Actualités :: Culte du gain facile contre culture de l’excellence

La générale de la loterie vit aujourd’hui une concurrence rude avec l’imagination des sociétés de téléphonie mobile, des agences de communication, des établissements financiers, des sociétés d’assurance, des sociétés de vente d’engins à deux roues, des médias audiovisuels et même d’autres sociétés publiques en quête de visibilité.

Certains simulent des jeux avec des activités faisant penser à la culture de l’excellence et d’autres l’associent étroitement à leurs activités comme outil de marketing conditionné. Toutes les couches sont harcelées et toutes les opportunités sont exploitées, allant des fêtes aux célébrations diverses en passant par les rythmes de la vie scolaire (vacances, rentrées, sorties…).

Ces différents jeux s’adressent prioritairement à la classe moyenne et à celle des plus aisés. Pour avoir la chance de participer, il faut être capable d’acheter les produits des sociétés initiatrices. Ces produits, vendus à des milliers de francs CFA, ne sont pas à la portée de la bourse des plus pauvres. Pour les autres, la chance ne vous sourira que lorsque vous aurez déboursé des sommes colossales dans “ la consommation des unités ”. Pour être sur la liste des potentiels gagnants, il faut être solvable, consommer sans modération pour être en pôle position. Que de ruines !

Tout est mis en œuvre pour montrer et convaincre qu’une autre vie est possible. Celle des villas et des voitures de luxe. La chance, la bonne, peut sortir tout Burkinabè, sans distinction, de la vie chère, de la misère et de la pauvreté. Il suffit de jouer. La tentation est grande et les quelques rares chanceux sont l’objet d’une forte médiatisation pour violer les consciences.

Il est vrai que les bénéfices de toutes ces actions sont parfois redistribués à la nation entière, mais il faut reconnaître qu’ils sont minimes et ne peuvent pas jouer un rôle significatif dans l’amorce d’un développement maîtrisé. Elles contribuent à la promotion de la culture du gain facile et met au second plan la culture du travail et de l’excellence.

Les gains destinés aux chanceux sont souvent dérisoires, et contribuent à multiplier les occasions de dépendances vis-à-vis de ces jeux. Même ceux qui gagnent les gros lots retombent rapidement dans la précarité car ils ne sont pas préparés économiquement, moralement, psychologiquement et spirituellement à gérer une fortune. Des dépenses de prestige finissent par avoir raison de ces masses d’argent ramassées. Beaucoup de gens n’ont pas de bons rapports avec l’argent. Ils ne savent ni épargner, ni s’acquitter de certains devoirs de solidarité. L’argent en lui-même reste un moyen, un instrument qui permet d’acquérir d’autres biens utiles à la vie. Il ne joue jamais un rôle négatif. C’est toujours l’homme, l’usager de l’argent, qui joue le rôle négatif en profitant de l’argent pour poser des actes répréhensibles.
Il est évident que seul le travail fait l’homme. Chacun mangera à la sueur de son front. Les fruits du hasard résistent rarement au temps.

La véritable richesse s’acquiert par le travail. Nous sommes, souvent, “ tous ”, esclaves des jeux de hasard, mais il faut reconnaître que le salut se trouve dans la culture de l’excellence et l’obligation de résultats. Les institutions républicaines doivent jouer leur partition dans l’encadrement des populations. Il faut que le Conseil supérieur de la communication (CSC) se saisisse courageusement de cette folle médiatisation des jeux de hasard. A l’image de la suspension de la publicité sur les produits éclaircissants, il faut une régulation stricte de la publicité sur les jeux de hasard. Cela est une action citoyenne. Elle mérite d’être prise et soutenue. Laissons peu de place au hasard si nous aspirons à un bien-être maîtrisé.

Cette culture du gain facile ronge toute la société. Même les concours de la fonction publique sont perçus comme une loterie où seuls les plus chanceux et non les plus méritants réussissent. Il n’y a plus de mérite(…). Une société qui vit sur le hasard perd ses repères et devient dangereuse.

Cette société vit au jour le jour. Son orientation se fait selon le sens du vent. Or, il est admis que celui qui se laisse transporter par le vent, n’aura qu’un destin de feuille morte. Aussi, les frustrations deviennent inévitables et la corruption et d’autres phénomènes deviennent des normes. Notre société, sans être dans ce cercle vicieux, possède tous les ingrédients pour y être. Mais le pire peut être évité. Par la sensibilisation et les actions vigoureuses.

Il est reconnu qu’il y a d’immenses enjeux stratégiques et d’autres crieront à l’atteinte de la liberté d’entreprise et d’initiative. Des puissances économiques verront d’un mauvais œil l’intrusion de tiers, pour réguler les jeux et leur publicité. Sur quatorze millions de Burkinabè, il n’y a pas plus de deux pour cent qui en sortiront gagnants. Les autres peuvent continuer de rêver. La question qui demeure sans réponse est celle-ci : de quelle société voulons-nous ?

Par Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com )

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