Actualités :: Lutte contre l’excision : on avance à reculons au Burkina

"Bam, mutilations génitales féminines, 9 fillettes excisées à Sabcé". Telle est la titraille d’un article paru dans l’édition de Sidwaya du vendredi 8 au dimanche 10 août 2008 dans les "Régionales". Voilà des actes, même s’ils sont isolés, qui viennent convaincre que le phénomène de l’excision persiste fort bien au Burkina Faso, souvent avec la complicité de personnes ou de personnalités insoupçonnées.

C’est aussi un signe qui dit aux militants et/ou partisans de la lutte contre l’excision qu’ils ont encore du pain sur la planche. Il est vrai qu’en une dizaine d’années de lutte contre le fléau au Burkina Faso, les chiffres indiquent que la proportion de femmes mutilées est passées de deux tiers à un peu moins de la moitié, mais l’impression qui se dégage dans les faits quotidiens est que la lutte a du mal à avancer.

C’est malheureux de le dire, mais souvent des gens supposés instruits, des "intellectuels" en quelque sorte, quittent les villes pour les villages avec leurs enfants dans les véhicules pour les exciser. Ils croient dur au rite cultuel et ancestral de l’excision qui consiste en l’ablation du clitoris. Si dans des villes comme Ouagadougou, ces cas existent, que dire des populations résidant en zones rurales. Il y a lieu de croire que la lutte contre l’excision avance à reculons au Burkina. En prenant le cas exceptionnel de l’excision des 9 fillettes de Sabcé dans le Bam, il a fallu que les victimes fussent des voisines d’un policier. Et si ce n’était pas le cas ? Personne n’aurait su qu’une fillette a été excisée quelque part au Burkina !

La raison est que le Burkinabè, en général, est partisan de la complicité dans le mal. Et pour cause ? Aucun habitant du village de Sabcé n’allait oser dénoncer l’acte. Le faire, croirait-il, ce serait faire du mal à son voisin, à son parent, à son ami... Dans un tel contexte de bal masqué, peut-on lutter efficacement contre une pratique qui se fait en brousse ou le plus souvent dans les profondeurs des maisons ?

Savons-nous combien de villages au Burkina Faso n’ont pas de commissariats et d’écoles ? Ainsi, si quelqu’un excise sa fille dans une telle localité, qui le dénoncerait ? Cela pour dire que la lutte contre l’excision a encore du chemin. Accordons-nous avec Alexandra Rossetti de l’UNICEF-Suisse pour dire que "la répression est importante, mais ce n’est pas suffisant. Il faut que la population soit mieux informée, surtout celle qui est directement concernée". Vu que l’ampleur de l’ignorance et des réticences rendent la lutte plus complexe, les associations de lutte contre l’excision devront travailler à enlever de la tête de beaucoup de gens que ce n’est pas une "histoire de Blancs" ou des opportunités d’argent pour l’Etat et les associations.

Au-delà de toute hypocrisie, il faut admettre que l’excision, une pratique douloureuse et dangereuse pour la santé, est une entaille profonde dans le corps et l’âme des petites filles. La lutte contre le phénomène doit donc être renforcée car, selon l’UNICEF, ce sont quelque trois (3) millions de filles qui sont excisées chaque année dans le monde.
L’organisation s’est fixé pour but de mettre fin à cette pratique en l’espace d’une génération. En aura-t-elle les capacités ?

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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