Actualités :: Absentéisme dans les services publics : Voici ce que font les fonctionnaires (...)

L’absence des agents publics à leur poste aux heures de services tend à se généraliser. L’état ne doit pas continuer à payer des salaires à des agents qui ne travaillent pas ou ne travaillent pas assez. Dans un passé récent, on était habitué aux fonctionnaires fainéants qui désertaient les bureaux pour jouer aux damiers ou se retrouver dans les gargotes pour trinquer. Maintenant, on assiste à la naissance d’une nouvelle race de fonctionnaires absentéistes qui désertent les bureaux pour monnayer exagérément leurs compétences dans les services privés. La désertion des postes par les agents publics se manifeste de plusieurs manières. Au niveau de l’éducation, on trouve des professeurs du secondaire qui assurent le service minimum. Les professeurs les plus prisés se recrutent dans les matières scientifiques.

Ces enseignants profitent de leur nombre élevé dans les deux plus grandes villes du Burkina Faso, notamment Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Ils sont alors moins chargés que leurs collègues des autres localités où les profs suffisent à peine. On en trouve qui n’assurent pas plus de 10 heures de cours par semaine. Le reste du temps, ils le passent dans les établissements privés où ils peuvent assurer plus de 20 heures de cours hebdomadaire. Au même moment, ceux de leurs camarades du public qui n’ont pas leur chance remplissent les 18 heures hebdomadaires obligatoires dans les lycées publics.

La loi permet à un professeur d’offrir ses services dans les privés jusqu’à une limite. Mais cela doit faire l’objet d’une autorisation préalable. Il est temps que le ministère des Enseignements secondaire attire l’attention des chefs d’établissements sur l’application stricte de cette disposition. Et, s’il le faut, muter les enseignants oisifs vers les localités où il en manque. Dans une récente publication, le REN-LAC dénonçait l’absentéisme dans le secteur de la santé. Les agents publics désertent les structures publiques pour servir dans les services privés. Des agents sans scrupule qui savent que dans le domaine de la santé, une personne malade est capable d’investir beaucoup d’argent pour les soins, en profitent pour détourner les malades vers les cliniques privées où ils officient en permanence. C’est ainsi que dans les villes comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, les soins et les consultations sont assurées dans les cliniques privées par un personnel essentiellement issu du public.

Ces consultations qui coutent au minimum 5 000F Cfa ne sont pas accessibles à tous les Burkinabè. Ce sont les plus pauvres qui supportent les conséquences de la désertion des structures publiques par les agents. L’absentéisme des agents publics est aussi ressenti dans certains domaines d’activités comme le génie civil, chez les géomètres et les comptables publics. A ce niveau, on retrouve deux catégories d’agents publics déserteurs des services. Il y a ceux qui se promènent de service en service pour offrir leurs services au moment même où ils devraient être à leur poste à la Fonction publique et il y a ces déserteurs qui créent leur propre entreprise ou cabinet et y passent le clair de leur temps. Dans la ville de Ouagadougou, plusieurs cabinets de consultation en génie civil, d’expertise comptable sont la propriété d’agents publics. On y recrute un minimum de personnel payé de manière dérisoire.

Si ces derniers occupent des postes de responsabilité au niveau de la Fonction publique ou sont de connivence avec des responsables de la Fonction publique, les marchés publics sont détournés à leur profit au détriment des vrais privés. L’absentéisme des agents publics concerne aussi le monde des médias. Des agents de la radio et de la télé nationale passent leur temps dans les agences privés et sur les plateaux de production cinématographique. D’autres créent simplement des agences de communication, raflent marchés et concurrencent fortement le média dans lequel ils travaillent. Pendant ce temps, le travail est assuré au niveau du média par les nouveaux venus ou des agents loyaux et chaque fin du mois, ces déserteurs sans gêne aucune perçoivent leur salaire et bénéficient des avancements comme ceux qui travaillent normalement. Depuis que le vent de la bonne gouvernance a soufflé sur le territoire burkinabè, les inspecteurs des services techniques ont vu leur autonomie et leur champ d’actions agrandis.

La fonction d’inspecteur a été considérablement revalorisée et cela a été accompagné par une allocation d’indemnités spécifiques. L’inspecteur n’est plus le cadre indésirable que l’on cherche à caser coûte que coûte. Cette nouvelle donne est favorable aux contrôles et aux inspections dans les services publics. Dans son rapport 2009, l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat a effectué deux opérations de contrôles à Ougadougou et Bobo-Dioulasso en tandem avec les inspections des services des ministères. L’opération a concerné 15 services de Bobo-Dioulasso et 12 de Ouagadougou. Le bilan fait ressortir un taux d’absentéisme très élevé. Le contrôle a aussi révélé que les horaires de services ne sont pas respectés.

Certains agents présentent des documents de complaisance délivrés par des agents de santé pour justifier leur absence. L’ASCE a formulé des recommandations à l’endroit des départements ministériels dont l’application des sanctions disciplinaires. L’ASCE a mis le doigt sur la plaie. Le respect des horaires de travail, la présence effective des agents à leur lieu de travail et la lute contre la désertion des services publics doivent passer par les inspecteurs des services. L’état n’est pas la vache à lait d’individus. La problématique de l’absentéisme doit être posée dans chaque ministère et une solution globale trouvée comme c’est le cas dans la lutte contre la corruption. D’ailleurs, la Banque mondiale qualifie l’absentéisme de corruption « discrète » ou « silencieuse ». Elle ne donne pas forcément lieu à des échanges monétaires mais elle affecte les pauvres populations.

PB

Indépendant

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