Actualités :: BRAS DE FER MILITAIRES /MAGISTRATS : Le pouvoir dos au mur

Ça tirait à Fada hier. Après Ouaga la semaine dernière, des militaires de la cité de Yendabli ont pris les armes et libéré un des leurs, détenu pour avoir, dit-on, violé une mineure. C’est ce qu’on redoutait : si à Ouaga, la soldatesque a eu gain de cause en obtenant la libération des cinq militaires condamnés par la justice de la capitale, pourquoi les autres garnisons et les autres corps paramilitaires ne choisiraient-ils pas le même mode opératoire ? C’est dans ce contexte que les magistrats, les greffiers, les avocats et autres agents de la justice ont décidé d’arrêter toute activité dans les tribunaux pour dénoncer le déni des décisions de justice.

En effet, le gouvernement, semble-t-il, a pris un acte administratif pour qu’on considère les soldats évadés comme libres. Toute chose qui constitue un précédent dangereux. En voulant désamorcer une crise, il met en conflit deux grandes institutions républicaines que sont la justice et la défense. Comment le président du Faso va-t-il calmer le jeu, en sa double qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature et de chef suprême des armées ? On imagine mal les premiers acteurs de la justice baisser rapidement les bras devant cet affront.

En effet, l’occasion leur est donnée d’envoyer un message fort au régime : aucun pays ne peut se développer sans une justice forte. Or, la preuve vient de nous être administrée que lorsque vous prenez des armes (comme à Ouaga et à Fada), vous pouvez vous soustraire à la justice civile. Pour les militaires frondeurs, c’est peut-être la manifestation du rejet d’une justice, à leurs yeux, inique, qui a eu la main lourde pour les petits et qui ne bouge pas quand il s’agit des grands ou de ceux qui ont "les bras longs". N’empêche. Les militaires remettent ainsi en cause l’autorité de l’Etat et le régime semble n’avoir pas d’autre choix que de se plier. Est-ce à dire que l’armée a tous les droits parce qu’elle est le pilier du régime ? Les faits tendent, en tout cas, à le prouver.

Souvenez-vous de l’expédition punitive que les élèves policiers avaient faite au secteur 9 de Ouaga (Gounghin) il y a deux ans. L’Etat avait été ferme en radiant les principaux coupables de l’école nationale de police et en coupant les pécules de nombre d’entre eux pour réparer les dégâts matériels causés aux victimes. Pour les militaires en mars 2011, l’Etat semble même les comprendre et s’engage à dédommager les commerçants vandalisés et pillés. Les Burkinabè ne sont pas dupes. Cette politique de deux poids deux mesures est comprise comme le signe patent d’une armée qui n’a pas encore pris toute sa place dans la République.

Du moins, dans l’Etat burkinabè, il y a d’abord l’armée et le reste ensuite. Il faut que cela cesse. Ce qui est sûr, on attend de voir comment le président du Faso va arbitrer entre ceux qui constituent le socle de son pouvoir et les magistrats, décidés à ne pas se laisser faire. Pour sûr, pour que l’ensemble des citoyens retrouvent leurs droits (pour le moment, ceux qui sont armés peuvent se faire justice eux-mêmes), il faut absolument que toutes les institutions soient respectées.

SIDZABDA

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