Jusqu’où ira-t-on dans ce Burkina Faso où le pouvoir coutumier côtoie le pouvoir moderne au point de lui faire souvent de l’ombre ? Il suffit d’une petite crise politique ou sociale pour que le recours aux chefs traditionnels prenne le pas sur les lois de la république. L’association des commerçants qui étaient autrefois anarchiquement installés à Rood-Woko vient de donner la preuve de ce dysfonctionnement qui frise la confusion et le mélange de genres.
Au lieu de se réjouir de voir le grand marché renaître de ses cendres après l’incendie qui l’a partiellement ravagé en mai 2003, ils veulent y rétablir le désordre et l’insécurité en allant saisir, le 25 juillet dernier, l’empereur des Mosse, le Mogho Naaba Baogho pour qu’il intercède pour eux afin qu’ils retrouvent leurs places. Comme si l’installation anarchique était un « droit » que ce chef coutumier, aussi influent soit-il, devrait défendre auprès des autorités en charge de la gestion du marché. On est où là ?!
Le recours au Mogho Naaba serait-il devenu un passe-droit, une prime à l’impunité ?Pourquoi cet usage abusif de son influence pour défendre des causes qui sont objectivement perdues ? Les autorités communales et gouvernementales seraient-elles influençables par l’empereur des Mosse au point que tout groupe d’intérêt peut saisir pour faire pencher la balance des lois de la république en sa faveur ?
A moins que l’association des commerçants citée plus haut ne soit dans l’ignorance totale du fonctionnement de l’Etat, son attitude dénote d’une confusion qui mérite d’être clarifiée avant qu’il ne soit trop tard. Les autorités républicaines gagneraient aussi à faire des mises au point pédagogiques sur ces situations qui donnent l’impression que le recours à la protection d’un chef coutumier peut donner droit à toutes les permissivités.
Bark Biiga
Fasozine
