Actualités :: Hadj 2005 : Carnet de voyage d’un pélerin de Sidwaya

Autant le millier de Burkinabè, que les Ghanéens ou Sénégalais, voire Pakistanais, Russes, et Français, les rites du pèlerinage à La Mecque accueillent des pèlerins de toutes les races, cultures, tous les rangs sociaux, pour un rassemblement unique au monde... Et cela, dans une Arabie Saoudite marquée par le devoir de concilier les rigueurs de l’islam et l’american way of life.

Un journaliste sénégalais bien connu dans certains milieux ouagalais qui pleure... Et à chaudes larmes ! En répétant, continuellement, entre larmes, sanglots et gémissements, Allah Akbar (Dieu est grand !) Des gratte-papiers ou autres reporters venus des quatre coins du monde qui viennent à lui, non sans émotion, pour le consoler... Que se passe t-il ? Ô, rien de malheureux. Car à l’image d’une vingtaine de ses confrères, il vient en fait, de bénéficier d’un honneur réservé d’ordinaire aux citoyens d’en haut... "Les gens d’en haut ou grands mogos comme, le dirait le Burkinabè d’en bas, de Bobo- Dioulasso » sur terre bien sûr : rois et reines, chefs d’Etat et autres VIP .

Si le Sénégalais Souleymane Diack pleure, dans une émotivité faite de rêves et de bonheur, ce n’est pas sans raison fondée, pour le musulman venu de la Casamance, au sénégal, qu’il est.. Avec lui, nous venions, ouvriers des micros, plumes et caméras, invités par le ministère saoudien de la Culture et de l’Information, pour couvrir le hajj 2005, tout en effectuant les rites qui permettent de devenir un « El Hadj », à travers le pélerinage à La Mecque , de bénéficier d’une exception. Avoir accès à la tombe du prophète Mohamed, dans sa mosquée de Médine, en Arabie Saoudite... Admirer la dernière demeure de Mohamed et y effectuer quelques prières tout en implorant son nom et en recherchant ses éternelles bénédictions...

Médine, Djeddah, La Mecque ... Comme les millions de pèlerins burkinabè, africains, asiatiques, américains et européens, nous y sommes au gré des programmes-phares du pèlerinage à La Mecque, depuis le 10 janiver 2005.

« Même à La Mecque, il ya des Mossis »

Impressionné, nous l’avons presque tous été, dès notre arrivée au pays du prophète de l’islam. Par la qualité des infrastructures, l’architecture résolument moderniste des édifices publics, le gigantisme des supermarchés, où l’on trouve les produits de marques internationales, le nombre de Limousine qui sillonnent les avenues, larges et rigoureusement dessinées, ainsi que par la diversité des races et des cultures qui y coexistent. Sur 21 millions d’habitants, le pays compte, en effet, 4 millions de travailleurs étrangers, essentiellement asiatiques et arabes.

Mais, comme d’habitude et comme le diraient les parents à plaisenterie des Mossé (les Samo) « même à La Mecque, on trouve des Mossis... ». Sans blague... Tous ces étrangers sont venus gagner leur vie, voire s’enrichir pour les plus qualifiés d’entre eux. Sur la corniche de Djeddah, où nous logeons dans une superbe suite ô de 5 étoiles de rêve, les jeunes couples aiment flâner le soir, comme sur l’Avenue Kwamé N’krumah de « Simonville ». On découvre avec étonnement une série de belles sculptures réalisées par de grands maîtres européens et américains, dont une oeuvre magistrale d’Henri Moore.

Or, la tradition islamique, on le sait, interdit la représentation figurée. On imagine les résistances auxquelles le maire de la ville a dû faire face avant de mettre son projet à exécution et les critiques que lui a valu son geste audacieux. Côté sécurité, pas de problème ... Pour le moment en tout cas. L’Arabie Saoudite est l’un des pays où la sécurité des personnes et des biens est le mieux assurée et où le taux de criminalité est le plus faible. Point de pic-pocket, semble t-il. L’Arabie Saoudite ? Immense est ce pays. Sa superficie est à peu près égale à celle de l’Europe occidentale et quatre fois supérieure à celle de la France .

C’est un territoire immensément riche : il est le premier producteur et premier exportateur mondial de pétrole. Qu’ils aient fait leurs études à Oxford, à Cambridge, à York University, ou dans l’une des nombreuses universités du royaume, les jeunes Saoudiens semblent pourtant plus inquiets que leurs parents, voire désorientés. Qu’ils soient adeptes de l’american way of life ou disciples de quelque leader de l’Islam, tous savent que les temps ont changé ! Leurs parents vivaient comme de riches rentiers californiens. Ils doivent apprendre, pour leur part, à vivre comme tout le monde.

Fini l’Etat-providence, les études supérieures rémunérées, les diplômes faciles, les postes acquis d’avance, les salaires faramineux et les privilèges liés à l’appartenance familiale. Ils doivent désormais travailler dur pour décrocher leurs diplômes, trouver un travail et, surtout, ne pas le perdre. Car les bons postes se font rares et la concurrence est rude.

Un rassemblement impessionnant

Vêtus de leur tenue d’Ihram , symbole de l’égalité entre tous les êtres humains, c’est dans cette nouvelle Arabie Saoudite que les fidèles musulmans convergent à présent, par dizaines de milliers vers Oum El Qora (La Mecque).

Ils seront près de trois millions à répondre à l’appel du prophète Ibrahim, Ibrahiman ou encore Abraham, à qui Dieu avait ordonné d’appeler les hommes de tout l’univers à venir célébrer l’unicité de Dieu, une fois la construction de la Kaâba achevée.

Les pèlerins, venant de plus de 170 pays chemineront donc comme un seul homme, le temps du hadj, dans le sable et la rocaille, les marbres et les fils et autres monuments Islamiques dorés, en implorant la miséricorde du Tout- Puissant.
Le pèlerinage à La Mecque symbolise la soumission et l’humilité de la créature (homme) devant son Créateur, Dieu l’omniprésent, craignant à la fois son châtiment espérant de toutes ses forces et avec ardeur, son pardon et sa miséricorde.
Il apprend aussi au croyant dans sa quête de Dieu, la patience, car le pèlerin doit parfois accomplir des tâches difficiles dans des périodes de grande affluence à l’instar de l’ascension du mont Arafat, par exemple.

Plus de différences linguistiques, ethniques et sociales

Au-delà de l’accomplissement des rites immuables depuis 15 siècles, se forge le sentiment d’appartenance à une communauté soudée, unie (en Arabe, on parle de Ouma).

Les fidèles de plus de 170 nationalités se retrouvent, se frottent, se côtoient, pendant des jours dans une ambiance fraternelle empreinte de dévotions sincères. Pendant toute la période du pèlerinage, il n’y a plus de puissants, de ministres, milliardaires, de conseillers de la rédaction, rédacteurs en chefs ou autres, sauf Dieu. Tout se dissout devant la toute puissance de Dieu. Il n’y a plus de différences linguistiques, ethniques, sociales. Humbles devant Dieu, tous les hommes sont au même pied d’égalité. Le puissant et le pauvre n’ont qu’un seul objectif : implorer le pardon de Dieu et gagner sa satisfaction.

Le pèlerinage au regard de ce que nous constatons actuellement, est vécu comme le temps fort de la vie d’un pratiquant pour se rapprocher de Dieu et faire une introspection de soi.

Il occupe une place d’honneur dans la pensée et la méditation des musulmans. Il constitue un espoir auquel les cœurs aspirent un objectif que les esprits cherchent à atteindre. Ne serait- ce pas, pour tout ça, que Souleymane Diack, ce jounaliste sénégalais, quadragénaire et ancien étudiant du CIERRO, à Ouagadougou, pleurait ? Lui pleurait, mais, combien sont-ils ceux qui, depuis le début du pèlerinage, sont morts, emportés par l’émotion et le bonheur d’être près de la destinée finale qu’ils recherchent, au fond : le paradis, après la mort, évidemment...

Ibrahiman SAKANDE (Ibra.sak@caramail.com
)
Envoyé spécial en Arabie Saoudite,
sur les chemins du hadj 2005

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