Actualités :: Au coin du palais de Bobo-Dioulasso : 10 ans avec sursis pour une caissière (...)

Accusée par l’Office nationale de l’eau et de l’assainissement (ONEA) de faux en écriture de banque et de détournement de deniers publics correspondant à 19 368 050 FCFA, Mme Diarra née Sétou Traoré, ex-caissière alors en service à la direction régionale de l’ONEA, a été invitée à se justifier, à la barre de la Chambre criminelle de Bobo-Dioulasso. D’emblée, elle a plaidé coupable, mais dit reconnaître plutôt 14 000 000 F CFA et non 19 368 050 retenus contre elle.

Le fil de son récit est plein d’émotions de regrets, et suscite par moments de la pitié. Il ressort de sa version des faits qu’un jour de 2000, alors qu’elle venait d’être recrutée, elle aurait constaté au moment des comptes, un manquant de 400 000 FCFA dans sa caisse. Son patron ayant été saisi, ils ont ensemble repris les comptes et retrouvé 100 000 F CFA. Les 300 000 F sans trace devaient coûte que coûte être comblés.

Dame Diarra frappe à des portes, en vain. Elle se souvient, selon son récit, de Issiaka Zongo, un commerçant au grand marché de Bobo qu’elle dit avoir connu en tant qu’élève au lycée. Ce dernier, sollicité, s’exécute et lui verse la somme qu’elle rembourse un an après. Le temps passe. Trois ans après, le bienfaiteur refait surface devant le guichet de Mme Diarra. Il sollicite à son tour 14 000 000 F CFA remboursables dans deux semaines pour l’acquisition de marchandises à Dubaï. Elle promet de lui donner un coup de main en puisant dans sa caisse.

A chaque versement, le soir, elle mettait de côté une certaine somme et ensuite, falsifiait le reçu délivré par l’agent de la banque pour solder les comptes. La machine étant bien huilée, même son chef n’a pu découvrir la supercherie. Un jour de janvier 2006, (elle dit ne plus se souvenir exactement de la date), Zongo Issiaka vint à l’agence, perçut les 14 millions comme promis et s’en alla. Ce fut le début d’un cauchemar pour Mme Diarra.

Deux semaines, un mois et des mois passèrent, sans suite. Elle dit n’avoir reçu que deux coups de fil de Dubaï du commerçant et après, plus rien. Entre temps, Mme Diarra dit se rendre compte de sa naïveté et commence à restituer à l’ONEA et à l’insu de ses patrons, la somme. Suite à un état de rapprochement bancaire les comp tables de l’ONEA découvrent des incohérences entre les reçus de Mme Diarra et les sommes versées à la banque.

La gendarmerie est saisie et la dame est arrêtée. En larmes, elle lâche à la barre : « Je n’ai pas falsifié les documents dans l’intention de faire du mal, mais pour rendre service ». Pour mieux voir clair sur la situation, l’ONEA a commandé un audit. Un premier rapport a révélé un manque à gagner de 77 millions de F CFA dans sa caisse. Après correction, ce montant a été ramené à 42 millions de F CFA puis à 19 368 050 F CFA.

Somme qu’elle a contestée tout au long du procès. Dans son réquisitoire, Maître Siaka Niampa représentant la partie civile, réfute les propos du prévenu et pense plutôt à un montage. Il va jusqu’à contester l’existence du sieur Zongo Issiaka, arguant que même l’enquête de la gendarmerie n’a pas pu le prouver. D’autre part, il fait noter que, dans le procès-verbal de la gendarmerie, Mme Diarra a confié que les 400 000 F dont il est question comme manquant de caisse était un don de Issiaka pour résoudre un besoin scolaire.

Quatre témoins à savoir deux auditeurs, une juriste et l’ex-chef d’agence de l’ONEA vont défiler à la barre sans pouvoir situer le tribunal sur le montant précis reproché à l’accusée. Maître Niampa pense que l’acte de Mme Diarra ne se justifie pas et le préjudice causé à l’ONEA est énorme. Il a demandé en réparation, non seulement le paiement des 19 368 050 F CFA, mais 15 millions de F CFA pour le préjudice subi.

L’avocat général reviendra point par point sur les déclarations contradictoires du prévenu consigné dans le procès-verbal de la gendarmerie à celles du jour avant de requérir contre elle 20 ans d’emprisonnement ferme et 10 millions de F CFA d’amende. Il ne sera pas suivi par la Cour qui retiendra 10 ans avec sursis et au paiement de 5 millions de F CFA au titre des amendes. Mme Diarra a été également condamnée à payer à l’ONEA la somme incriminée, soit 19 368 050 F et 5 millions de F de dommages et intérêts.


20 ans fermes pour avoir tué un forestier

Débutées à la mi-juin, les assises criminelles de la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso se sont achevées le vendredi 2 juillet 2010. A la dernière audience, la Cour d’assises a condamné Abdoulaye Zalla à 20 ans de prison ferme pour le meurtre de l’agent des eaux et forêts, Zangnonga Sawadogo. Un drame qui s’est produit en février 2010 à Kassoum, commune rurale de la province du Sourou. 24 février 2010, le jour s’est levé fort longtemps à Kassoum.

En cette matinée, Zangnonga Sawadogo, la trentaine, et agent des eaux et forêts en service dans cette commune rurale, fait un tour d’inspection sur sa moto. Il tombe fortuitement sur Abdoulaye Zalla, cultivateur et célibataire sans enfant. La trentaine dépassée, ce dernier a pris l’habitude d’aller couper du bois de chauffe à des fins commerciales. Au moment de sa rencontre avec le forestier, il était en train de conduire une charrette à traction asine contenant une certaine quantité de bois collecté.

L’agent des eaux et forêts l’interpella alors en lui demandant de présenter un permis de coupe de bois (autorisation acquise après paiement de la somme de 750 F CFA). Abdoulaye Zalla rétorqua en disant qu’il voulait d’abord couper le bois, en attendant d’aller s’acquitter de cette taxe. Le forestier ne l’entendait pas de cette oreille et le somma de conduire la charrette et son contenu au poste pour une éventuelle saisie. Il se retourna ensuite pour se diriger vers sa moto qu’il avait garée à proximité.

Alors qu’il avait tourné dos, Abdoulaye Zalla en profita pour lui donner des coups de machette à la tête et à l’une des épaules. L’agent des eaux et forêts s’écroula et perdit connaissance. Le cultivateur l’entraîna dans la broussaille où il le cacha ainsi que sa moto. Ni vu ni connu ! Après son forfait, Abdoulaye Zalla retourna chez lui sans piper mot à qui que ce soit, laissant ainsi le pauvre forestier agoniser dans les buissons. Constatant par la suite l’absence de Zangnonga Sawadogo, ses collègues vont lancer un avis de recherche à la gendarmerie locale.

Les investigations permettront de découvrir le cadavre en état de putréfaction. Stupeur ! L’expertise médicale, réalisée sur le corps de la victime, atteste que la mort est survenue suite à des coups et blessures et à une hémorragie. La femme du défunt, ses trois enfants, ses proches, ses collègues sont tous sous le choc. « Qui a bien pu commettre un tel crime ? », se demandait-on. Les gendarmes poussent leurs recherches et finissent par mettre la main sur Abdoulaye Zalla qui, après arrestation, va avouer son acte.

« Je ne m’explique pas mon geste. C’est l’œuvre de Satan ! », répète-t-il maintes fois devant la Cour d’assises. En réalité, l’accusé, note-t-on, présente certains troubles (il souffre d’épilepsie), selon un rapport d’expertise psychiatrique dont le contenu a été dévoilé. Présente à l’audience, la sœur du meurtrier, Djénéba Zalla a confirmé qu’il n’était pas mentalement au point. Eu égard à l’état de santé de l’accusé, le procureur général, à défaut de requérir la prison à vie comme c’est le cas en matière de meurtre, a proposé une peine de 20 ans d’emprisonnement à son encontre.

Cette réquisition a été respectée par la Cour d’assises dans son verdict. En plus de la condamnation pénale, Abdoulaye Zalla se voit dans l’obligation de payer un franc symbolique à l’Etat, employeur du défunt forestier et la somme de 30 millions F CFA à titre de dommages et intérêts aux ayant droits de la victime. Cependant le représentant de la famille du disparu, Flavien Sebogo, avait auparavant réclamé des dommages et intérêts de 100 millions F CFA. L’accusé disposait en principe de 5 jours pour se pourvoir en cassation.


10 ans avec sursis pour avoir tué son oncle

En avril 2002, Ouédawé Kani tuait son oncle Nazounké Kani, au cours d’une altercation, avec un pistolet de fabrication artisanale, avant de prendre la fuite à Kpê dans la province du Tuy. Mais il a été arrêté par la suite et condamné, le mercredi 30 juin 2010, lors des assises criminelles du Tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso, à 10 ans de prison avec sursis, parce qu’ayant bénéficié de circonstances atténuantes.

Selon les témoignages de l’accusé, tout serait parti dans la nuit du 26 avril 2002 quand son oncle devait recevoir des étrangers qui venaient pour des sacrifices prévus pour le lendemain. A leur arrivée, a-t-il dit, l’oncle était absent. Ouédawé Kani les a donc accueillis chez lui en attendant le retour de ce dernier. Une fois rentré, Nazounké Kani aurait reproché à Ouédawé Kani d’avoir accueilli chez lui les étrangers.

Il s’en est suivi une discussion entre les deux. Après quoi, raconte Ouédrawé Kani, « il est parti chez lui et est revenu me dire que tout va finir aujourd’hui. Comme je ne savais pas ce qu’il portait sur lui comme arme, je suis entré prendre mon pistolet pour m’apprêter ». Il y a eu une altercation au cours de laquelle, le pistolet se serait déclenché, touchant l’oncle au thorax. Pris de panique, Ouedawé Kani s’est enfui, portant sur lui un fusil de chasse. Son oncle est décédé par la suite. Arrêté depuis mai 2002, il est remis en liberté provisoire en mai 2003.

Pour le parquet, l’existence d’un acte ayant causé la mort est établie et l’accusé a reconnu les faits. L’intention coupable ne serait donc pas établie parce qu’il avoue que l’arme s’est déclenchée involontairement et que la victime l’a rejoint à domicile. Dans la même lancée, la défense qui pense qu’il y a une hésitation sur la volonté manifeste d’un acte volontaire, a plaidé pour un homicide involontaire et a requis une peine correctionnelle assortie de sursis. De plus la partie civile dit lui avoir pardonné le crime parce que s’agissant d’une affaire de famille.

Pour le tribunal sa culpabilité est établie, mais l’accusé bénéficierait de circonstances atténuantes. Il l’a condamné à 10 ans d’emprisonnement avec sursis et la confiscation du pistolet et du fusil de chasse. Ouédawé Kani dispose de 5 jours pour faire appel devant la Cour de cassation à Ouagadougou en dernier ressort. Pour ce jugement, signalons-le, il a fallu l’intervention de quatre interprètes pour traduire les questions du tribunal, du parquet et de la défense et aussi les réponses de l’accusé et des témoins.

Rassemblé par Jean-Marie TOE, Kader Patrick KARANTAO et Frédéric OUEDRAOGO

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