Le 1er octobre a été déclarée "Journée des personnes âgées" par l’Organisation des Nations Unies. A cette occasion, le gouvernement burkinabè , à travers le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale (MASSN) a honoré les "Anciens" et a offert un chèque de 10 millions F CFA au Conseil national des personnes âgées(CNPA-BF) pour l’accompagner dans son action pour une "vieillesse épanouie". C’était à l’issue de la deuxième marche de santé et d’oxygénation des personnes âgées.
"Vers une promotion du bien-être social et économique des personnes âgées". C’est autour de ce thème dont l’opportunité n’est plus à démontrer, que Arsène Maurice Ouédraogo, le président du Conseil national des personnes âgées du Burkina Faso (CNPA-BF) a battu le rappel de ses troupes. A travers un aller-retour de marche entre la place de la Nation à l’immeuble Baoghin, les personnes âgées ont prouvé qu’ils sont loin d’être des "has been", des grabataires.
Les pas rythmés par la fanfare de la Garde nationale, elles ont mis en exergue leur volonté de toujours contribuer à l’édification et au développement de la nation burkinabè. "Pour une vieillesse active et épanouie", ont-ils clamé par le biais d’une banderole comme pour révéler qu’être "anciens" n’est pas synonyme de sclérose. C’est dans cet état d’esprit dynamique que leur Conseil, tout en réitérant sa reconnaissance au gouvernement burkinabé, a introduit quelques doléances.
Au niveau de l’Assemblée nationale, nos "vieux et vieilles", demandent le vote d’une loi relative à la mise en place d’un carnet de santé des personnes âgées de plus de 55 ans, validé par le médecin traitant et donnant droit à une réduction de 90% sur les frais de consultation, d’hospitalisation et de 25% sur les prix des médicaments. Dans la même logique, les marcheurs du jour, en ciblant le ministère de la Santé, voudraient une réorganisation du système de santé afin qu’il tienne compte des besoins des personnes âgées (visites périodiques gratuites à l’Office de santé des travailleurs).
Les personnes âgées n’ont pas occulté l’aménagement en leur faveur, d’espaces dans les formations sanitaires (centres gériatriques dotés de médecins appropriés). "Nous insistons auprès de vous (ministre de l’Action sociale, ndlr), pour que dans vos suggestions auprès du gouvernement, il soit créé dans un premier temps une structure comme par exemple un secrétariat d’Etat ou un Conseil supérieur des personnes âgées pour vous épauler". Tel était l’un des aspects essentiels du message du CNPA-BF.
Le MASSN n’ ignore pas les difficultés des personnes âgées. A l’immeuble Baoghin, on sait par exemple que la situation des personnes âgées au Burkina est marquée par la précarité du revenu, ayant pour corollaires des problèmes de santé, d’alimentation, de transport, de logement, d’accès au sport et aux loisirs, et l’analphabétisation qui touche 97,89% de cette couche sociale. "En outre, a déploré Mariam Lamizana, le ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, de nombreuses personnes âgées sont des victimes silencieuses de la maltraitance et de l’exclusion sociale, la protection juridique sociale à ce niveau étant insuffisante".
Discrimination persécution, violences de toutes sortes et exclusion sociale sont donc le lot de millions de personnes âgées dont certaines ont la chance de trouver refuge dans des centres sociaux. L’état des lieux, sans être catastrophique n’en est pas moins préoccupante. Il fait même peur car si Dieu nous donne longue vie, comme on le dit en Afrique, c’est une étape que nous allons tous atteindre.
Conscient de cette situation et dans l’optique de dégager un tant soit peu l’horizon, le gouvernement, selon le ministre Mariam Lamizana, oeuvre au quotidien dans les domaines de l’appui psychosocial, de l’assistance matérielle et alimentaire, de l’encadrement des femmes victimes d’exclusion dans des structures d’accueil, de l’accompagnement des organisations des personnes âgées, etc.
"A cet effet, des efforts budgétaires sont consentis, soit environ 12 millions de F CFA pour appuyer les structures caritatives en charge des personnes âgées démunies", a souligné Mariam Lamizana. Mais visiblement, il en faut plus pour contenter les personnes âgées et cela nécessite l’implication des intéressés elles-mêmes et de toutes les autres catégories socioprofessionnelles.
Les requêtes des personnes âgées, si l’on s’en tient aux réponses de leur "fille Mariam" ne resteront pas enfouies dans un placard. Déjà, il est prévu 12 décorations pour les personnes âgées, probablement à la commémoration du 11 décembre ( Proclamation de la République). Pour sa part, le ministre de l’Action social a remis au Conseil national des personnes âgées, un chèque de 10 millions de F CFA. "Ce geste qui est rendu possible grâce aux contributions collectées lors du mois de la solidarité édition 2003, traduit d’une part la solidarité du gouvernement à l’égard des personnes âgées et d’autre part son souci de voir leur Conseil devenir une structure opérationnelle et représentative". Conclusion de Mariam Lamizana.
De la solidarité et de l’égard pour les personnes âgées. C’est la leçon principale qu’on pourrait tirer de la célébration du 1er octobre qui nous a rappelé que l’énergie débordante des jeunes a besoin d’être canalisée par la sagesse légendaire des "anciens" pour construire une nation homogène et d’avenir. Si jeunesse savait et que vieillesse pouvait.
Par Morin YAMONGBE
Le Pays
