Actualités :: Emile Paré, chef du canton de Toma : “Ma couronne n’est pas un bonnet rouge de (...)

Nommé le 7 juin dernier, le nouveau chef de canton de Toma, Emile Paré, a été officiellement installé le 14 décembre 2008. L’homme qui estime que son bonnet a plus de valeur que ceux des Mossi, ses parents à plaisanterie, a reçu à cette occasion les hommages de ses proches, amis et connaissances, venus des quatre coins du Burkina.

Le « yontorô » (bière de mil en langue san) a coulé à flots à Toma, le 14 décembre 2008. Pour cause, c’est ce jour qu’il a été procédé à l’installation solennelle du canton dudit, en la personne d’Emile Paré. Ce n’est pas, faut-il le préciser, le surnommé « Chat Noir du Nayala », médecin et présent sur la scène politique et qui ambitionne d’occuper le fauteuil présidentiel à Kossyam.

Il s’agit plutôt d’Emile Paré, cadre de banque ayant gravi des échelons dans des institutions financières internationales et nationales et aujourd’hui à la retraite. C’est donc celui-là, en rappel, que la famille Paré a, à l’unanimité, nommé le 7 juin pour succéder à son cousin Maurice Paré, décédé le 21 septembre 2007 après 43 de règne.

Des responsables coutumiers en passant par les chefs de quartiers à ceux des 32 villages que compte le territoire, tous ont approuvé, selon le porte-parole de la famille, Joseph Paré (Ndlr : ce n’est pas le ministre), le choix d’Emile Paré pour présider aux destinées du canton.

Ce dimanche 14 décembre, peu après 15, le véhicule qui nous transportait s’immobilise au cœur de Toma. Devant nous, une foule immense en allégresse dans un tintamarre de tam-tams et de flûtes, noyé par moments par des tonnerres saccadés de fusils qui laissaient échapper une épaisse nuée de fumée. Juste à côté, le palais, un immeuble moderne à deux niveaux et au fronton duquel on pouvait lire « sanabolo » (maison en or en san).

L’accès à l’entrée de l’enceinte est filtrée par deux jeunes et celle de la bâtisse par trois autres, de la garde rapprochée du chef, armés de gourdins et de lance, juste à titre dissuasif. Au fond du salon, est assis un homme, d’une silhouette moyenne, et tout de blanc vêtu en bande de cotonnade, la tête ceinte d’un bonnet à moitié rabattu vers la tempe gauche.

C’est Emile Paré, le 5e chef de canton de Toma. Constamment le sourire en coin, et avec à ses côtés son épouse Paré Agathe née Ouédraogo, il recevait les hommages de ses parents et amis venus des quatre coins du Faso, dont Oumadou Jerôme Kiéma et Siméon Béré, ses anciens collègues de la BCEAO.

Le nouveau chef faisait également attention à la fournée de griots qui le couvraient de bénédictions tout en chantant ses louanges et celles de ceux dont il a hérité le trône. Parmi ses devanciers, son grand-père, Issa Gué Paré, 1er chef de canton de Toma qui a régné de 1916 à 1946 et son père Basile Paré qui a pris le flambeau de 1946 à 1954.

Un hommage bien mérité

Aux environs de 16 heures, la foule devenait de plus en plus compacte. Preuve que les populations des 33 villages du canton, y compris Toma, ont effectivement approuvé la nomination d’Emile Paré comme leur chef. Une telle adhésion, à en croire le représentant de la famille, s’explique par les qualités de l’honoré, notamment « son caractère réservé, son investissement dans le social et sa grande générosité ».

Ce témoignage est également partagé par beaucoup d’autres personnes non autochtones, particulièrement des Mossi (les parents à plaisanterie des San (ou Samo), qui y étaient présents avec une troupe de danse warba. De ceux-là, Jean-Paul Kienthèga, la trentaine, natif de la localité, venu s’égayer avec ses hôtes.

« Je donne à ce chef de canton un siècle de règne », s’exclame-t-il extasié avant d’ajouter que « Emile Paré récolte aujourd’hui ce qu’il a semé », car en plus de ses nombreuses assistances à des nécessiteux en période de disette, il est « un grand rassembleur ».

Entre-temps, le chef de canton débouche de sa résidence, escorté de sa garde, sous un tohu-bohu général de l’immense assemblée. Comme pour lui dire merci, il lève la main vers elle avant d’aller s’installer dans un fauteuil, entouré d’autres personnalités. Des dizaines de troupes de danse, de flûtistes et de masques se succèdent devant lui en signe d’hommage.

Le message du nouveau chef à ses administrés

Notons qu’Emile Paré n’est pas le plus âgé. Proposé pour succéder au défunt, il dit s’être, dans un premier temps, désisté en faveur de ses aînés de la famille qui, pour certaines raisons, n’ont pas voulu s’engager. Tous étaient donc unanimes à lui confier la responsabilité du canton avec bien sûr des missions. « Harmonie – Solidarité – Travail », c’est sous ces vertus qu’Emile Paré place son règne.

Il entend réhabiliter ces valeurs traditionnelles de son canton, qui l’a vu grandir, mais qui sont aujourd’hui menacées de disparition. Conscient que seul, cette mission sera difficile à accomplir, le chef sollicite l’adhésion de toutes les couches sociales du canton à son programme. Ce qui leur permettra « d’enrayer les maux qui minent notre société, notre jeunesse, à cultiver la solidarité, l’entraide et l’ardeur au travail ».

Emile Paré, tout en promettant d’être toujours proche des populations en même temps de servir de courroie de transmission entre celles-ci et l’administration, se fixe également « pour principal objectif de servir de trait d’union entre tous les fils de canton, sans distinction de race, d’ethnie, ni de religion ». Il s’engage en outre « à maintenir et à renforcer des relations de bon voisinage avec les autres chefs de canton de la province et de la région » et développer diverses formes de coopération avec ces localités.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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