Actualités :: Révendications salariales : Le mauvais exemple des élèves-fonctionnaires

Le caractère abrupt de l’exclusion des élèves-professeurs de l’IDS (Institut des sciences) est à la mesure de l’absurdité de leurs revendications. Recrutés par l’Etat burkinabè pour être formés pendant deux ans, ces élèves-professeurs sont destinés à l’enseignement secondaire, dans des matières où les enseignants font cruellement défaut.

Ils sont donc appelés à combler un déficit qui, d’année en année, ne cesse de croître, portant un lourd préjudice à la qualité de l’enseignement au Burkina. Il s’agit donc d’une action de salut public que ces engagés doivent mener, même s’ils n’ont ni le statut ni les avantages de leurs collègues recrutés par le truchement de l’ENSK. Or voilà qu’à peine installés dans leur centre de formation, les futurs pédagogues se mettent à revendiquer certains avantages pécuniaires, alors même qu’ils sont logés, nourris, blanchis et gratifiés d’un pécule de 25 000 FCFA. Il faut rappeler que ces élèves-professeurs sont recrutés sur la base du baccalauréat.

Sans nier le droit aux pensionnaires de l’IDS d’exiger de meilleures conditions de vie, on peut tout de même s’interroger sur le bien-fondé de leurs réclamations. D’abord, tout élève-fonctionnaire est déjà un privilégié puisqu’il a la garantie de l’emploi qui l’attend au bout de la formation.

Toute attitude vindicative peut apparaître comme une insulte à ces milliers de jeunes qui sont à la périphérie de l’emploi et qui sont condamnés à de petits boulots pour survivre. Ensuite, la situation de pauvreté que connaît le Burkina devrait appeler à plus de prise de conscience et de responsabilité de la part de certaines catégories sociales. C’est un sacrifice considérable que l’Etat a consenti dans cette opération de recrutement, de formation et d’emploi de plusieurs promotions d’enseignants.

En retour, l’esprit civique devrait être de mise, afin que soit préservé l’intérêt commun, qui est de relever le défi de la scolarisation, donc du développement. En agissant de la sorte, les élèves-professeurs donnent une mauvaise image de leur corps. Et l’on ne peut que s’inquiéter du fait qu’ils privilégient le gain immédiat par rapport à la vocation. Quel idéal inculqueront-ils aux élèves dont ils auront la charge demain ? La revendication en lieu et place de la conscience professionnelle ?

Il y a certainement un réarmement moral à faire. Car on peut encore comprendre que l’objet d’un bras de fer porte sur la qualité de la formation dispensée à l’IDS. Mais il est inacceptable que de cela, on n’en fasse pas cas, et que l’on ne se cristallise que sur les questions financières. Comme bon nombre de leurs aînés, les locataires de l’IDS ont une attitude qui ressemble à du chantage. La règle est d’accepter toutes les conditions préalablement définies, de se faire recruter puis de poser ses revendications, quitte à prendre en otage l’institution. A l’heure où la performance est au centre de toutes les activités, le culte du travail doit habiter chaque Burkinabè. La récompense vient uniquement de l’effort.

C’est cette culture de l’effort permanent qui fait que les systèmes d’éducation et de formation des pays anglophones sont plus efficaces. Il est rare que des grèves sauvages soient ainsi observées au Ghana, un pays voisin qui attire d’ailleurs de plus en plus d’étudiants burkinabè. Peut-être est-ce parce que les études et la formation sont payantes ! Au Burkina, l’expérience des filières privées au sein d’écoles professionnelles comme l’ENEP et l’ENSP est du reste édifiante. On y observe une assiduité et une discipline des élèves qui, bien sûr, en veulent pour leur argent. Les jeunes qui ont donc le privilège d’être pris en charge par l’Etat doivent faire preuve de maturité et s’estimer heureux.

En attendant, le cas des élèves de l’IDS est sans doute douloureux. Beaucoup d’entre eux se retrouvent dans la rue, sans ressources et sans logis, avec surtout un avenir assombri. Peut-être faut-il qu’un mécanisme soit institué pour permettre aux élèves de faire leur mea-culpa afin d’être autorisés à réintégrer l’école. Car l’Etat aussi n’est pas exempt de critiques, étant donné le flou, voire la confusion qui a entouré, au départ, les conditions pécuniaires des élèves. Un modus vivendi ne serait pas de trop, pour que l’épisode de l’expulsion soit une leçon et non une sanction définitive. D’autant que cette mesure punit aussi des élèves innocents non adeptes de la revendication à outrance.

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