Sotigui Kouyaté, griot-conteur, comédien, acteur, chanteur, dramaturge burkinabè, a été emporté le samedi 17 avril 2010 dans l’après-midi à Paris par une maladie pulmonaire. Grande figure du cinéma et du théâtre, il a beaucoup contribué, par ses interprétations exceptionnelles, à rehausser l’image de l’art africain sur la scène internationale.
Né 19 juillet 1936 à Bamako au Mali, Sotigui Kouyaté était d’origine guinéenne avant d’être adopté par le Burkina Faso. Footballeur professionnel, il évoluera dans l’équipe nationale de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso).
Il sera même le capitaine de cette formation, avant de se reconvertir à l’art notamment au cinéma et au théâtre dans le milieu des années 60. Il assurera le poste de directeur artistique de la Compagnie théâtrale de la Haute-Volta, des Ballets du Burkina Faso. En 1966, il crée sa propre compagnie de théâtre. Il marquera durant plus d’un quart de siècle la culture africaine, voire mondiale.
Au cinéma, il a joué dans de nombreux films : ‘’IP5 - L’île aux pachydermes’’ de Jean-Jacques Beineix, avec Yves Montand (1991), ‘’Golem, l’esprit de l’exil d’Amos Gitai” (1992), ‘’Tombés du ciel’’ de Philippe Lioret (1994), ‘’Le Maître des éléphants’’ de Patrick Grandperret (1995), ‘’La Genèse’’ de Cheick Oumar Sissoko (1995) avec le célèbre musicien Salif Keïta et des comédiens chevronés tels que feu Balla Moussa Keïta, Habib Dembélé, ‘’Little Sénégal’’ de Rachid Bouchareb (2002), ‘’Black Mic Mac’’ (1986) de Thomas Gilou. Sotigui Kouyaté a été aussi admirable dans des œuvres comme ‘’Keïta, l’héritage du griot’’ (1995) et ‘’Sia, le rêve du python’’, tous des longs métrages de son fils Dani Kouyaté (2001). Ce dernier film a obtenu 6 distinctions au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).
On retiendra également qu’il a interprété le rôle de personnage principal du film « Le courage des autres » de Christian Richard. Cette œuvre, premier long métrage produit par Cinafric de feu Martial Ouédraogo, fut projeté lors de la séance inaugurale du Fespaco 83.
Au théâtre, il a joué dans de nombreuses pièces montées par le dramaturge britannique Peter Brook comme Mahabharata, le célèbre récit épique hindou, La Tempête, L’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, Antigone ou Hamlet. Père du réalisateur Dani Kouyaté et du conteur Hassane Kassi Kouyaté, Sotigui a été élevé, lors de la 21e édition du Fespaco en 2009, au rang d’Officier de l’Ordre du mérite des Arts, des Lettres et de la Communication avec agrafe « Cinéma ». Autre distinction majeure, voire mondiale, c’est son prix d’interprétation reçu en février dernier lors de la 59e Berlinale en Allemagne. En effet, il y a obtenu l’Ours d’argent du meilleur acteur lors du festival du film de Berlin, pour son rôle dans London River de Rachid Bouchareb. Grande fierté, burkinabè, voire africaine, Sotigui Kouyaté a été un véritable ambassadeur de notre pays. Salut, l’artiste ! Repose en paix.
La Rédaction
L’Observateur Paalga
