme que même si cette mesure ne passe pas cette année, elle passera l’année prochaine lorsque la PSU sera installée. Le ministre des ESSRS, quant à lui, affirme que la PSU sera non seulement installée, mais aussi consolidée. Aussi, il a affiché, le 7 mars dernier, un mépris total face aux revendications des étudiants, contenues dans la plate-forme revendicative de l’ANEB.

Selon lui, les étudiants, s’ils souhaitent voir aboutir leurs revendications, devraient se mobiliser pour créer le rapport de force en leur faveur. Le ministre annonce même l’augmentation très prochaine des frais d’inscription dans nos universités. Pour lui, il n’est pas question de lever le contingentement des repas au restaurant, car seuls les boursiers ont droit au restaurant universitaire (RU). Le ministre affirme même que dans aucune de nos familles, nous ne mangeons mieux qu’au RU.

Par conséquent, nous devrons nous contenter de la qualité des repas qui y sont servis. Comme vous pouvez le constater camarades, ce sont des attaques généralisées contre nos intérêts. Et c’est là, la véritable raison d’être de la PSU, qui est censée mettre un terme aux « dérives revendicatives » des étudiants.

En tout état de cause, l’ANEB :
- félicite l’ensemble des étudiants de l’UO pour leur participation massive à la journée de protestation ;
- les appelle à se mobiliser davantage pour un solutionnement adéquat de leur PFR.

Honte à ceux qui bâillonnent les libertés sur le campus ! Pour la conquête de nos droits démocratiques, en avant ! Pour la résolution de notre PFR, en avant !

Le comité exécutif de l’ANEB

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