« Celui qui vend son mal, en trouve le remède », dit un dicton populaire. Dorosso visiblement n’est pas adepte de ce dicton. Ou du moins, il ne sait pas que plus on cache son mal plus elle détruit et s’aggrave au fil des temps. Seul intellectuel de sa famille, Dorosso après ses études a décroché un poste « juteux » à la Fonction publique. Il est le centre de toutes les activités des services de son département. Cette position sociale aidant, Dorosso a facilement convaincu la belle et charmante N’BA qui était la convoitise de plusieurs prétendants. Après une dizaine d’années de mariage, N’BA n’a toujours pas connu de maternité. Les visites médicales n’ont rien détecté d’anormal chez la femme.
Malgré cette vérité médicale, Dorosso continue de faire des visites et même des produits traditionnels pour occasionner une grossesse. Jamais il n’a osé se rendre chez un quelconque gynécologue pour se faire consulter. Pourtant, Dorosso est conscient que dans sa famille, il y a certains de ses frères qui, après leur mariage sont restés sans enfant. Comme nombreuses de ses sœurs femmes, N’BA implore le bon Dieu pour avoir ne serrait-ce qu’un seul enfant pour conserver sa vraie féminité. Car comme disent ces deux jeunes chanteurs bobolais ELJI et CYSBY, « une femme sans maternité a perdu la moitié de sa féminité ». Par la faute de Dorosso qui semble t-il sait que la faute vient de lui, la pauvre N’BA court derrière la maternité.
A défaut de se faire consulter et avoir un éventuel traitement, il accuse ses parents qui selon lui seraient à la base de leur situation. Les parents de Dorosso s’étaient opposés à leur mariage certes. Mais le fait de ne pas avoir la moindre grossesse, n’est pas de leur faute, mais bien de Dorosso qui sait bien que certains de ses frères à cause du même problème que lui, n’ont jamais eu d’enfant. Et comme elle veut avoir un enfant comme les autres femmes, elle accepte toutes les propositions de médicaments de son mari. Femme respectueuse et fidèle à son mari, N’BA aurait décliné les avances de certains de ses médecins soignants qui savent que son état ne dépend pas d’elle mais bien de son mari.
Vrai ou faux, toujours est –il que ce couple reste effectivement sans enfant et aucune anomalie n’a été détecté par les médecins, toute chose pouvant empêcher la gestation de N’BA. Dorosso étant fort par sa position sociale, personne, même ses amis n’osent lui parler d’une éventuelle consultation médicale. Et pourtant, il le faut pour que la pauvre N’BA qui implore le tout puissant pour avoir un enfant, puisse ressembler aux autres épouses. Dorosso doit savoir que la stérilité est une maladie comme les autres qui peut se soignant des fois. Mais quand on la cache, son traitement se complique. Enfin Dorosso doit comprendre que « le temps dira tout à la postérité. C’est un bavard ; il parle quand on ne l’interroge pas » d’après Euripide. Ceci pour dire que tôt ou tard, N’BA saura la vérité.
Souro DAO /daosouro@yahoo.fr
L’Express du Faso
