Actualités :: MARCHE -MEETING CONTRE LA TDC : Le langage se radicalise

A l’appel de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère (CCVC), de nombreux manifestants ont pris d’assaut la Bourse du travail et les artères de la ville de Ouagadougou le mercredi 31 mars 2010 pour une marche suivie d’un meeting contre l’instauration de la Taxe de développement communal (TDC).

Depuis 7 heures, plusieurs manifestants avaient déjà pris d’assaut la Bourse du travail pour ne rien rater de la manifestation du jour. Par groupe ou individuellement, les manifestants des provinces ont massivement répondu à l’appel de la CCVC que préside Tolé Sagnon, secrétaire général de la CGT-B.

Dans la cour et aux alentours de la Bourse du travail, ils attendaient le début de la manifestation, devisant sur plusieurs sujets de l’heure dont la nébuleuse TDC. Ils étaient nombreux ceux qui étaient convaincus que cette marche se déroulerait sans incident, mais que ce ne serait pas évident dans les jours à venir au cas où les populations seraient traquées par la police. Sur les pancartes que brandissaient certains manifestants, on pouvait lire "Non à la tentation de déstabilisation du citoyen" ou " le peuple a faim , il va à sa fin, qui votera pour qui demain" ou " Merde à la TDC" sur une mobylette. A 9 heures, Tolé Sagnon et ses compagnons de lutte étaient en position pour le top de départ de la marche, sous la conduite du comité de sécurité coordonné par le SG adjoint de la CGT-B, Bassolma Bazié, téléphone collé à l’oreille au four et au moulin pour s’assurer que tout se passe bien. Dans leur procession, les manifestants scandaient des slogans et autres chansons hostiles au pouvoir en place et à quelques personnalités. On pouvait les entendre chanter en français et en mooré leur refus de payer la TDC et par ricochet, leur refus de voter . " Pa nan yaou yé" on ne paye pas ou "pa nan vote yé", scandaient-ils.

Certains parmi eux, se chargeaient de la distribution de papillons dans lesquels étaient expliquées les raisons du rejet de la TDC aux populations massées aux abords des voies et regardant passer les marcheurs. Et d’autres de faire remarquer qu’il y a des citoyens convaincus, comme eux et des citoyens vaincus, comme ceux qui payaient leur taxe. A la vue des éléments de la CRS massés au rond-point des Nations unies, les manifestants ont poussé des cris de guerre faisant penser à un probable accrochage. 10h 35 retour des marcheurs à la Bourse du travail. Ils sont accueillis de manière triomphale par les autres qui les y attendaient aussi nombreux qu’eux. La Bourse du travail a refusé du monde et chacun voulait s’offrir la meilleure des places pour écouter le message que devait livrer Tolé Sagnon, président de la CCVC. Avant ce message, les manifestants ont eu droit à une animation de la chorale de la CGT-B dont le principal animateur a traduit en langue locale mooré, la teneur du message de la CCVC.

A 11h 22, Tolé Sagnon monte à la tribune mais avant de débuter son speech, lance le slogan "TDC" pour ensuite répondre "on ne paie pas". Car, a-t-il précisé, "on a déjà payé et trop payé. Trop c’est trop". Pendant vingt minutes, le président de la CCVC s’est adressé à ses compagnons sous les ovations des militants de la coalition. Le meeting prend fin à 11h 42 mais avant de se disperser, les uns et les autres se sont donné rendez-vous aujourd’hui à la même place parce que la grève continue. "Demain, on va se voir, on vérifiera l’effectivité de leur mesure", se disaient les manifestants, apparemment satisfaits de la mobilisation dont ils ont fait montre pour dire non à la TDC.

La Coalition répond au Premier ministre

Le message livré par le président de la Coalition nationale de lutte contre la vie chère (CCVC), Tolé Sagnon, le mercredi matin à l’occasion de la grève générale contre la Taxe de développement communal (TDC) n’était ni plus ni moins qu’un droit de réponse aux arguments du Premier ministre, Tertius Zongo, pour justifier l’instauration de ladite taxe au Burkina. Selon le gouvernement, de même que certains maires de commune, le taux de fiscalisation est faible au Burkina. Aussi invitent-ils les citoyens à s’impliquer dans le développement de leurs communes. Quoique soucieux du développement de leurs communes, les manifestants du mercredi dernier ont leur point de vue sur la question. Ils estiment que les citoyens burkinabè, les plus pauvres surtout, payent déjà trop d’impôts. Selon la CCVC, l’argument selon lequel il faut de l’argent et que quelqu’un doit payer, traduit un passage en force que tente le gouvernement. "Un passage en force qui traduit tout le mépris que les autorités ont à l’égard des citoyens et de leurs préoccupations", s’indigne-t-elle.

Le Premier ministre, lors de son discours sur l’état de la nation devant l’Assemblée nationale le 25 mars 2010, a réfuté le lien entre la TDC et la TPP (Taxe sur les produits pétroliers). Pour la CCVC, le gouvernement manque d’arguments au point même de se contredire. En rappel, dans une précédente correspondance aux organisations syndicales, le 28 décembre 2009, le même gouvernement écrivait ceci : "La taxe sur les véhicules à moteur et les vélocipèdes (communément appelée plaques et vignettes) a été supprimée au lendemain de la dévaluation du franc CFA en 1994, dans le souci d’alléger le fardeau financier des ménages. Pour compenser cette perte de recettes, le gouvernement a institué la taxe sur les produits pétroliers. Les recettes collectées au titre de la TPP sont réparties à raison de 90% pour le budget de l’Etat et de 10% au profit des collectivités territoriales". Voilà pourtant, selon la CCVC, une preuve écrite qui montre clairement que la TDC n’est qu’un doublon de la TPP, quoique la clé de répartition des recettes de la TPP ne soit pas équitable.

C’est pourquoi les protestataires soutiennent que ce ne sont "certainement pas ceux qui survivent, ceux qui vivent des petits et moyens revenus et qui payent déjà beaucoup pour leurs communes" qui doivent payer cet impôt ; plutôt, "les fortunés, les riches et les nouveaux riches qui se comportent comme s’ils cueillaient l’argent des arbres, ceux qui polluent nos cités, ceux qui spolient les paysans pauvres de leurs terres, ceux dont on a cassé les impôts et qui organisent des fraudes fiscales et / ou douanières". Et ils se disent toujours déterminés à arrêter cette "taxe injuste" qu’est la TDC.

Par Nouffou ZONGA (Collaborateur) Lassina Fabrice SANOUo

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