Moussa, dit "délégué" est mort comme son ami Arouna qu’il trompait. Tous deux ont longtemps souffert, avant de mourir. La nouvelle sur le mal qui les a emportés a animé les cabarets du village, les lieux de rassemblement comme les marchés des villages. Leur cas a même contribué a calmé un temps soit peu les dragueurs des femmes d’autrui au village. Les femmes, tout comme les hommes, avaient peur de subir le même sort que les deux défunts.
Arouna est un jeune homme rentré d’une aventure après une dizaine d’années. Bien ambitieux, il a pu économiser et comptait construire son avenir avec cet argent. Mais hélas. « L’homme propose et Dieu dispose », dit-on. Pour réussir son projet, il décide de se marier. Pour le mariage, il rencontre malheureusement un ressortissant de chez lui, qui vit en ville depuis des années. Ce dernier lui propose une de ses filles qu’il savait porteuse du SIDA. Le pauvre Arouna saute donc sur le cadeau.
Sans faire un quelconque test de dépistage, il honore la dot devant permettre la célébration du mariage coutumier. La fête a été simplement belle. Le beau-père, pardon l’assassin d’Arouna et de son ami Moussa a été bien remercié a cet effet par les parents du village. Les festivités du mariage ont duré une semaine. Et chacun est retourné chez lui non sans avoir souhaité logue vie et heureux ménage au jeune couple.
Arouna qui ne savait pas que c’est du poison qu’on lui avait donné, vivait heureux avec sa mariée et même faisait des jaloux au village. Le couple forçait l’admiration. Moussa, un ami d’enfance d’Arouna n’a pas pu résister au charme de la mariée venue directement de la ville. Il a tout fait pour pouvoir la convaincre. Son engagement a fini par payer et il consommait dans le même plat que son ami.
La mariée est enceinte. Une fillette naît au terme de la grossesse. Bien avant cette naissance, la femme et sont mari ont été tous mis au courant de la situation lors des pesés prénataux. Les infirmiers proposent la prise des ARV au couple. Arouna n’y croît pas. Et quand sa fillette est morte deux mois après sa naissance, les infirmiers l’ont une fois de plus interpellé.
Sa femme va ensuite mourir du mal. Malgré tout, Arouna est catégorique. Pas d’ARV, car c’est une occasion pour attirer l’attention du village sur son mal. Il va donc en mourir des mois après sa femme.
Avant sa mort, il s’est confié à Moussa. Imaginez combien il en souffrait. Il savait qu’il allait lui aussi mourir. Et il en fut ainsi. Si la femme d’Arouna est morte par contamination par une tierce personne, Arouna et Moussa son morts par la volonté du papa de l’épouse d’Arouna qui la savait séropositive. Pauvre Arouna, si tu avais su que tout ce qui brille n’est pas de l’or, tu aurais pu refuser ce poison de ton assassin de beau-père. Repose en paix.
L’Express du Faso
