- Gertrude Mungaï
La sexologie, selon la définition qu’en donne le Larousse, c’est l’étude de la sexualité et de ses troubles. Si dans les pays occidentaux, et particulièrement dans ceux de la partie nord de l’Europe, exposée comme on sait au grand vent des changements, la notion de sexologie est devenue banale, ce n’est pas encore le cas en Afrique, et particulièrement au Kenya.
Malgré le temps et l’influence des phénomènes d’interdépendance, les mentalités restent très résistantes à un tel métier. Pourtant, l’impensable s’est réalisé à Nairobi où Gertrude Mungai vient d’ouvrir le premier cabinet de sexologie, dit-elle, dans son pays et peut-être même en Afrique.
Est-elle encore vivante et opérationnelle à ce jour ? Apparemment, non seulement elle l’est mais son cabinet ne désemplirait pas.
Mais comment cette idée périlleuse, dans une société aussi machiste, a pu lui venir ?
De façon fortuite, comme c’est parfois le cas, de grandes intuitions. Au cours d’un « bridal shower » (fête entre filles pour annoncer leur mariage), elle assiste à un échange entre femmes qui la laisse ébahie. Ces femmes ne sont pas contentes, satisfaites des rapports sexuels avec leurs maris. Elles n’y trouvent pas le plaisir et souvent, envisagent l’acte avec appréhension. La tournure prise par ces confidences envahit de peur et de doute la future mariée qui était même sur le point de repenser la tenue de la cérémonie programmée. Et puis Eureka !
Gertrude Mungai s’est dit qu’elle pourrait créer une espèce de cabinet pour faire tomber les clichés, aider les femmes à mieux se découvrir et à mieux s’approprier l’acte sexuel pour y trouver plus de complétude. Et puis, c’est parti.
Epouse âgée de 35 ans, mère de 2 enfants, elle va s’illustrer en pionnière dans cette activité.
Comment cela fonctionne-t-il ? Eh bien, dans des séances individuelles ou collectives, elle enseigne comment utiliser les boules chinoises, comment bouger les hanches pour améliorer la pénétration, comment valoriser les positions de Kamasutra… Avec comme moyen de travail principal, un matelas !
Evidemment, cela ne se passe pas toujours sans problème dans ce pays où l’amour se fait souvent encore à l’ancienne, avec rigueur, dans la nuit, sans bruit et en évitant de se dénuder.
On accusera Gertrude Mungai de vouloir pervertir les femmes, de violer les coutumes mais elle n’en a cure. Impossible à arrêter, elle vient même de créer un « Gym vaginal », le seul existant sur tout le continent où, tenez-vous bien, on y enseigne comment développer les muscles intimes pour augmenter le confort de la relation.
Mais si après tout, les Kenyans, si prompts à recourir à la violence pour manifester leur désapprobation, parlent beaucoup plus ici qu’ils n’agissent, c’est peut-être qu’au fond, ils se rendent compte qu’après les séances de « gym vaginal » et autres enseignements dispensés par Gertrude Mungai, ils y trouvent aussi leur compte.
San Finna
