Actualités :: JUSTICE A DEUX VITESSES ! : Les actionnaires, l’adjudant-chef et le (...)

Totalement désemparé, désabusé, exténué par les va-et-vient,
fatigué d’arpenter désespérément les couloirs de la Justice. Ainsi
pourrait-on résumer la situation d’Olivier Zongo, 32 ans, actionnaire
dans la Société de production et de transformation des produits carnés
(SOPROCA-SARL). La Justice lui a donné raison dans le différend qui
l’oppose à son ex-associé, l’Italien Ricardo Levrone. Mais depuis plus
d’une année, il court vainement derrière ses droits.

Voici la petite histoire : Olivier Zongo, Burkinabè de 32 ans, et Ricardo
Levrone, d’origine italienne, ont tous deux travaillé dans une
entreprise de la place, notamment dans le domaine de la charcuterie.
Olivier est comptable et gestionnaire de stocks. Ricardo, lui, est
charcutier. Un jour, Ricardo propose à Olivier qu’ils démissionnent afin
de créer leur propre société de charcuterie, le domaine étant, selon
lui, très porteur. Ainsi, en décembre 2006, les deux compagnons lancent,
en tant qu’associés, la Société de production et de transformation des
produits carnés (SOPROCA-SARL), avec un capital social de deux millions
de francs CFA. Ricardo ne disposant que du savoir-faire, c’est Olivier
qui se charge de réunir l’intégralité du capital.

Il emprunte, pour
cela, le permis urbain d’habiter (PUH) de son père afin de contracter un
prêt en banque. Il est certain de la bonne foi de son associé. Il lui
laisse même le soin de s’occuper des aspects administratifs, dont
l’élaboration des statuts et des autres documents constitutifs de
l’entreprise. Mais Ricardo a taillé, en collaboration avec son avocat
personnel, des statuts véritablement à l’usage du dauphin. Même s’il n’a
rien apporté au capital, Ricardo s’arroge ainsi le poste de Directeur
général et mentionne qu’il a apporté la somme de 1 200 000 FCFA. Quant à
Olivier Zongo, c’est le poste de Directeur commercial qui lui est
attribué, avec un apport de 400 000 FCFA au capital de la société.
Première grosse arnaque ! Mais Ricardo ne s’arrête pas là. Il mentionne
aussi, dans le statut, le nom de son fils, Antonio Levrone, en tant que
troisième associé, à qui il attribue les autres 400 000 FCFA du capital
social. Entre-temps, Olivier Zongo se rend compte de la
supercherie.

Olivier Zongo

En plus de cela, il découvre des irrégularités dans les
comptes de l’entreprise. Au niveau de la caissière, Ricardo a fait des
retraits d’argent qu’il a dépensé sans justificatifs. Olivier demande à
comprendre ce qui se passe. Il propose même qu’un inventaire soit fait
pour voir clair dans les comptes. Mais cette perspective ne semble pas
enchanter son associé Ricardo. Ce dernier traîne le pas. A sa grande
surprise, Olivier est convoqué un matin à la gendarmerie. Il affirme
avoir été reçu par un adjudant-chef qui lui aurait signifié une plainte
de son associé contre lui pour détournement d’argent au sein de la
société. Plus de 781 000 FCFA. Olivier tombe des nus. La suite, la
voici : il affirme que l’adjudant-chef lui a intimé l’ordre de signer,
sur-le-champ, une reconnaissance de dette, faute de quoi il
l’enfermerait dans une cellule. Olivier refuse mais l’adjudant-chef et
un commandant, venu entre-temps en renfort, le contraignent, dit-il, à
signer la reconnaissance de dette, malgré le fait qu’il rejette, en
bloc, les accusations portées contre lui.

Odeur de corruption

Le dossier est transféré au Palais de Justice. Un jugement est rendu le
19 mai 2009. Contrairement aux attentes de Ricardo, Olivier Zongo est
blanchi. A son tour, il dépose une plainte contre Ricardo Levrone pour
accusations calomnieuses, orchestrées dans le but de l’écarter de la
société. Ricardo est jugé coupable le 28 septembre 2009 et condamné, en
répression, à une peine d’emprisonnement de 12 mois avec sursis. Il est
par ailleurs condamné aux dépens et à payer 250 000 FCFA au plaignant.
Olivier Zongo croyait alors voir le bout du tunnel. Mais c’était mal
connaître son vis-à-vis. Toutes ces décisions de Justice ne seront
jamais appliquées. Plus grave, depuis le début de cette affaire, il ne
peut plus mettre les pieds dans l’entreprise. Pendant ce temps, Ricardo,
lui, continue d’exploiter tout seul l’entreprise qui a grandi avec le
temps. Après la décision de Justice, Olivier Zongo est reparti dans
l’entreprise afin de reprendre sa place, mais Ricardo, prétextant que
l’affaire n’est pas encore close, lui refuse l’accès.

Ricardo Levrone

Olivier va alors
voir le Procureur du Faso qui lui délivre un soit-transmis. Grâce à ce
document, le commissaire central de police de Ouagadougou le fait
installer de force, par ses hommes, dans la société. Ricardo fait appel
à des loubards pour l’en expulser aussi de force. Mais la situation va
rapidement prendre une tournure inquiétante. La réaction du commissaire,
à qui Olivier est retourné expliquer la situation, le laisse pantois.
Tout laisse croire que le commissaire s’est débiné. Le Procureur du
Faso semble aussi se déclarer incompétent pour régler le problème. Un an
après l’appel fait par Ricardo Levrone, il n’y a eu aucune suite
judiciaire. Ironie du sort, c’est plutôt Olivier Zongo, celui contre qui
cet appel a été formulé, qui poursuit le dossier pour qu’un jugement
définitif ait lieu afin de décanter la situation. En vain.

Proposition indécente

14bLorsque nous sommes allés rencontrer Ricardo Levrone afin de
recueillir sa version des faits, il a refusé de s’exprimer. Il a préféré
nous référer à un de ses collaborateurs qui serait bien au parfum du
dossier. Ce dernier s’est, à son tour, non seulement débiné, mais s’est
permis, dans un air d’insolence caractérisée, de nous poser cette
question, à la limite de l’arrogance : « Une affaire que la Justice et les
avocats d’Olivier Zongo n’ont pas pu régler, pensez-vous que c’est vous
les journalistes qui allez la régler ? » Sans commentaire !

Aux dernières nouvelles, Olivier Zongo apprend que Ricardo Levrone
cherche à vendre l’entreprise. Il serait malade et serait en train de
vouloir rentrer en Italie. Le nouvel acquéreur potentiel, un certain
Kamoï Ouédraogo, est informé que l’entreprise est au centre d’un litige
opposant ses associés. Il contacte Olivier Zongo qui lui confirme cela.
Peu importe ! Il tient à acheter la société. Pour cela, « je te remets 3
millions FCFA et tu oublies la société. Tu acceptes ou tu risques de
tout perdre… », lui aurait-t-il affirmé. Mais Olivier Zongo s’oppose.
Cette proposition, dit-il, ne lui convient pas, au regard de ce qu’il a
investi et des préjudices subis. Et en plus, elle lui paraît moralement
indécente. Mais le monsieur aurait finalement racheté la société. Il
envisage même, selon des sources concordantes, de changer la
dénomination. C’est donc un Olivier Zongo, totalement ruiné, rongé par
le désarroi, mais croyant toujours en Dieu et en la Justice, qui bat le
pavé, espérant rentrer dans ses droits. Affaire à suivre.

Par Yacouba Ladji BAMA

Le Reporter

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