Actualités :: RENTREE SCOLAIRE 2010-2011 : Des écoles toujours inacessibles dans la (...)

Ce 1er octobre 2010, les écoliers et autres élèves burkinabè reprennent le chemin des lieux où l’on dispense le savoir. En prélude à cette date, nous avons fait le tour de quelques écoles dans la Comoé pour voir comment les différents acteurs se préparent. Des premiers responsables de l’éducation aux élèves en passant par les enseignants et les parents, l’heure est soit à l’achat des fournitures, soit au paiement des frais inhérents ou encore aux différentes rencontres préparatoires. Les réalités diffèrent d’un endroit à un autre. Du côté de certains commerçants, le cartable minimum fait grincer les dents.

Avec la rentrée scolaire, les écoles, les librairies, les points de vente de fournitures scolaires "par-terre", les magasins de cycles et autres ateliers de couture sont les points d’attraction des enseignants, élèves et parents d’élèves. Ils s’y rendent qui pour les rencontres préparatoires de rentrée, qui pour acheter des fournitures scolaires, qui pour acheter un moyen de locomotion (les plus nantis financièrement), qui pour se faire coudre une tenue scolaire. A quelques jours de la rentrée pédagogique, les cours d’école, surtout celles du secondaire, grouillaient de monde.

L’heure est au paiement des frais de scolarité même si ce n’est pas encore la bousculade. Dans le rang qui donne au guichet de l’intendant du lycée provincial Lompolo Koné, nous avons trouvé Benjamin Badiel, élève en classe de terminale A dans ledit lycée. Il dit être venu se réinscrire afin d’être à jour. « Comme chaque année, après avoir payé la scolarité, je m’attèle à réunir le matériel scolaire avec ce que mes parents me remettent comme moyens financiers », a-t-il fait savoir avant d’ajouter que lui et ses amis sont d’ailleurs impatients de voir les cours reprendre après 3 mois de vacances. Du reste, a-t-il renchéri, nous attendons de prendre contact avec les enseignants qui vont nous encadrer cette année. Tous les élèves que nous avons rencontrés ce jour-là n’ont pas la même chance que Benjamin Badiel. Dans son groupe d’amis, certains ont seulement accompagné les autres. Leurs parents ne leur ayant pas encore remis l’argent pour les fournitures et la scolarité.

Haro sur le cartable minimum !

Au grand marché de Banfora, les sacs d’écoliers, les gourdes et les nouvelles sorties de chaussures ravissent la vedette aux autres articles de commerce. Très aisément, on rencontre aussi des étalages de cahiers même si, à ce niveau, la quasi-totalité des vendeurs atteste qu’il n’y a pas d’affluence pour le moment. L’un d’eux, Daouda Ouattara est cependant optimiste. "Généralement, dit-il, c’est lorsque les parents disposent de quelques moyens financiers souvent vers fin septembre, et surtout lorsqu’ils reçoivent les listes de fournitures de leurs enfants qu’ils viennent à nous ». Son voisin du nom de Adama Koama reconnaît que ce sont seulement les parents qui ont pris l’habitude de s’exécuter en avance qui constituent actuellement l’essentielle de leur clientèle. A en croire ces vendeurs de fournitures, le marché ne bat pas son plein pour le moment.

Selon eux, la situation est la même chaque année depuis que le gouvernement a commencé à doter les élèves d’un cartable minimum (un lot de fournitures scolaires). "Il faut attendre le début des cours pour qu’il y ait affluence", affirme Daouda Ouattara qui précise, par ailleurs, que présentement les parents viennent uniquement pour acheter les cahiers grand format qui ne sont pas contenus dans le cartable minimum. Cette politique du cartable minimum n’est d’ailleurs pas du goût de certains commerçants qui pensent que le gouvernement doit y mettre un terme. A les entendre, le cartable minimum leur empêche de faire de bonnes affaires. « Nous convenons qu’en soutenant les parents d’élèves avec le cartable minimum, l’Etat fait œuvre utile. Cependant, il nous met en difficulté puisque nous ne vivons que de la vente des fournitures », martèle Daouda Ouattara pour qui les libraires, au plan local, peuvent être mis à contribution pour l’acquisition du cartable minimum.

Une rentrée administrative difficile à respecter

Dans la plupart des écoles, l’heure est aux rencontres préparatoires du moins dans les écoles d’accès facile en cet hivernage. A l’école primaire de Diarabakoko A, village situé à une vingtaine de kilomètres de Banfora dans la province de la Comoé, le 15 septembre dernier, jour de la rentrée administrative, les maîtres, à l’exception de quelques uns, étaient à l’école. Selon Pemba Dominique Soulama, le directeur de cette école, "Cette situation nous a obligé à tenir un conseil de maîtres provisoire". Il soutient que les enseignants qui ont répondu présents à ce conseil sont actuellement sur la production des répartitions mensuelles et des emplois de temps. "A l’issue de ce conseil provisoire de maitres, nous avons rencontré les parents d’élèves à qui revient la charge de nettoyer la cour.

Ceux-ci nous ont rassurés qu’ils s’exécuteront à temps afin que dès le 1er octobre, les élèves puissent occuper les salles de classes", a-t-il poursuivi. Pemba Dominique Soulama reste cependant sceptique quant au début effectif des cours le 1er octobre comme le veulent les autorités du ministère de l’Enseignement de base (MEBA). Et pour cause, Jusqu’au 22 septembre 2010, date à laquelle nous lui avons rendu visite, le cartable minimum que l’Etat met à la disposition des enfants n’était toujours pas arrivé. "Nous avons l’espoir qu’au cours de la première semaine d’octobre, nous serons appelés à les enlever", ajoute-t-il, soucieux. Pourtant, c’est ce cartable qui permet aux élèves de commencer les cours en attendant le complément qu’apportent les parents.

En attendant la baisse du niveau des eaux

Si dans les écoles situées le long de la route nationale n°7, les maîtres ont pu se réunir le 15 septembre 2010 au sujet de la rentrée administrative, celles situées au sud de Banfora n’ont pas eu cette chance. C’est le cas des écoles de Bomboura, Niankar, Diounouna, qui sont devenues inaccessibles à cause de la crue des cours d’eau qui les entourent. Koutou Soma, parent d’élève à Niankar, précise que depuis la fin du mois de juillet, il est difficile voire impossible de se rendre à Banfora à cause de la montée des eaux. "C’est lorsque le niveau de l’eau dans la rivière va baisser que nous pourrons nous rendre à Banfora pour vendre quelques produits et payer les fournitures pour nos enfants", dit-il avant de préciser : "En attendant, nous nous sommes attelés au désherbage de l’école".

Quant aux enseignants de cette zone, aucune rencontre n’a jusque-là été tenue. Dramane Kabré, directeur de l’école de Niankar et ses collègues, n’ont toujours pas rejoint leur école. Ils se sont toutefois présentés à l’inspection le jour de la rentrée administrative où ils ont expliqué les difficultés qu’ils ont à parvenir à l’école. "Quand le niveau d’eau va baisser, nous rejoindrons notre poste. Je me vois mal en train de prendre des risques pour traverser cette rivière", ajoute le directeur, impuissant. Il précise, par ailleurs, que c’est par téléphone qu’il a demandé aux parents de nettoyer la cour de l’école. C’est également par téléphone qu’il a reçu le feed-back selon lequel ils se sont exécutés. Les enseignants de la zone Sud de Banfora pensent que la rentrée administrative devrait tenir compte de certaines réalités.

Certains inspecteurs qui ont souhaité gardé l’anonymat pensent eux aussi qu’il serait judicieux de revoir la date de la rentrée administrative. On pourrait, selon eux, la fixer au 26 septembre de chaque année. Ce qui aurait l’avantage de maintenir les enseignants dans leur poste une fois sur place, puisqu’ils auraient déjà touché leur salaire. En attendant, la Direction provinciale de l’Education de base et de l’Alphabétisation (DPEBA) de la Comoé s’active à sa manière pour que les cours débutent tôt. Elle a, d’ailleurs, tenu son tout premier conseil de direction le jeudi 16 septembre au cours duquel le DPEBA, Jean Etienne Zoungrana et les inspecteurs, chefs de circonscriptions se sont fixé trois défis à relever au cours de l’année 2010-2011. Il s’agit de l’informatisation des services, de la réduction du nombre de classes sous paillotes et la réalisation d’un taux de succès au CEP de 65%.

Mamoudou TRAORE

Le Pays

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