Actualités :: JEAN MAGLOIRE SOME, CHERCHEUR SOCIO-MATHEMATICIEN : "L’animisme n’est (...)
Jean Magloire Somé

"Le codex grammatical égyptien", c’est l’oeuvre que ce chercheur burkinabè a mis 25 ans de sa vie pour édifier. A travers cette oeuvre, il invite les intellectuels africains à revenir s’abreuver aux sources de la science de l’Egypte antique. Mais une oeuvre qui a besoin d’être éditée et développée. Il invite pour cela toutes les bonnes volontés, publiques comme privées, à l’aider à le réaliser. C’est la quintessence de cette interview.

"Le Pays" : Peut-on savoir qui est Jean Magloire Somé ?

Jean Magloire Somé : J’ai été professeur d’anglais en Angleterre. J’étais devenu complètement blanc dans ma tête et je m’attendais à être reçu avec tous les honneurs dans la société occidentale. Mais cela n’a pas été le cas. Ne pouvant devenir un caïman, autant revenir à mes sources. Je suis passé par Cheikh Anta Diop. Il a réussi à faire admettre par l’UNESCO que l’Egypte pharaonique était une civilisation africaine. C’est bien beau. Mais qu’en avons-nous, Africains, tiré comme profit ? La pensée égyptienne, tout le monde y a puisé. Mais nous, Africains, sommes en reste. Aucune curiosité africaine ne s’y intéresse. On a un trésor intellectuel qui est là, mais personne n’y touche et on court chercher en Occident ce que nous avons déjà ici. Anta Diop a ouvert la porte. Moi je viens enfoncer cette porte déjà ouverte.

Peut-on avoir une idée succincte de votre oeuvre ?

L’oeuvre est vaste. Elle est multidisciplinaire. Les mages égyptiens ont mis 5 000 ans pour reconstituer la pensée animiste. Les Romains, les Grecs, tous ont puisé dans cette science. Elle est donc gigantesque et on ne peut la résumer.

Votre oeuvre repose sur l’animisme. Est-ce une religion ?

On a tendance à prendre l’animisme pour du fétichisme, du maraboutage, de la sorcellerie. Or le mot vient du latin "anima", la science de ce qui est animé. Or ce qui est animé, c’est la vie. Tout ce qui vit est animé. L’animisme n’est pas une religion. C’est une science qui étudie le rapport de l’être à Dieu et le religieux n’est que le millième de ce rapport. La civilisation humaine part de l’animisme et je tiens à le souligner. J’en ai les preuves, réunies grâce à 25 ans de fouilles et de lecture.

Vous pensez que les problèmes des hommes viennent de leur ignorance ?

Absolument. La pensée animiste est un langage symbolique. L’alphabet alpha, bêta, gamma, oméga, etc., est un alphabet symbolique et donne tous les éléments essentiels de l’humanité. Avec cet alphabet, vous pouvez écrire toutes les équations de toutes les disciplines du monde. Il faut réapprendre à recomprendre ce langage symbolique et toutes les mathématiques deviennent alors un jeu d’enfant.

Vous avez un message à lancer à l’endroit de l’intelligentsia africaine ?

Il faut que les Africains sachent que le développement ne s’achète pas. Aujourd’hui en Afrique, on pense qu’il faut avoir des milliards de francs pour que le développement arrive. Cela fait plus de 40 ans d’indépendance que nous jouons au jeu des marchés internationaux, mais à quoi sommes-nous arrivés ? Le produit d’un créateur peut s’acheter, mais le génie de ce créateur ne peut l’être. Si vous vous maintenez à l’état de consommateurs vous resterez toujours à la traîne des autres. Il est temps que les Africains se réveillent. Il faut relancer la capacité de l’Africain à réfléchir par lui-même, investir son intelligence. Le Japon, l’Inde, la Chine ne se sont pas développés à se bornant à consommer des produits. Nos ancêtres ont créé des pyramides que les Blancs ne peuvent imiter. Et nous, héritiers de cette science phénoménale, nous sommes incapables de nous intéresser à ces oeuvres-là. Pendant que nous restons là à dormir, à compter de l’argent, à compter des villas, à compter des voitures, les 0ccidentaux, eux, quittent chez eux pour venir, à notre nez, puiser dans cette science, améliorer ce qu’ils ont déjà créé pour venir nous les revendre. Tout cela parce qu’on refuse d’aller à la science. Les pyramides, ce n’est pas le passé mais l’avenir.

Quelles sont vos attentes par rapport à votre oeuvre ?

Cette oeuvre peut permettre à toute l’Afrique de rebondir scientifiquement. Que cela soit pour l’étude des langues africaines, la construction des machines, tout est contenu dans cette oeuvre. Il n’y a qu’à tirer conséquence pour continuer à travers la mise en place d’une équipe de chercheurs. Je mets donc cette oeuvre à la disposition des intellectuels, des politiques et même des simples civils, qui veulent apporter une pierre à cette renaissance africaine afin que l’Afrique sorte de son marasme.

Propos recueillis par Abdou ZOURE

Le Pays

Burkina / Éducation : Le complexe scolaire « Les Élus » (...)
Projet « Weoog-Paani » : Un bilan satisfaisant ..., une (...)
Soutenance de master : David Ouango analyse les (...)
Burkina/Hygiène et assainissement : L’ONG Suplamar offre (...)
Certification de l’aéroport de Bobo-Dioulasso : Les (...)
Burkina/Foncier rural : La promotion « Burkindi (...)
Burkina/Droits des défenseurs des droits humains : La (...)
Burkina/Projet d’insertion socioéconomique des enfants et (...)
Mécanismes de suivi des politiques publiques : Des (...)
Initiative « Résilience par l’artisanat » : Vingt jeunes (...)
Ouagadougou : Une importante quantité de viande (...)
Affaire Lionel Kaboui : Le dossier en appel renvoyé au (...)
Burkina/Sciences : « Les enjeux de la recherche sont (...)
Burkina/Littérature : Dr Adama Sow présente « Une vie très (...)
Dédougou : L’éducation, la santé et l’économie dans le (...)
Burkina : Plus de 393 000 personnes touchées par le (...)
Burkina/Lutte contre le terrorisme : Un couvre-feu (...)
Hommage Pierre Claver Damiba : Un homme d’Etat passionné (...)
Burkina/Projet Procoton de la GIZ : Plus de 22 800 (...)
Burkina/Éducation : Un atelier pour l’accessibilité des (...)
Burkina/Sécurité privée : Pyramide Services livre sa (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36624


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés