Actualités :: INTERDICTION DES TRICYCLES A OUAGA ET BOBO : Une mesure à problèmes

Le gouvernement burkinabè s’apprête à prendre une décision qui sera lourde de conséquences. L’interdiction annoncée des tricycles bagagistes à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso promet des remous dans un secteur d’activités florissant. Ce sont des milliers d’emplois qui seront ainsi supprimés, du fait de cette mesure. La raison officielle invoquée par les autorités en charge des transports, c’est l’encombrement des voies et les accidents que provoquent ces engins. Doit-on pour autant comprendre que la disparition des tricycles fera revenir la sécurité sur nos routes ? On attend de voir. Certes, ces véhicules souvent pilotés par des jeunes sans permis de conduire, donc sans connaissance du code de la route, constituent une entrave à la sécurité routière.

De nombreux accidents sont de leur fait. Mais on avait cru comprendre que le gouvernement avait opté de réglementer le secteur, en invitant les conducteurs à se mettre en règle notamment vis-à-vis du permis de conduire. Cette perspective de mise en ordre avait du reste amené les acteurs du secteur à se regrouper en association, pour mieux répondre aux attentes de l’Etat. Pourquoi donc ce revirement des pouvoirs publics avec cette mesure radicale d’interdiction ? Craint-on l’invasion de la capitale par ces engins au point que la circulation y deviendrait impossible comme dans d’autres villes africaines ?

C’est fort possible. Mais on ne peut que rester sur sa soif, au regard des problèmes qui naîtront immanquablement de cette décision annoncée. D’abord et avant tout, ce sont des milliers d’emplois qui sont en péril. Alors que le chômage est devenu l’une des préoccupations majeures des Burkinabè, on ne comprendrait qu’une mesure vise à jeter des gens dans la rue. Paradoxal tout de même pour un Etat qui dit célébrer l’emploi tout en ôtant le pain de la bouche de certains Burkinabè. Insécurité pour insécurité, que deviendront tous ces jeunes qui avaient commencé à espérer ?

Ensuite, il faudra dire si les personnes physiques ou morales privées peuvent continuer d’utiliser les tricycles. Car avant l’explosion du phénomène des taxis bagages, ces engins étaient utilisés par certaines sociétés de commerce, en raison de leur caractère utilitaire, pratique et économique. Enfin, est-on sûr que les autres villes où l’utilisation des tricycles est autorisée ne seront pas confrontées aux mêmes problèmes ? Au-delà de ces incertitudes, cette interdiction pose le problème fondamental de la liberté d’entreprendre. Car il y a un réel besoin économique et social auquel répond le tricycle. Cet engin est venu combler un vide dans le transport des marchandises légères, notamment sur les marchés.

Il aide à effectuer également diverses autres tâches sociales. Ce véhicule a donc à la fois une fonction économique et sociale. Les pouvoirs publics ont visiblement manqué de vision sur la demande des Burkinabè en matière de transport de marchandises dans les grandes villes. En outre, face au flair, à l’imagination et à la capacité d’adaptation du privé, ils n’ont pas su trouver la réponse précise et immédiate. On a plutôt l’impression d’un Etat en retard sur la société, à l’image de cette cacophonie face au développement du secteur des tricycles. D’abord le ministère en charge de l’Administration territoriale qui semblait favoriser une organisation du secteur, puis le ministère en charge des Transports qui vient carrément décider de sa mort.

Autant de balbutiements qui laissent sceptique sur la capacité du gouvernement à anticiper sur les modes de consommation et les besoins économiques des Burkinabè. Dans ce cas de figure, on risque de sacrifier beaucoup d’emplois et de revenus sur l’autel d’une certaine sécurité, oubliant que de nombreux autres facteurs sont à l’origine des accidents à Ouaga et à Bobo.

Mahorou KANAZOE

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