Actualités :: Libération de NANA THIBAULT par grace présidentielle : Ses premières (...)
Nana Thibault

« Je remercie Blaise Compaoré. Si je parle, les gens vont peut-être penser que c’est parce qu’il m’a libéré que je vais me ranger à ses côtés. Je ne me rangerai pas à ses côtés » Qui l’eût cru ? Nana Thibault, le leader des jeunes Patriotes, celui-là même qui serait selon les autorités à l’origine de l’extension du mouvement des ‘’crève- la-faim » à Ouagadougou vient d’être libéré le 16 janvier 2009 après avoir obtenu une grâce présidentielle. On se rappelle que l’année 2008, au Burkina Faso comme dans bien d’autres pays africains, avait connu entre autres mouvements, celui des évènements contre la vie chère.

Plusieurs partis politiques, dont l’UNDD (qui avait tenu son 10 ème Forum de communication alternative à

Koudougou, le 16 février à Koudougou sur « Vie chère et interpellation du premier Ministre ») avaient dénoncé le renchérissement du coût de la vie et exigé un dialogue pour résoudre ce point particulier et la question générale de la bonne gouvernance. Face au silence du pouvoir, des mouvements spontanés prenant de court les syndicats, s’engagèrent à travers le pays, commençant d’abord par Bobo-Dioulasso, Banfora, Ouahigouya,
Gaoua… Alors qu’on se demandait si ces mouvements atteindraient la capitale, la réponse ne tarda pas à venir. Nana Thibault, président du Rassemblement des Démocrates Patriotes (RDP), fortement engagé dans les dénonciations, se reconnaîtra dans l’effervescence populaire jusqu’à préconiser une ville morte à Ouagadougou. Les protestations dans la capitale débouchèrent sur des émeutes et des arrestations le 28 février 2008. Alors que Nana Thibault se défendait, contrairement à ceux qui ouvertement ou dans l’ombre avaient commandé les casses, de n’avoir appelé qu’à une ville morte, il sera jugé et condamné comme étant l’animateur principal des troubles. A noter que parmi les émeutiers arrêtés, figuraient des militants de partis politiques comme le RDP, l’UNDD… mais également de jeunes sans appartenance politique. On se souviendra que si Salif Diallo, qu’on accusait en sourdine d’avoir été le grand manitou de ce cri de rage -et de l’avoir préparé en sous-main par des contacts et motivations sur le terrain- ne sera pas officiellement impliqué, mais remercié du gouvernement sans qu’on invoque encore une fois ces émeutes comme fait justificatif. Parmi les 169 présumés casseurs qui ont été jugés à Ouagadougou, 44 ont été condamnés à 12 mois de prison ferme. Pour sa part, Nana Thibault écopait de 36 mois de prison ferme. 1 a été libéré en fin d’année : ILBOUDO Sékou responsable du bureau sectoriel UNDD du secteur 17. A ce qu’on dit, 2 sont morts, et les autres sont encore à la MACO.

Tout au long de leur incarcération, des leaders et mouvements politiques se sont inquiétés de leur sort, demandant des mesures de grâce pour Nana Thibault et ses codétenus, leur rendant visite, leur apportant une assistance. Sur cette question, Nana Thibault a eu à réagir à partir de la MACO dans L’Observateur Paalga du 19 août 2008.

Ayant donc appris sa libération, San Finna qui, à plusieurs reprises, avait plaidé pour des mesures de clémence, a cherché à vérifier l’information et à recueillir une réaction à chaud de l’intéressé. Nous avons couru au Palais du Mogho Naaba où l’on disait qu’il s’y trouvait, puis chez le chef de Samandin (quartier où il réside) où ses traces avaient été annoncées, et enfin à son domicile. C’est là que nous avons trouvé un Nana Thibault rayonnant, en pantalon Skye noir, ‘’Body’’ (entendez polo près le corps) sans ses moustaches, accompagné par des dizaines de jeunes. Dans une ambiance digne d’un meeting, il nous donne ses premières impressions.

« Pour commencer, je vais vous remercier, vous de la presse, notamment San Finna, qui a eu l’audace de venir toucher du bout des doigts les moments que je vis depuis ma libération, me poursuivant chez le Mogho, le chef de Samandin et à la fin chez moi. Donc je vous remercie grandement. Etant même en prison, j’ai vu comment San Finna a fait des commentaires autour de mon arrestation ».

Comme nous avions appris qu’il aurait eu des problèmes de santé pendant sa détention, nous l’avons amené à réagir et sur sa santé et sur ses conditions générales de détention :

« Pour ce qui est de ma détention, c’est comme pour tous les détenus. Même quand vous serez à la MACO, ce sera tout autre chose. Il y a deux sortes d’eau, l’eau chaude et l’eau fraîche. Dans un premier temps, on m’a mis dans de l’eau chaude et à la deuxième minute, on m’a mis dans de l’eau fraîche…. Effectivement, je souffrais de maux d’yeux. Mais là aussi, c’était par rapport à ma détention parce que vous savez qu’enfermer sans voir le soleil, ça ne fait qu’amener des maux d’yeux. Et ce fut justement mon cas. Mais Dieu faisant bien les choses, j’ai vite été examiné par un docteur de l’hôpital Yalgado. On m’a soigné et je suis guéri ».

La MACO, c’est bien connu, à cause de son surpeuplement, des conditions de traitement des prisonniers pas toujours exemplaires, agit beaucoup plus que d’autres lieux de détention, sur la santé mais aussi sur le moral et peut amener plus d’un résidant résistant à renier ses convictions, sinon son humanité. L’homme, lui, ne mange pas de ce pain- là : « La prison m’a rendu grand, célèbre. Je suis déterminé à jamais. Je suis sorti de la MACO, en homme courageux, déterminé. Je vais continuer la lutte, mais dans le bon sens. Moi, je n’ai jamais demandé aux gens de sortir brûler. Pour la grève des 28 février, je n’ai jamais demandé aux gens de sortir. J’ai dit aux gens tout simplement d’observer une ville morte afin que le pouvoir en place sache qu’effectivement dans ce pays, il y a quelque chose qui ne va pas. Mais voilà j’ai parlé de la vie chère et maintenant c’est le monde entier. Les Burkinabé doivent avoir le courage de me féliciter parce que, ce que j’ai dit, c’est ce que les gens n’osent pas dire haut. Mais voilà, la vie chère, c’est une réalité. Le premier Ministre a parlé, les petits ministres ont parlé de vie chère. Mais pourquoi envoyer Nana Thibault en prison ? Mais je remets tout ça à Dieu. L’essentiel pour moi est que je ressorte et je continue ma lutte dans le bon sens ».

Nana Thibaut a-t-il un moment été gagné par le grand Doute et en particulier sur celui ayant trait à son temps de détention :

« J’avais confiance, je savais que j’allais sortir avant les trois (3) ans qu’on m’a collés. Parce que je sais que Blaise, c’est un homme de pardon. Il a instauré la Journée Nationale de Pardon. Donc il doit être un homme de pardon. Et ça fait la deuxième fois que le président Blaise Compaoré me fait sortir de la MACO. Donc, je savais que je n’allais pas terminer les trois (3) ans à la MACO. Je remercie Blaise Compaoré. Si je parle, les gens vont peut-être penser que c’est parce qu’il m’a libéré que je vais me ranger à ses côtés. Je ne me rangerai pas à ses côtés. Jamais aux côtés de Blaise Compaoré. Mais je travaillerai de telle sorte que les Burkinabé sachent qu’il y a des jeunes Patriotes au Burkina Faso ».

Lorsqu’avant de prendre congé, nous lui avons posé la question rituelle de savoir s’il avait un dernier mot à nous confier, l’homme de Samandin nous dira :

« Certainement des mots de remerciement à l’endroit de tous ceux qui m’ont aidé. Je rends particulièrement grâce à Dieu le Père, je remercie sa Majesté le Moogho Naaba et je suis reconnaissant à l’endroit du président Blaise Compaoré, président de tous les Burkinabé. Et j’ajoute l’opposant Me Hermann Yaméogo qui m’a soutenu pendant toute ma détention. Que Dieu le bénisse ! »

Issouf Sidibé/Swonty Koné

San Finna

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