Actualités :: ENFANTS DANS LES MINES ET CARRIERES : Arrêter le phénomène à tout (...)

Le ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale (MASSN), l’UNICEF et des ONG (Plan Burkina, Terre des hommes Lausanne), ont initié un projet de lutte contre le travail des enfants dans les mines et carrières artisanales du Burkina. C’est à travers un plan stratégique qui concerne une population globale de 5 millions de personnes dont 2,8 millions d’enfants. "Enfants dans les mines et carrières artisanales : comprendre et agir" est ce projet qui interviendra en priorité dans le Sahel, le Centre-Nord, le Plateau central, le Sud-Ouest et le Centre. Il a été officiellement lancé le 8 février dernier sur le site aurifère de Karentenga dans la province du Bam.

Les mines et les carrières artisanales demeurent un pôle d’attraction pour de nombreuses populations dont des mineurs. Ceux qui y vont sont à la recherche de conditions meilleures au risque de leur vie. En effet, une étude réalisée en 2006 par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) et le Bureau international du travail (BIT), fait ressortir que plus de 27 000 enfants travaillent dans le secteur de l’industrie extractive. 41,1% de ces enfants de 5 à 17 ans mènent des activités économiques, contre 51,07% en 1990 et 73,8% d’entre eux ne sont pas scolarisés.

Travaillant plus de 10 heures par jour, 85% de ces enfants n’ont jamais été à l’école et 15% sont déscolarisés. Ils ont sur ces sites comme activités dans les chaînes d’exploitation, le creusage, le concassage, le transport, la cuisine, l’approvisionnement en eau, le lavage de minerai, le vannage, etc. Subissant sur ces sites l’exploitation physique et économique, ces mineurs n’ont pas de protection, notamment de prise en charge médicale. Les conséquences quant à elles sont nombreuses. On peut citer, entre autres, les problèmes de santé, les risques liés au VIH-Sida, la toxicomanie, la délinquance juvénile, la prostitution, les grossesses non désirées et les déviances de toutes sortes.

Fort de ce constat et conscient des risques liés à ce phénomène, il était impérieux pour le gouvernement d’adapter de nouvelles mesures protectrices et intégratrices en faveur de ces enfants. C’est ainsi qu’en partenariat avec l’UNICEF et d’autres ONG et associations, le gouvernement burkinabè a initié ce projet dont l’objectif est de lutter contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage estimés à 200 sur l’ensemble du territoire national. Il s’agit spécifiquement et pour ce qui est de sa phase pilote, de retirer 5 000 enfants de 23 mines et carrières artisanales dans les régions du Sahel, du Centre-Nord, du Plateau central, du Sud-Ouest et du Centre.

C’est le site aurifère de Karentenga dans le département de Guibaré (Bam) qui a abrité la cérémonie de lancement de ce projet. Le choix de ce site est stratégique car c’est l’un des plus anciens sites qui drainent dans les périodes d’affluence plus de 30 000 orpailleurs dont plusieurs milliers d’enfants dans la région du Centre-Nord. La cérémonie de lancement a connu la présence des membres du gouvernement dont le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Jérôme Bougouma, de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Marie Odile Bonkoungou et de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Pascaline Tamini, présidente de cette cérémonie. Il y avait également les partenaires techniques nationaux et locaux dont le représentant résident de l’UNICEF, Hervé Peries, ainsi que les responsables administratifs et coutumiers comme les gouverneurs des régions concernées.

Cette mission conjointe du gouvernement et de ses partenaires à Karentenga, a eu comme point focal, la sensibilisation de tous les acteurs en présence sur le terrain à s’approprier le projet et à travailler en synergie pour de meilleurs résultats au profit des enfants. En tous cas, c’est le message que Pascaline Tamini a eu à faire passer, au cours d’un entretien à bâtons rompus avec la population, les délégués des sites et le Parlement des enfants. Une visite effectuée du site qui abriterait 1 000 enfants a durci le ton des membres du gouvernement sur la lutte contre cette pratique. Pascaline Tamini a invité les populations à privilégier la scolarisation des enfants en épargnant ces derniers des travaux pénibles et en investissant pour leur avenir.

La société de valorisation de minerais d’or (SVMO), installée sur ce site, a été citée en exemple, pour avoir construit au profit du village de Karentenga une école de 3 classes pour un coût d’environ 15 millions de F CFA. Les autorités locales ont déploré le fait que le site de Karentenga du point de vue économique ne profite pas au département de Guibaré. Après plus de 20 ans d’exploitation, les retombées sont insignifiantes selon Ousseni Vincent Sawadogo, maire de la commune de Guibaré qui regrette de nombreuses pertes en vies humaines liées à la précarité des conditions de travail. "Nous pouvons saluer le présent projet qui démarre aujourd’hui et placer notre espoir qu’il aidera à sortir les femmes et les enfants du travail des mines qui, soit dit en passant, est un travail d’hommes bien valides", s’est réjoui le maire de Guibaré.

Du reste, plusieurs activités ont déjà été réalisées dans le cadre de ce projet et ont permis le retrait à ce jour de plus de 2 000 enfants des sites dont 75 du site de Karentenga. Ces enfants sont placés en formation professionnelle dans des centres, certains bénéficiant d’appui pour l’embouche bovine, d’autres d’encadrement dans l’éducation non formelle dans les centres Bissongo. Les femmes, quant à elles, ont bénéficié d’opportunités de développement d’activités génératrices de revenus.

Par Armel ILBOUDO (Collaborateur)

Le Pays

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